L’été approche, on crève déjà de chaud, avec une seule envie : se mettre au frais, dans un sous-sol, une cave, loin, très loin dans les profondeurs terrestres.
Direction le monde sous tes reins !
Où c’est pas dit que la température soit moins torride qu’à la surface.
La Blonde
1 – Coup double
2 – Bondage Palace
Franco Saudelli
Dargaud / Tabou
Deux albums sortis en France, un troisième annoncé chez Tabou, qu’on attend toujours.
À Lonely Babylonia, une ville futuriste inspirée de Gotham City, vit La Blonde, une criminelle inspirée de Catwoman. Sitôt évadée de prison, elle monte un coup pour kidnapper une donzelle riche et célèbre, sauf qu’il y a une autre concurrente du crime sur le coup, plus une détective privée. Tout ce petit monde va passer son temps à se courir après, se déguiser, se capturer, s’évader… et les 60 pages de Coup double ont tendance à pas mal tourner en rond, avec l’utilisation tout du long des mêmes ficelles, dans tous les sens du terme : schéma narratif répétitif, personnages qui se ressemblent un peu tous pour jouer sur la substitution, érotisme à base de bondage. Ce dernier, très soft, se limite à montrer des donzelles ligotées et bâillonnées sans jamais aller plus loin, autant dire qu’à la quatrième, on a fait le tour de la question, et à la trentième itération, on n’en peut plus. On retiendra le dessin et l’esprit comics bien rendus en regrettant que l’album ne soit pas plus varié dans ce qu’il raconte et met en scène.
Bondage Palace remet le couvert à l’identique (La Blonde, ambiance de comics, femmes attachées, répétitivité des scènes de ligotage, intrigue confuse…) mais en moins bien. Le graphisme est très années 90, dépouillé et anguleux, en trichromie noir-blanc-jaune, un style auquel je n’ai jamais accroché. Le dénouement laisse de surcroît un goût de pas fini, comme s’il manquait un bout d’épisode pour offrir une vraie conclusion.
La vie parisienne de Fanfrelle, chanteuse libertine
Foxer
International Presse Magazine
Gros morcif de trois albums en un (Les jeunes années de Fanfrelle, Fanfrelle à Paris, L’idole de Paris) pour raconter La vie parisienne de Fanfrelle, chanteuse libertine.
Dans le premier volet, on découvre le quotidien campagnard de Jeannette Droussin, qui vit dans les années 1890 en pleine cambrousse entourée de queutards. Amatrice de fanfreluches, elle se fait surnommer Fanfrelle. Dans la grande tradition des feuilletons de la Belle Époque, on la voit tour à tour paysanne, domestique, renvoyée, planquée dans un cirque itinérant, en fuite vers Paris.
En seconde partie, la voilà dans la capitale avec son amie Marie. Sans surprise vu le genre de la BD et les réalités économique et sociales de la période, elles se prostituent pour gagner leur croûte. Jusqu’au jour où elles sont embauchées pour un numéro de music-hall.
Devenue la coqueluche, Fanfrelle se tourne vers le cinéma entre deux parties fines.
Le style de Foxer est parfait pour coller à l’époque fin XIXe-début XXe, que ce soit les costumes, les décors, les visages des personnages, l’ambiance. La narration est parfois aléatoire mais sans choquer, parce que conforme à l’esprit des feuilletons qui paraissaient dans les journaux (l’équivalent des séries télé contemporaines). Certains étaient des fleuves (Les mystères de Paris, Fantomas), rocambolesques à souhait, surchargés de péripéties, coups de théâtre, retournements de situation, intrigues secondaires, et les aventures de Fanfrelle s’inscrivent dans cette lignée.
Sur le fond, le fion et la forme, cet album est une réussite et un des meilleurs de Foxer.
Lou, taxi de nuit
Jacobsen
Dynamite
Lou, taxi de nuit fait partie de ces travaux de Jacobsen qu’on nous vante comme les meilleurs. J’avoue que le côté outrancier et délirant du truc m’a laissé de marbre, parce que trop, c’est trop. Imaginez Marc Dorcel, les Monty Python et Edika bosser ensemble à l’écriture d’un scénario. Voilà. Du cul barré tellement loin qu’on finit par ne plus savoir où on est, encore moins où on va. L’oncle Picsou, Catwoman et Batgirl, Dragon Ball Z, Eugène Delacroix, Franquin, Lucky Luke… le nombre de références glissées çà et là est prodigieux. On s’attache davantage à les débusquer qu’aux fantaisies sexuelles censées être au cœur de ce type de lecture.
Alors c’est pas mauvais, loin de là. Sur le plan graphique, le dessin est très fouillé et y a du taf. Et tout farfelu que soit le récit, on sent que l’auteur s’est fait plaisir en ouvrant les vannes à fond. Reste à savoir si le mélange de tout ce qu’on peut imaginer fonctionne, et là-dessus j’ai quelques doutes. Du cul sur un scénar plus classique (ou en tout cas moins azimuté) ou la même histoire de fou mais avec du fion plus épisodique, j’aurais davantage accroché. Là, ça essaye d’être trop tout à la fois, genre d’Alice cul nu au pays des merveilles, qui aurait pris des champis, du LSD, de l’ecsta ET de la coke, soit un délire pas évident à suivre.
Viol d’un couple / Un couple sous influence
Salomon Grundig
International Presse Magazine / Dynamite
L’éditeur Dynamite peut bien changer le titre en rééditant la soupe de Grundig, un viol reste un viol. “Sous influence”, y en a qu’ont le sens de l’euphémisme…
Or donc, trois tomes de festival pornographique ininterrompu, aussi interminable que glauque, excitant en rien parce que sexe forcé tout du long (sauf à la toute fin entre le fameux couple du titre, mais ils se suicident juste après, donc bon, dans le genre festif, on a vu plus bandant).
Tome 1, Machine, l’héroïne insipide et nunuche dont j’ai oublié le nom, manque de se faire violer par son beau-père. Elle est sauvée in extremis par son petit ami, qui s’appelle Michel ou Michael selon les cases. Mimi bute le daron et voilà les tourtereaux avec un cadavre sur les bras. Pour s’en débarrasser, ils font appel à des malfrats. Un volume complet pour raconter ce qui n’est qu’une exposition et un incident déclencheur. C’est long. Pénible. Ennuyeux.
Tomes 2 et 3, le couple maudit est soumis à un chantage sexuel dont ils ne voient pas le bout (idem le lecteur, qui attend le mot “fin” avec impatience). Partouze, partouze, re-partouze. Répétitif. Barbant. Malsain. Avec un dessin qui s’enlaidit au gré des épisodes (moyen dans le premier, pas terrible dans le second, nase dans le dernier).
Un pensum du début à la fin.
CoquinNet
Drônes de filles
Lucinage sur la toile
Frans Mensink
Tabou
CoquinNet est une série en deux tomes.
Drônes de filles voit une jeune femme espionnée par une autre par le biais d’un drone. Elles se masturbent à distance et font ensuite des papouilles ensemble. Cinquante pages sans une ligne de dialogue. Le fait est que les images parlent d’elles-mêmes, pas plus mal de nous épargner des répliques qui sont affligeantes 99 fois sur 100. Le concept est intéressant mais fonctionnerait mieux sur un récit court. Dessin honnête sans être renversant non plus. Un peu moyen en tout, en fait.
Lucinage sur la toile, même joueur joue encore avec cette fois une rencontre lesbienne par Internet qui commence par du voyeurisme. Ça semble essayer de raconter quelque chose en plus du strict boulard entre femmes, mais faute de dialogues, on ne sait pas trop quoi… Autant le concept fonctionnait dans l’autre album, autant dans celui-ci il atteint ses limites.
Bonnie & Claudia
Fabrizio Faina & Mauro Salvatori
International Presse Magazine
Bonnie et Claudia, deux voleuses aux noms inspirés de Bonnie et Clyde, s’associent avec un troisième larron, cambrioleur de son état. Ensemble, ils vont monter un coup et en tirer plusieurs…
Quelque part entre Cat’s Eye et Mission Impossible, le scénar regorge de rocambolesque et de capillotracté en jouant sur ses références, des films de casse à la figure du plombier dans le porno en passant par les feuilletons télé aux intrigues fumées et aux révélations abracadabrantes (Côte Ouest, Santa Barbara, Les feux de l’amour, et leurs équivalents italiens dont les auteurs sont plus familiers que moi). Du SM, des déguisements, des partouzes, des coups de théâtre, le scénariste a mis tout ce qu’on pouvait imaginer dans son histoire et, dès lors qu’on la prend pour ce qu’elle – un improbable cocktail narratif dans l’esprit des feuilletons –, l’ensemble fonctionne bien, assez maîtrisé pour ne pas verser dans le n’importe quoi en roue libre.
Connexion X
Lubrix
International Presse Magazine
La jeune Nastasia s’est mariée avec le vieux monsieur Jo pour profiter de la fortune de ce dernier. Parce que ceux qui possèdent des tonnes de pognon n’en ont jamais assez, monsieur Jo se lance dans un projet à la pointe de l’innovation : un site web porno. Celui-ci sera animée par sa femme et les internautes paieront pour la voir s’exhiber dans des fantaisies olé-olé.
L’idée semble aujourd’hui peu révolutionnaire, elle l’était à l’époque où est sortie la BD, en l’an 2000.
Pour rappel, le World Wide Web naît en 1989, le premier site Internet voit le jour en 1990 et faut attendre le milieu des années 90 pour que la Toile soit remplie d’autre chose que de vide. Milieu des années 90 aussi, début du boom de l’informatique domestique, qui voit l’ordinateur s’installer en masse dans les foyers. En 1999, lancement de l’ADSL en France, autant dire que quand Connexion X est publiée, la plupart des gens en sont encore au 56K.
Après, l’album n’a pas trop vieilli dans ce qu’il raconte, puisqu’il s’agit surtout de scènes de cul. On croisera bien quelques écrans cathodiques de PC et on apercevra d’antiques lecteurs de disquettes, mais comme on a plutôt les yeux rivés sur Nastasia, qui n’a pas pris une ride en 25 ans, on ne s’attardera pas sur ce hardware de jadis pour se concenter sur le hard tout court.
Le style cartoon fonctionne bien pour relater les aventures de Nastasia. Le scénario est d’abord un prétexte à aligner du boulard et ne va pas chercher loin. Au moins, ça marche, avec en prime une chute à l’histoire, surprise narrative bienvenue pour finir en beauté et sauver ce qui aurait pu n’être qu’un énième récit douteux d’exploitation sexuelle.
Amateurs et amatrices de BD olé-olé, rendez-vous dans les autres zones érogènes du blog…
Recueils de chroniques :
– fourre-tout
– un petit coup de fouet
– chaleur hivernale
– l’Histoire, avec un grand H et un petit cul
– winter is cuming
– boule et bulles
– cul en vrac
– fesse-tival
– un grand coup dans ton cul
– et paf !
– pas de l’art mais du cochon
– les vingt culs écrivent l’Histoire
– le jeu de l’amour et du braquemart
– une aiguille dans une botte de fions
– quand on tire, on raconte pas sa vie
– coupure de chauffage
– les choses de l’amour
– sur la commode
– chaleur automnale
– le vice sans la vertu
– histoire(s) de fesses
– invitation au voyage
– voyage en classe X
– la vie privée des zobs
– explosion de foufoune
– parc d’attrape-fion
– un jour sans fion
Dossiers :
– Paul Alazar
– Giovanna Casotto
– Doni et Nill
– Xavier Duvet
– Milo Manara
– collection Selen
– confessions érotiques 1er volet
– confessions érotiques 2e volet