En cas de fatigue, il existe deux bons moyens de se donner un petit coup de fouet : le café – de préférence moulu et sniffé en rail de vingt centimètres de long – et un vrai fouet.
N’ayant pas de BD sur le café en magasin, on va plutôt parler bande dessinée érotique, fessée, punition et BDSM à travers les albums Cercle vicieux et Punitions pour Bella Postic (Bruno Coq), la série Beba (Roberto Baldazzini), Prison très spéciale (Erich von Götha), l’artbook Beautés dociles (Hanz Kovacq) et Surprise surprise (Axterdam).
Cercle vicieux
Bruno Coq
Une couverture magnifique et c’est tout ce qu’il y a à retenir de ce Cercle Vicieux qui tourne en rond pour ne mener nulle part. Une histoire sado-maso qui ne tient pas debout, le scénar réussissant le pari d’être à la fois simpliste et confus. Le dessin est très loin de ce que laissait présager la couv, plus brut dans le trait, plus tranché avec son noir et blanc qui évacue les nuances de gris, et surtout beaucoup moins fin. Bref, rien à sauver, passez votre chemin.
Punitions pour Bella Postic
Bruno Coq
Suite à l’assassinat d’une femme de ménage, la fliquette Bella Postic enquête sous couverture en postulant pour occuper la place laissée vacante par la victime. Et c’est parti pour les amours ancillaires ! Le patron et la patronne aiment les soubrettes, les fessées et les bananes. Dans leur cave, on croise des gens vêtus de latex, un fouet à la main. Normal dans le monde de la BD SM (ou du BDSM en un seul mot, ça marche aussi). Chaque page de l’album est un festival copulatoire – et ça c’est bien – jusqu’à la fin abrupte de l’enquête, résolue dans les quatre pages à l’aide d’un deus ex machina – et ça c’est bof.
Au final, un album qui tient la route quant au contenu olé-olé mais échoue sur son versant policier, donc bien mais pas excellent.
Beba, T.1 Les 110 pipes
Beba, T.2 Red domina
Beba, T.3 Lady Brown
Roberto Baldazzini
Dynamite
Beba, c’est trois tomes d’une consternation ininterrompue.
Les 110 pipes, je mets 1 pour l’encre et le papier et encore, je suis généreux. Fellation non-stop tout le long de l’album, dans un style cartoon immonde, le tout servi par des dialogues affligeants.
Dans Red domina, une tentative de scénario avec… roulement de tambour… le tournage d’un film X. Pour l’originalité, on repassera, des trilliards de tâcherons de l’érotisme ont usé de cette astuce à deux ronds. Le dessin cartoonesque passe un poil mieux que dans le premier pour atténuer les pratiques BDSM extrêmes qu’on voit défiler… et qui n’émoustillent en rien, parce que ce n’est que ça : un défilé répétitif. Comme tout ce vide ne suffit pas à remplir l’album, l’auteur case des souvenirs de Beba comme ça, sortis de nulle part, pour étoffer son non-récit. C’est pas mauvais, c’est TRÈS mauvais.
Dans Lady Brown, Beba change de taf. Elle assure désormais un numéro BDSM dans un cabaret… ce qui donne plus ou moins une première moitié d’album identique au précédent dans son contenu (Beba est attachée et défoncée à coups de sex toys) comme dans sa narration (qui ressemble moins à un numéro de cabaret qu’à un catalogue de pratiques SM). Puis Beba est vendue à une dominatrice du nom de Lady Brown, qui va l’éduquer. Cette éducation consistant en une succession de situations BDSM, on n’est pas dépaysé, on serait plutôt assommé par la redite.
Donc rien à sauver, toute la série est à chier, de la première à la dernière page.
Prison très spéciale
Erich von Götha
Dynamite
La présentation de la BD annonce sans trembler des genoux “un ouvrage qui n’est pas sans évoquer sa célèbre série Les Malheurs de Janice”. On est au-delà de l’évocation, là… Le von Götha, il a tranquille pris le même pitch et pondu deux fois la même chose en changeant juste le décor, manoir noble du XVIIIe siècle pour Janice, prison de femmes pour Emma.
Or donc, Emma est condamnée à la taule et catapultée dans un établissement qui propose une réinsertion (?) comme esclave sexuelle (!?!).
Le dessin n’est pas bien terrible, la faute à une absence de décor dans pas mal de cases et un trait peu assuré limite brouillon : ça pue la flemme. Histoire pauvre, bourrée d’incohérences et de sauts du coq à l’âne. Un coup on est ici, un coup là, un coup ailleurs, parce que… Juste parce que. La prison occupe au final peu d’espace pour céder la place à un palace de droite sorti du XVIIIe siècle qui fait redite avec Janice. Exit la prison, donc, mais y a quand même des gardiens, dont l’uniforme se situe quelque part entre SM, SF et SS et les croix celtiques, c’est pas du tout mon truc, mais alors pas du tout.
Ratage conceptuel, scénaristique et stylistique, cette prison est moins spéciale qu’archi nase.
Beautés dociles
Hanz Kovacq
International Presse Magazine
Un superbe artbook que l’on doit au crayon de Kovacq, où l’on retrouve entre autres les couvertures de ses œuvres phares que sont Hilda et Diane de Grand Lieu. Les autres dessins mettent en scène des donzelles en bas et porte-jarretelles, ficelées comme des saucissons dans une ambiance BDSM et punition. Le torse masculin en couverture est quelque peu trompeur, on voit surtout des femmes se faire des mamours entre elles au sein des pages.
Seul défaut, l’intro de l’auteur, qui est une ode au sexisme, sortie d’un autre temps. Dans la première édition de cet album, il est encore question de la CEE, c’est dire si ça remonte à une époque archaïque…
Surprise surprise
Axterdam
Dynamite
L’histoire de deux femmes se vengent d’un violeur en lui faisant subir tout un tas d’outrages, voilà un concept intéressant… qui se tire une balle dans le pied en évitant de poser toute forme de questionnement à travers ses personnages. Pour une fois, le style épuré d’Axterdam a le mérite de fonctionner pour rendre l’âpreté de la situation… mais pas tout à fait, en témoigne le visage de la brune sur la couverture, raté. Les visages, c’est pas son truc et dans le contexte, c’est bien dommage de ne pas avoir des protagonistes plus expressifs que ça, ou avec des expressions mal rendues, alors qu’il aurait fallu un trait précis pour afficher le plaisir, la douleur, la colère…
Résultat, un titre qui promettait beaucoup mais ne réussit pas à marquer l’essai.
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