La guerre de Sécession, les États désunis – André Kaspi

La guerre de Sécession, les États désunis
André Kaspi

Gallimard

Couverture La guerre de Sécession Les Etats désunis André Kaspi Découvertes Gallimard

On dit souvent que la Grande Guerre est le premier conflit moderne. Comme s’il s’agissait d’une course, comme si les historiens avaient tendance à oublier que l’Histoire ne fonctionne pas qu’à la rupture mais surtout par le biais d’évolutions qui se mettent en place sur le temps long et rendent caduques dans bien des cas la notion de “premier”, vu qu’il y a toujours en amont un petit truc qui fait que (un peu comme dans cette phrase interminable).
Et parfois c’est un gros truc, comme la guerre civile américaine.

Sur le sujet de guerre dite morderne, j’aurai une pensée pour mon arrière-grand-père qui, en 1914, a démarré la guerre dans la cavalerie. Dragon puis cuirassier, sous un uniforme pour ainsi dire inchangé depuis les années 1800 ! Elle est belle, la modernité !…
Cette guerre moderne, la fameuse, pointe le bout du nez pendant la période napoléonienne. Les petites troupes à forte proportion de mercenaires étrangers deviennent des armées maousses composée d’effectifs nationaux issus d’une conscription de masse. La conduite de la bataille change pour ne plus se contenter de mettre l’adversaire en déroute mais viser son anéantissement. Napoléon, premier non (enfin si mais juste tant que Napoléon Ier, lolilol), précurseur oui. Ce qui nous amène une cinquantaine d’années plus tard à la guerre civile américaine, décrite par l’historien Bruno Cabanes comme “une guerre entraînant la mobilisation des hommes en âge de porter les armes, l’utilisation massive des femmes comme main-d’oeuvre de substitution, celle de toutes les ressources de l’économie au service de l’effort de guerre et la mobilisation idéologique”, soit la définition d’une guerre totale donc moderne. Et moderne, la guerre de Sécession l’est : train, télégraphe, mitrailleuses, barbelés, premier sous-marin, début de la guerre en trois dimensions avec l’observation par ballon (quoique déjà expérimentée par les Français à Fleurus en 1794), cuirassés dégommant des bateaux à voile… On entre de plain-pied dans l’ère moderne, l’autre pied étant déjà dans la tombe.

Cuirassier français Napoléon 1809 Bellangé
Guerre à l’ancienne (1809)
Cuirassiers français 1914 Première Guerre mondiale
Guerre moderne (1914)
Seule différence en un siècle, non visible à cause du noir et blanc, le froc 1914 est rouge garance.

Or donc, la guerre de Sécession est un conflit majeur, incontournable pour les passionnés d’histoire militaire contemporaine, mais pas que. Tout aussi indispensable pour appréhender l’histoire des USA, puisqu’il s’agit de l’événement le plus important et, à concurrence avec le 11-septembre, le plus traumatisant pour la nation américaine. Dans la mesure où aujourd’hui encore les différences de mentalité Nord-Sud restent perceptibles, on ne peut passer à côté du sujet pour comprendre la culture, ou plutôt les cultures américaines.
Tout ça pour en arriver à l’ouvrage d’André Kaspi, qui constitue une excellente porte d’entrée sur la question, à lire en parallèle de la BD Les Tuniques Bleues.

Publié en Découvertes Gallimard, il s’agit d’un excellent titre de vulgarisation. En moins de 200 pages, Kaspi offre un panorama complet, alliant vue d’ensemble du conflit (origines, déroulement, conséquences), approches thématiques et nombreux témoignages.
Le petit format a les qualités de ses défauts et vice-versa : les illustrations sont petites, la police de caractères taille 6-8 demande de bons yeux, la mise en page est chargée à mort pour tout faire tenir, mais au moins on a un bouquin complet, pourvu d’une riche iconographie et pas onéreux (ma version est en francs, mais en monnaie contemporaine, il doit tourner autour de 9 euros, voire la moitié d’occasion).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *