On poursuit le tour d’horizon de mes fonds de tiroir et de poubelle avec la collection Confessions érotiques BD éditée par Média 1000 et Dynamite…
Sexisme, culture du viol, consentement en option, inceste, v’là la ligne éditoriale qui repousse toujours plus loin les limites du glauque. C’était déjà nauséabond à la naissance de la collection dans les 80-90, ça dépasse l’entendement que certains de ces titres soient réédités dans les années 2010-2020 après des affaires comme celles de Cantat et Weinstein, après l’émergence des mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc. Et pourtant, ça existe…
Le jouet du commando (Cindy / Pierre Dupuis)
Je suis devenue agent secret des Serbes pour survivre, retitré Le jouet du commando, sans que le changement influe sur le destin de Cindy, un foutoir scénaristique sans nom qui essaye de combiner érotisme, vacances en Croatie, guerre, espionnage, action, aventure, thriller pour n’accoucher in fine que d’un gloubiboulga imbitable affublé d’un dessin tout ce qu’il y a d’immonde.
Jeune infirmière, je suis devenue l’esclave de mes malades (Odile / Chris)
Ici, Chris ne se casse pas la tête : la confession d’Odile, ben c’est juste une resucée en moins bien de sa série Angie, infirmière de nuit.
Comment j’ai perdu ma virginité (Bibi / Marc Page)
Bernadette, dite Bibi, nous raconte ses aventures sexuelles dans une BD qui a, comme elle, plusieurs noms : J’ai perdu mon pucelage au cours d’une soirée très spéciale (Média 1000), Comment j’ai perdu ma virginité (Dynamite) ou encore L’ingénue (Alixe). Alors, ça valait le coup de multiplier les titres quand on apprend dans les premières pages de la BD que 1) Bibi n’a rien d’une ingénue, elle raffole de sexe, et 2) elle a perdu sa virginité avant la soirée en question.
Bref, on va suivre les aventures olé-olé de Bibi, donzelle qui n’a froid ni aux yeux ni aux fesses. Elle rencontre Iona, même profil mais bien plus expérimentée, et c’est parti pour un parcours initiatique à tout un tas de fantaisies sexuelles, consenties, pour une fois, ce qui n’est pas le plus courant dans la collection des Confessions érotiques BD.
Sauf que justement, on est dans la collection Confessions érotiques. Donc à la fin, il y a un viol collectif sur la personne de Bibi, de toute évidence imposé pour des raisons éditoriales à l’auteur, qui écrit noir sur blanc et à juste titre “en français, ça s’appelle un viol”. La scène, sortie de nulle part, avec des personnages sortis de nulle part, tombe comme un cheveu sur la soupe, pas raccord du tout avec le reste de l’histoire au plan narratif. Quant au plan éthique, no comment sur la complaisance de Média 1000 envers la culture du viol, dont l’éditeur a fait son fonds de commerce. Un beau gâchis de ce titre, qui était plutôt honnête dans ses cent quarante premières pages avant de se tirer une balle dans le pied sur les dix dernières.
Dans les vestiaires du club de gym (Arnaud / Chris)
Si la couverture nous montre Catherine et sa tresse qui défie tant les lois de l’implantation capillaire que celles de la perspective, le récit est celui d’Arnaud, un bonhomme pour une fois. J’étais moniteur dans un club de gym très spécial s’intitulait à l’origine sa confession érotique.
Le scénario met en scène le taf d’Arnaud et le chantage de sa patronne rusée et à poigne, qui l’oblige à coucher avec les clientes du club de gym. Pour une fois, le mâle doit affronter des situations où il est mis en position de faiblesse, quand il n’est pas carrément le dindon de la farce. C’est pas souvent dans les titres de cette collection. Ce poil d’originalité bienvenu tire cet album vers le haut et on pourrait avoir un titre plus que correct si le dessin sommaire ne le ramenait pas vers le bas.
Assistante d’une patronne perverse (Sandrine / Marc Page)
Sandrine travaille dans une agence agence de casting pour mademoiselle Couzin, qui lui met des fessées quand le café est dégueu et utilise son vagin comme sucrier. Je ne sais pas ce que le scénariste se met, lui, dans le pif, mais a priori, c’est pas du sucre en poudre…
IRL, ça finirait aux prud’hommes et au pénal (ne faites pas ça chez vous ni au travail) ; dans l’univers diégétique de la BD, on se trouve face aux archétypes de la relation SM avec une personnalité très, très dominante et l’autre très, très soumise, et comme les deux aiment ça et y trouvent leur compte, ça passe.
L’histoire propose du BDSM classique, avec tout l’attirail connu du grand public (cuir, latex, cuissardes, laisse, bâillon-boule…). Pour une fois, voilà un titre qui fonctionne plutôt bien et se montre propre sur lui : Sandrine découvre, Sandrine y prend goût, Sandrine aime ça. Sans être forcée toutes les deux pages de faire des choses dont elle n’a pas envie. Mieux, il va même se nouer petit à petit une relation pas exempte de tendresse et de complicité entre elle et mademoiselle Couzin.
Une des rares bonnes surprises de cette collection…
La salle de sport (Françoise / Marc Page)
Enseignante dans un établissement privé, lunettes, chignon et jupe longue, Françoise semble une jeune femme sage et chaste. Cette façade de professeure Jekyll dissimule une miss Hyde qui mate des films pornos en VHS (pour ceux qui connaissent pas, c’est un artefact antique, plus ancien que la souris à boule) et se masturbe entre deux cours dans les toilettes, allant jusqu’à s’enfiler le manche de la balayette des ouatères dans le fondement (il s’est lâché, le scénariste…).
Autant dire qu’on ne sait pas trop pourquoi cette confession érotique s’intitulait à l’origine J’ai été pervertie par mon prof de body-building, parce qu’il a pas eu à dévergonder grand-chose, monsieur Muscles, Françoise savait déjà s’amuser et profiter de la vie avant de le rencontrer. Sans compter que l’amant de Françoise est certes patron d’un club de fitness, mais il ne lui prodigue aucun cours et nul personnage de la BD ne met les pieds dans une salle de sport à un moment ou un autre.
L’histoire est simple et facile à suivre : Françoise rencontre Serge le body-builder, ils baisent. Puis fait la connaissance de Brigitte, la femme de Serge, elles baisent. Puis part en vacances chez le couple, ils baisent tous les trois. Du scénario sans chichis… et sans scénario non plus, à dire vrai. Vu la personnalité de Françoise qui occupe tout son temps libre en masturbation et fornication, cette absence de trame scénaristique ne gêne pas et cadre avec sa quête permanente de la jouissance.
Une fois que le dessinateur – d’un niveau assez moyen – a fait le tour de toutes les combinaisons possibles Françoise-Serge, Françoise-Brigitte, Françoise-Serge-Brigitte, pas de bol, il lui reste trente pages avant la fin. Et à l’évidence, il n’avait plus d’idées. On aura donc un final nawak mi-Eyes Wide Shut mi-Rêves de Cuir en mode “je fais nimp et on s’en fout, yolo !”. Au moins, tout le monde participe de son plein gré, c’est pas souvent dans cette collection.
Une veuve très vicieuse (Nadine / Marc Page)
Comment je suis devenue une jeune veuve dévergondée nous racontait jadis Nadine avant que le titre de sa confession ne soit raccourci en Une veuve très vicieuse.
On suit le récit pas bien palpitant d’une jeune veuve qui découvre que son mari la trompait. Pendant la moitié du bouquin, elle se masturbe en visionnant les ébats de feu son époux sur VHS. Et là on se demande l’intérêt de cette réédition vingt-cinq après, à l’heure où plus personne n’utilise de magnétoscope. Bref. Nadine va ensuite faire des cochonneries avec sa nièce, qui était une des maîtresses de son mari, ce qui les occupe l’autre moitié de l’album.
C’est mou, plat, sans saveur ni intérêt, avec un dessin moins hideux que ce que l’affreuse couverture laisse présager, mais on n’atteint pas non plus des sommets de graphisme, loin de là.
La femme de mon frère (Stéphane / Marc Page)
La femme de mon frère, qu’on trouve aussi sous le titre Prête à tout, s’intitulait à l’origine Mon frère me prêtait sa femme et racontait la confession érotique de Stéphane, qui n’était prêt à rien.
Entre son année de première et sa terminale, le Steph (mineur, donc…) part en vacances chez son grand frère David, dont la femme, Juliette, lui saute dessus. Ainsi que la voisine Solange (qui couche aussi avec Juliette). Le tout, sous l’œil complice du frérot aîné, qui viendra mettre la main à la pâte en temps utile. Et à la fin de ce titre à la gloire de l’inceste et de la corruption de mineurs, Stéphane se retrouve être le père de sa nièce, puisqu’il a mis enceinte Juliette.
J’ai plus les mots, là…
Faut reconnaître un mérite à la collection Confessions érotiques BD : à chaque titre tu crois toucher le fond et pourtant le titre d’après parvient encore à creuser plus loin dans le cradingue. C’est prodigieux. Gerbant mais prodigieux.
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