C’est l’histoire d’une BD, tu l’ouvres…
ET PAF !
Du boulard !
Du gros, du lourd, du qui tache et qui fait mal au derrière.
L’étrange Docteur Mazsovitch
Bruno Coq & Tina
Le docteur Machin au nom imprononçable dirige un centre où tout n’est que luxure, bondage, sodomie et double pénétration. On suit dans cet album les péripéties scabreuses d’Isabelle, une habituée des lieux, et, dans une moindre mesure, celles d’Hélène, une nouvelle arrivante, et de Tania, secrétaire d’un des pensionnaires.
Il n’y a pas d’histoire, juste un festival de sexe à foison à chaque page. Pour le coup, l’absence de scénario ne pose pas problème. Dans un centre où les gens baisent, ben ils baisent, y a pas besoin de forcer le contexte à entrer dans une intrigue qui n’apportera rien d’autre qu’un artifice narratif bancal pour ne pas dire branlant.
Le dessin assure le taf, on en prend plein les mirettes pendant que les personnages en prennent plein les fesses et la figure.
Seul bémol, la fin abrupte. Isabelle, plutôt dominante dès le début de l’album, se tourne dans les dix dernières pages vers une autre facette de son tempérament, plus axé vers la soumission. Sauf que cette exploration tourne court, à peine esquissée, et la dernière case laisse le lecteur sur un “la soirée ne fait que commencer” et sur sa faim. Ça aurait été sympa de nous la raconter, la soirée, au lieu de couper d’un coup. Il manque une dizaine de pages pour vraiment boucler cette BD. Mis à part cette réserve, c’est du lourd et du bon.
Ai ga nakutemo ecchi wa dekiru! (愛が無くてもエッチは出来る!)
sugarBt
Tenma Comics
On peut baiser même sans amour ! annonce d’entrée le titre, qui pourrait convenir à toute la production hentai ou presque.
L’opus est riche en fétichisme vestimentaire : collants, uniforme scolaire, tenue de judo, maillot de bain… Tout le dressing y passe.
J’ai bien aimé ce hentai, parce que pour une fois les corps ne se contentent pas d’être filiformes et de le rester peu importe la position des personnages. Les donzelles ont des petites rondeurs, la peau plisse, la chair fait des bourrelets, bref les personnages ont des corps qui réagissent aux mouvements et contorsions comme des corps humains, pas des fantaisies de papier.
HDS attaque
W. G. Colber
Maîtrise de droit, brevet de pilote, licence de musique, ceinture marron de judo, charme irrésistible, Hermeline de Santy dite HDS est une super contre-espionne. La voilà lancée dans une enquête rocambolesque défiant toute construction narrative. On ne pige rien, mais alors rien du tout, à l’enchaînement des événements entremêlés les uns dans les autres.
Mais c’est bien quand même, parce que le scénar, sur ce coup, on s’en bat les noix. Il n’est qu’un prétexte aux rencontres de HDS avec d’autres protagonistes, dont une majorité de femmes, rencontres qui finissent toujours en bisous, caresses, coups de langues bien placés et fantaisies avec des godemichés.
En plus, j’aime bien ce style de dessin rétro, très réaliste et détaillé, avec une patte graphique années 60-70.
L’accordeur
Ignacio Noé
Dynamite
Bon point pour l’originalité : le héros, Mariano, est accordeur de piano. Dans le genre pas commun, ça se pose là.
Un brin gaffeur, un peu naïf, il se retrouve souvent entraîné à son corps défendant dans des situations improbables de vaudeville, qui tournent à la coucherie systématique. On ne peut pas dire que chacune des historiettes racontées ici finisse mal pour lui, parce qu’il s’en sort toujours mais de peu. Et chaque fois la même rengaine, qui crée un effet global de comique de répétition : le piano pour lequel on avait requis ses services n’a pas été accordé au final.
Ce ton tragi-comique donne tout son piquant aux histoires de cet accordeur queutard et malchanceux. Sous la couche d’humour, on trouve toujours une teinte dramatique : abandon, chantage, drogue, suicide, vengeance…
Le second tome m’a un peu moins emballé que le premier, parce que la recette est la même dans ses moindres détails, et comme j’ai lu les deux à la suite, le même schéma encore et encore, c’était peut-être trop d’un coup. Cela dit, cette suite reste de bonne qualité et s’offre une petite sortie de piste bienvenue : pour une fois, Mariano va réussir à accorder un piano !
Julia
Olson
Dynamite
Cette intégrale regroupe les trois volumes parus il y a plus de vingt ans (Julie tout court, Julie, l’initiation et Julia, le piège infernal). La série en dit long sur les représentations mentales d’une société qui produit et consomme ce genre de porno et n’intéressera en vérité que les historiens des mentalités et les sociologues.
Bien dessinée, c’est tout ce que cette BD a pour elle.
Le reste est une caricature de porno. L’histoire, y en a pas. Les personnages sont juste là pour tirer leur coup, transparents comme le verre, sans caractère particulier, interchangeables les uns avec les autres. On passera sur les dialogues affligeants. Rien que du sexe tous azimuts juste pour le sexe, faut surtout pas chercher un semblant de début d’amorce d’embryon de justification aux scènes de cul. Leur nombre finit par devenir contre-productif parce que trop dans l’excès. Ajoute à ça une vision romanesque de la prostitution (les voyages exotiques, le luxe, le bling-bling) et, pire, le caractère optionnel de la notion de consentement, assorti de ce vieux cliché pourri du sexe forcé au départ qui tourne immanquablement aux hurlements de plaisir de l’intéressée. Alors bon, c’est de la fiction pas du documentaire, personne n’est violé pour de vrai, mais bon cet état d’esprit, c’est pas trop mon kif.
Un destin de soubrette
Lezli Téjlor
Tabou
Oh que c’est vilain… Mes yeux, mes pauvres yeux…
On dirait une copie ratée de l’univers de Xavier Duvet, tout en féminisation, domination et soumission, qui aurait été passé au filtre de l’atrocité visuelle, comme redessiné et colorisé sur un Amstrad, entre trait approximatif et couleurs numériques mi-baveuses mi-criardes.
La figure de la soubrette n’est pas même pas exploitée pour ce qu’elle représente et les fantasmes qu’elle peut susciter, rien qu’un costume pour le décorum. Ça pourrait aussi bien être un habit d’Arlequin ou une armure de Space Marine, le résultat serait le même.
Quant à l’inversion des genres qui voit ces messieurs enfiler la tenue de femme de chambre, elle est là parce qu’elle est là, sans apporter de sens. Absente, on ne verrait pas la différence. On pourrait remplacer les personnages masculins par des personnages féminins sans rien changer au sens des quatre histoires racontées par Téjlor, preuve que le thème n’est pas du tout creusé ni étayé par quoi que ce soit.
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