Le Pétard Express est à quai sur la voie 69¾, prêt à nous embarquer pour une virée dans la bande dessinée érotique. C’est parti pour une aventure graphique sous le signe du voyage, de l’exotisme, des vacances et de la double pénétration.
Le train du plaisir
Hugdebert
Rebecca Rils
De tout ce que j’ai pu lire d’Hugdebert, il ressort que le bonhomme a trois grandes passions : les trains, la Belle Époque et la Russie. C’est dire s’il devait être à l’aise pour se glisser dans Le train du plaisir, une aventure ferroviaire située fin XIXe. On suit les aventures du commissaire Stepanov au cours de son voyage de la Russie jusqu’à la France, avec pour mission de démasquer des anarchistes qui préparent un attentat contre le tsar. Au cours de son enquête, il va culbuter la plupart des passagères du train et pas mal de passagers aussi. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai apprécié cette BD, pansexuelle dans l’esprit. S’ajoute un joli style tout en ombrages et nuances de gris, avec un trait qui donne aux scènes clarté et lisibilité et sait offrir beaucoup de détails sans pour autant surcharger l’ensemble.
La fille des steppes
Hugdebert
La fille des steppes regroupe en un album les trois thèmes phares d’Hugdebert : train, Russie et période charnière XIX-XXe siècle. Nous voilà donc en route à bord du Transsibérien peu avant 1914, dans une ambiance qui évoque Michel Strogoff. Comme d’hab’, Hugdebert case du cul à foison dans son tchou-tchou et on se dit que cet album ressemble à beaucoup à d’autres… et PAF ! Pas du tout. Des bandits des steppes attaquent le train et voilà un soldat russe lancé à leur poursuite pour récupérer une donzelle qu’il avait rencontrée dans ledit train. Une bonne surprise que cette sortie hors des sentiers battus pour éviter un album qui répéterait les précédents (Le train du plaisir, Train de nuit, Les voluptés de l’Orient Express).
Voyage en profondeurs
Igor & Boccere
Dynamite
Ça aurait pu… Voyage en profondeurs rend hommage aux récits de voyage et aux récits d’aventures, ceux de Jules Verne en tête, avec en prime un parfum pulp. Joyeux foutoir de Voyage au centre de la Terre, de SF années 30-50, de dinosaures du Monde perdu, de Gulliver, de voyage dans le temps… Un peu de tout dans le plus parfait nawak, avec les défauts récurrents de Boccere : ça part dans tous les sens sans aller nulle part, parce que tout dans l’impro sans ligne directrice, et à l’arrivée ça ne raconte rien. Ici, l’érotisme est presque de trop, parce que pas assez exploité. Il fallait en mettre davantage ou pas du tout. Quant à l’humour, il a l’art de tomber à plat. Le dessin n’est pas folichon, folichon.
Donc une œuvre de bric et de broc, qui aurait pu donner un bon pulp farfelu condensant l’ensemble de la littérature de genre sur le thème des voyages extraordinaires, et qui à l’arrivée est un pétard mouillé ni érotique ni drôle ni joli mais interminable à lire.
Lady Travel
Chris
Dans un tout esprit que les notes de voyage d’Angelina Jolie, Lady Travel raconte l’histoire d’une ethnologue au Brésil qui se tape tout ce qui bouge, depuis le guide qui l’emmène dans la jungle amazonienne aux membres – dans tous les sens du terme – d’une tribu indigène, en passant par le commanditaire de son expédition anthropologique.
Au début, ça se laisse lire, sans plus, avant de devenir carrément ennuyeux dans la seconde moitié de l’album qui ne fait que répéter l’histoire et les scènes déjà vues dans la première.
Le tome 2, Miss Travel in Barcelona n’a pas de rapport direct avec le premier et encore moins d’intérêt. Mis à part que c’est bien dessiné, entre un scénar étique et nawak et des scènes X pas folichonnes, très standards et classiques, pas de quoi se relever la nuit.
Le tour du monde en 80 jours
Chris
Glénat / Le Marquis
Après Lady Travel, encore une invitation au voyage lancée par Chris, qui propose une relecture de l’œuvre de Jules Verne en version tout nu et tout bronzée. Phyllis, arrière-petite-fille de Phileas Fogg, part sur les traces de son ancêtre dans le même esprit que l’émission de télé-poubelle Nus et culottés. Sans le sou, elle monnaye son voyage à coups de prestations sexuelles.
Un bon point, la présence d’un Passepartout gay qui passe son temps à se faire enfiler pendant qu’il mate les aventures coquines de Phyllis. C’est rare qu’une BD joue cette carte mi-homo mi-hétéro. Très mauvais point, Chris torpille cette excellente idée à la fin de l’histoire, quand Passepartout devient, je cite, “un homme, un vrai” en couchant avec Phyllis.
Verdict : histoire sympa sans plus, dessin moyen, une fin qui pue l’homophobie, on peut faire l’impasse sur ce titre sans perdre un grand moment de lecture.
Sésumi
Ferocius
La Cupula
Un récit barré et foutraque, comme souvent chez Ferocius. Le gars a des idées mais semble avoir du mal à les organiser. On a en première moitié d’album l’histoire de deux anthropologues qui partent étudier des Indiens d’Amazonie, dans la seconde le point de vue d’un de ces Indiens sur le duo en question. En fil rouge, une histoire de mise au point d’un produit miracle par un labo pharmaceutique pour régénérer et rajeunir la peau autour d’une huile, le Sésumi, produite grâce à un fruit qui pousse dans la jungle amazonienne. Au milieu de tout ça, magouilles, entourloupes et espionnage industriel. Un peu le foutoir, dans l’ensemble, parce que le récit échappe à son narrateur qui part dans tous les sens. On ne sait pas trop quel message Ferocius essaye de faire passer. Foutez la paix aux Indiens ? Arrêtez de courir après la jeunesse éternelle ? Les deux, sans doute. À défaut d’une narration en béton, on se consolera avec sa patte graphique particulière qui est une franche réussite.
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