Critiques express (69) La vie privée des zobs

BD érotique bande dessinée

La collection La vie privée des hommes de Hachette a occupé beaucoup de place dans mes lectures de jeunesse au siècle dernier. Autre temps, autres mœurs… Même si beaucoup considèrent encore que j’ai 6 ans d’âge mental, ce en quoi ils n’ont pas tout à fait tort, mais c’est pas le sujet du jour, je suis aujourd’hui adulte et je lis des livres pour les grands. Comme à l’époque – parce qu’il y a des choses qui ne changent pas –, l’Histoire garde toujours une place conséquente dans les bouquins que je m’enfile.

Mémoires d'une entraîneuse, une aventure de Jelly Shawn A corps perdu G. Levis Aedena L'Echos des Savanes Albin Michel

Mémoires d’une entraîneuse, une aventure de Jelly Shawn
À corps perdu

G. Levis

Aedena / L’Échos des Savanes – Albin Michel

Deux titres et deux éditeurs pour un même bouquin, la seule différence étant le choix de la trichromie noir-blanc-jaune pour la version Aedena et du noir et blanc pour la version Écho des Savanes. Aucun des ces deux partis pris graphiques ne m’a convaincu, trop jaune pour l’un, trop brut pour l’autre. Ça aurait sans doute mieux rendu sur une base n&b avec une utilisation du jaune pour souligner certains arrière-plans et dégager une ambiance à l’ancienne façon sépia vieilli.
Née d’un père américain et d’une mère russe, Jelly se retrouve embarquée dans la frénésie révolutionnaire qui voit s’affronter les Rouges et les Blancs sur le sol ukrainien. Elle s’enfuit en Allemagne où, pas de bol, elle tombe en plein coup d’État. Militaires félons, troupes loyales, agitateurs d’extrême-droite et corps francs s’écharpent à qui mieux-mieux et Jelly doit à nouveau mettre les voiles. Puis ce sera Paris, Londres et enfin l’Égypte (avec encore une révolte, cette fois contre l’occupant britannique).
Cet album est tout à fait dans l’esprit des feuilletons du XIXe avec ses voyages, son exotisme, ses péripéties rocambolesques à foison, son héroïne bringuebalée dans le tourbillon des événements. Une vraie fresque romanesque, avec en prime un arrière-plan historique riche, documenté et original, rarement traité en qui concerne les soubresauts agitant l’Allemagne et l’Égypte. Le dessin de Levis, dont j’avais adoré Liz et Beth, est excellent et l’érotisme qu’il met en scène reste à la fois soft dans ce qu’il montre et mesuré dans sa fréquence qui ne vient pas torpiller l’intrigue juste pour caser du cul.
L’Inde fabuleuse, une suite des mémoires de Jelly était annoncée, elle n’a jamais vu le jour et c’est bien dommage. On se contentera donc de ce premier et dernier tome, qui a le mérite de fonctionner comme un one-shot et de proposer un épisode complet avec un début, un milieu et une fin qui ne te plante pas sur un “à suivre” frustrant.

Les perles de l'amour G. Levis Drugstore

Les perles de l’amour
G. Levis

Drugstore

À défaut des aventures indiennes de Jelly Shawn, on se rabattra sur Les perles de l’amour du même auteur, BD qui se déroule en Inde.
Une blonde, une brune, un prince indien, un officier britannique de l’armée des Indes, de l’amour, des trahisons, des rebondissements à foison entre jungle et palais, prison et chasse au tigre, éléphants et poursuites, et des rebelles, et des infirmières, et un aveugle, et un Écossais en kilt, et cetera, et cetera. L’album condense la totalité des ingrédients du récit d’aventures dans la grande tradition qui était celle des feuilletons du XIXe siècle. On pense à Théophile Gautier, Eugène Sue et bien sûr Jules Verne (notamment Michel Strogoff et La maison en vapeur). L’exotisme est quant à lui à rapprocher des films des années 50 ayant l’Inde britannique pour cadre (Le tigre du Bengale, Le tombeau hindou, Aux frontières des Indes, La révolte des Cipayes…).
Le récit est parcouru de bout en bout d’un souffle tant romanesque que romantique pour développer entre la blonde Virginia et l’officier Henry une histoire d’amour compliquée par les péripéties qui leur tombent dessus à raison d’une par page. Ce rythme trépidant finit par donner le tournis, mais on ne peut pas trop reprocher à une histoire d’aventure et d’action de faire la part belle à l’aventure et à l’action.
En plus de signer le scénario, G. Levis assure le dessin avec maestria. Entre deux scènes d’action virevoltante, il glisse de l’érotisme soft et de bon goût, plus suggestif que démonstratif. Un régal d’ironie quand on voit comment les personnages, en-dehors de leurs ébats, tiennent des discours très passionnés, pleins de mots très propres sur eux comme l’honneur, la vertu, la morale. So british, quoi. N’empêche qu’à côté, ça y va !

Les Vénus Hugdebert International Presse Magazine

Les Vénus
Hugdebert

International Presse Magazine

Pas le meilleur d’Hugdebert dans la veine historique… Les Vénus s’inspire de loin des Liaisons dangereuses à travers son héroïne, la marquise de Valmont, combinaison de la marquise de Merteuil et du vicomte de Valmont en piquant à l’une son titre à l’autre son nom.
Côté scénario, on voit des nobles qui forniquent tout du long. Et c’est tout.
Le dessin est quant à lui honnête sans être extraordinaire non plus, desservi par des couleurs très vives, un peu trop même (après, ça vient peut-être de la version numérique que j’ai lue).
Album moyen qui a au moins le mérite de remplir son petit contrat : raconter les aventures sexuelles de la marquise de Valmont. Mission accomplie, sans étincelles mais accomplie tout de même.

Le calvaire de Diane Mancini Ange

Le calvaire de Diane
Mancini

Ange

Début XVIIe siècle, la mère de Diane Shelton meurt dans le château familial en Écosse suite à une orgie qui a mal tourné. Pour échapper à son pervers de père, Diane prend la fuite vers la France avec sa servante Séraphine. Quelques années plus tard, la cavale reprend : il leur faut quitter la Rochelle, assiégée par Richelieu. Les voilà en partance pour le Québec. En cours de route et une fois sur place, elles vont se taper à peu près tout le monde, marins, trappeurs, soldats, Français, Anglais, Hurons, Iroquois… Du cul à foison jusque dans les moments et les situations les plus invraisemblables, avec un ton qui hésite entre récit d’aventures, tension dramatique et comique pouet-pouet.
Ce premier épisode n’aura jamais de suite et le destin de Diane restera en suspens au terme de cet album à la fois très rythmé et foutraque, intéressant par son choix historique du contexte canadien mais qui manque trop de rigueur dans sa construction pour être impérissable.

La reine Margot Mancini Ange

La reine Margot
Mancini

Ange

La reine Margot, tout le monde en a entendu parler. À peu près 99% de ce qu’en sait le grand public est bidon, héritage d’une légende noire qui lui collait déjà aux basques de son vivant dans la deuxième moitié du XVIe siècle et a perduré jusqu’à nos jours. Ce n’est pas l’album de Mancini qui va corriger le tir, il enfoncerait plutôt le clou.
Premier tome qui n’a jamais été suivi d’un autre, La reine Margot suit le mouvement qui voit en Marguerite de France une nymphomane insatiable (ce qui est historiquement faux), coupable à l’occasion de relations incestueuses avec ses frères (rumeur tout aussi fantaisiste) et mariée à un coureur de jupons notoire, Henri IV, queutard de première (ça, par contre, c’est vrai, on ne l’appelait pas “le vert galant” pour rien). Bilan des courses, ça tringle à tout bout de champ dans cet album pour un prétexte ou un autre. Après, Mancini dessine de la BD érotique, qu’il case du cul dans ses œuvres n’a rien de scandaleux, c’est son métier. On notera le soin qu’il apporte aux costumes et décors d’époque, précis et détaillés.
Filippini, piètre scénariste, reste égal à lui-même en livrant une histoire médiocre, dont on n’a pas grand-chose à secouer de toute façon, vu que tout l’espace est occupé par du boulard.

Les trois mousquetaires Mancini International Presse Magazine

Les trois mousquetaires
Mancini

International Presse Magazine

Entre deux séries qui se limitent à un premier tome et rien derrière, Mancini s’est offert dans ce cas-ci un second volume pour boucler son histoire. Après une parution en deux numéros chez International Presse Magazine en 1990, Ange a édité une intégrale en 2011.
Sans surprise vu le titre, on est ici sur une adaptation de l’œuvre la plus connue d’Alexandre Dumas, meilleur écrivain que mathématicien, du genre à compter trois gars armés de mousquets dans son titre pour mettre in fine en scène quatre gars qui se battent à l’épée.
Sans surprise non plus quand on connaît le travail de Mancini, on aura du cul tout du long des deux albums, festival ininterrompu d’énormes teubs et nibards dans les mêmes proportions, foufounes, fesses à l’air, sodomies et turluttes. De temps en temps, les mousquetaires font des trucs de mousquetaires comme dégainer leur épée, mais ils s’imposent surtout comme des maousses queutards.
Le sexe occupant la quasi-totalité de l’espace, le récit raconté sera anecdotique. Le dessin est quant à lui très rigoureux sur les aspects historiques avec des costumes, décors et objets de la vie quotidienne tout à fait conformes à ce qu’ils étaient au XVIIe siècle. Pour avoir lu le premier tome en noir et blanc et le second en couleurs, le n&b passe beaucoup mieux que la couleur qui paraît juste plaquée et manque de nuances.

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