Rappelez-vous ce film des années 80 avec Bite Murray en vedette, qui le voyait coincé dans une boucle temporelle pendant la journée mondiale de l’abstinence. Un calvaire éternel qu’on ne souhaite à personne. Sauf aux abstinents, vu que pour eux, c’est la définition même du paradis. Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Céline, esclave à plein temps
Céline(s)
Jacobsen
International Presse Magazine
Un des titres les plus connus de Jacobsen. Une des meilleurs, paraît-il. Mouais.
Le premier tome nous présente Céline dans le feu de l’action de ses hautes œuvres d’“esclave à plein temps”, en pleine partouze, avant de revenir sur ses débuts et la suite d’événements qui l’ont amenée là.
Elle nous est présentée tout du long comme consentante, excitée par sa propre soumission et la domination des autres, bon ça OK, au moins on évite le sexe forcé. Mais on a du mal à s’en convaincre quand on voit la trombine qu’elle tire de la première à la dernière page. Au mieux, inexpressive. La plupart du temps, elle affiche l’air constipé de quelqu’un qui n’a de toute évidence pas envie d’être là, alors que ses pensées affichées dans les bulles disent plutôt le contraire. Cette dichotomie fait qu’on ne sait pas sur quel pied danser et on peine à prendre plaisir à cette lecture, en arborant la même expression coincée qu’elle.
Le second tome est une catastrophe. Envoyée en clinique pour esclaves, Céline y est tantôt amorphe, tantôt métamorphosée en dominatrice. Cette seconde facette, qui aurait pu donner une bonne histoire, ne sera in fine qu’à peine esquissée. Céline est en effet reléguée au second plan pendant les trois quarts de l’histoire, où on voit défiler d’autres personnages dans un foutoir narratif aussi confus qu’ennuyeux. Seule protagoniste à sortir du lot, la compagne de cellule de Céline, mais elle aussi sera un personnage sous-exploité et mal employé. Rien à sauver de ce second opus.
Zoé, le fantôme que j’aimais
Chris
International Presse Magazine
Zoé aurait pu donner un bon thriller psychologique avec du X dedans, il se contentera d’une honnête histoire prétexte à une avalanche de scènes de boule.
Théo a divorcé d’avec Zoé il y a dix ans. Il ne s’en est semble-t-il pas remis, vu comment il perd les pédales le jour où il croise Aurélie, une femme qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son ex.
Du cul tout du long et il faudra s’en contenter. Jamais on ne saura ce qui a traumatisé Théo dans sa rupture avec Zoé pour qu’il soit à ce point hanté par ses souvenirs de sa vie avec elle. La confusion mentale qui l’envahit jusqu’à croire qu’Aurélie est Zoé est amenée progressivement mais sans réel fondement. Pas de détail surinterprété par Théo pour l’amener à penser qu’il s’agit de la même personne, ça se fait, c’est tout, parce que c’est dans le scénario et que ça doit se faire. Dommage, il y aurait eu moyen de proposer une histoire un peu creusée au plan psychologique (à la Ferocius, par exemple) et ne pas se limiter à un enchaînement ininterrompu de boulard.
Fiona
Foxer
Magic Strip
Deux tomes au compteur pour les fantaisies sexuelles de Fiona. Le scénario étant signé Henri Filippini, on sait dès le départ qu’il n’y aura pas grand-chose à attendre de l’histoire. Au moins, on échappe au pire de ce dont il est capable dans sa manie de mettre en scène humiliations, viols, mineures et autres abjections qui sont sa marque de fabrique. Après, c’est pas Byzance non plus avec cette non-intrigue en roue libre totale, qui voit les scènes s’enchaîner moins sur la base d’une trame narrative qu’une constante improvisation au gré des idées qui se présentent. Le gars ne sait pas construire une histoire ni la remplir, il le prouve une fois de plus.
Or donc, Fiona est call-girl à Rome en 1987. La ville et la date importent peu, aucun de ces détails n’est exploité, ce qui fait qu’on se demande où est l’intérêt de les faire figurer. Bref, son boulot, c’est le cul, ce qui justifie d’en avoir plein les cases de la BD. Astuce facile mais vaut mieux ça qu’une justification alambiquée qui ne tient pas debout. On va donc la suivre de parties fines mondaines en prestations privées, parcours entrecoupé de retrouvailles avec son amant Simon.
Le style de Foxer sauve le premier tome, d’une platitude sans nom. Le second volume quant à lui, plus palpitant à sa façon très particulière, tient du nanar par son comique involontaire. À vouloir ajouter des péripéties, rebondissements et coups de théâtre plus cramés que Jeanne d’Arc, les aventures de Fiona finissent par ressembler à un mélange de Dorcel, de Monty Python et de Benny Hill. Du grand nawak, mais on s’ennuie moins que dans le premier opus.
Viols au village (Viet Nam 1970)
Foxer
Le sexe et la guerre
Kim Ngoc
Viols au village (Viet Nam 1970) annonce dès son titre sa douteuse couleur.
Dès sa première case, il annonce aussi qu’on n’est pas parti pour avoir du cohérent, puisqu’il est question de “la fin des années soixante-dix”, donc pas du tout la date annoncée. La guerre semble toujours battre son plein, alors qu’elle s’est terminée en 1975. V’là le contexte posé sur des bases solides…
Des soldats sud-vietnamiens portant de l’équipement américain et des noms chinois débarquent dans un patelin paumé. Une des villageoises sera la cible de viols répétés de leur chef pendant les trois quarts de l’album. Sur le fond et la forme, rien à tirer de cet album, médiocre et gerbant.
Foxer est crédité du scénario, j’ai quelques doutes sur le sujet, tant cette soupe immonde ressemble à du Filippini, pas toujours mentionné comme scénariste. Le dessin de Foxer n’est pas terrible du tout, c’est la signature de bien des dessinateurs sur des scénars de Filippini imposés par l’éditeur (i.e. L’initation de Chris de Xavier Duvet, Mistress Jayne de Jacobsen).
D’autant que ledit scénario est rigoureusement le même que Le sexe et la guerre de Kim Ngoc, lui aussi crédité de l’histoire qu’il dessine (très mal). Tout est identique dans cette version “alternative mais pas trop” : personnages, dialogues, récitatifs, composition des cases… Seul le style de dessin diffère.
Dans un cas comme dans l’autre, ni fait ni à faire.
Witchcraft
Yamatogawa
Tenma Comics
Manga lu en japonais, mais sachez qu’il existe en français.
Un lycéen dont la principale activité consiste à se faire tabasser atterrit chez une diseuse de bonne aventure… qui est aussi hypnotiseuse… et télépathe… Bref, ses compétences s’enrichissent au gré des besoins de ce qu’on appellera faute de mieux un scénario, soit en réalité une suite d’idées empilées les unes sur les autres.
Faut savoir que le hentai fonctionnent comme les autres branches de la grande famille des mangas, en publication par épisode dans des magazines. Parfois le mangaka a une idée claire de la globalité de son arc narratif, la plupart du temps non. La construction de l’histoire avance au gré des idées qui viennent entre deux publications, avec, si la série marche, tout ce qu’on peut imaginer de délayage pour exploiter le filon un maximum de temps, plus des éléments qui se greffent ou disparaissent selon ce qui fonctionne ou pas auprès du public. Bilan : c’est souvent un foutoir qui sent l’impro et ne brille pas par sa cohérence scénaristique.
C’est le cas de Witchcraft, qui voit apparaître des personnages au fur et à mesure des besoins, un peu de SF sortie de nulle part pour mieux y retourner quand tout était orienté fantastique ou urban fantasy. On aura aussi des yakuzas aux motivations confuses, des futanari, des rebondissements défiant toute logique… Une vraie foire où rien n’a de sens.
S’ajoute un travers du hentai, à savoir que le consentement est une notion assez vague. Et encore en prime, le titre est annoncé comme une comédie, un contrat pas respecté, puisqu’il n’y a rien de drôle ni dans les situations ni dans les dialogues.
Bof, bof, bof. On peut dire que la magie n’a pas fonctionné.
Drekbook
Anton Drek
Dynamite
Ce recueil de travaux d’Anton Drek s’ouvre avec les aventures de Wendy Whitebread dans un style et un esprit cousins des Hot Moms et Degenerate Housewives de Rebecca, sauf qu’au lieu de banlieusardes qui s’ennuient, l’héroïne est ici une policière infiltrée sous couverture. On regrettera qu’il n’y ait que deux histoires à se mettre sous la dent de cette parodie déjantée de récit policier, très réussie.
Suivent une cinquantaine de pages de travaux en vrac, illustrations, historiettes de deux, trois pages. Un peu anecdotique, mais ça donne une idée générale de l’univers de l’auteur, tout dans l’hénaurme, le délirant et l’irrévérencieux.
On conclut sur un double récit parodique de Frankenstein, barré au possible, à l’unisson du reste.
Bonne pioche si on aime les histoires de cul qui ne se prennent pas au sérieux, pleines de second degré, de satire et de loufoquerie.
Histoires de SF
James Lemay
Alien Runner met en scène en cinq épisodes de cinq pages une pilote de chasse russe enlevée par des extraterrestres qui la baisent, avant qu’elle ne soit sauvée par d’autres extraterrestres qui la baisent. Pas l’histoire du siècle (euphémisme) et dessin très moyen.
Alien Winter, c’est The Thing de John Carpenter. En moins bien. Beaucoup moins bien. Une base dans l’Antarctique, des aliens. Une intrigue qui pue l’impro comme toute BD dont la parution originale s’est faite en épisodes (ici par tranches de cinq pages), sans direction claire de l’histoire dès le départ et avec des idées qui se greffent en allant. Des gros seins (c’est obsessionnel chez LeMay), des personnages qui sortent de nulle part, des tentacules qui entrent partout. Une fin expéditive qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Rien à sauver de cette chose.
Au pays de Kandi, il y a des méchants et des gentils. La gentille, c’est Kandi, une astronaute qui débarque sur une Terre ravagée par l’apocalypse, avec la Statue de la Liberté empruntée à La planète des singes. Les méchants, ce sont des mutants simiesques, des tentacules, des zombis, des savants fous, des aliens, qui n’ont de cesse, au gré de cette histoire dépourvue de scénario, de pénétrer Kandi par tous les orifices. En général, LeMay ne propose rien de terrible, ici c’est pire, entre dessin médiocre, couleurs criardes et récit aux fraises.
Une jolie couverture, c’est tout ce qu’on retiendra de Stacey Future. Si vous vous attendez à un pastiche érotique de SF des années 50 en style rétro, vous serez déçus. Tout est numérique, en couleurs flashy, sans charme, très dessin amateur du XXIe siècle et loin de l’ambiance pin-up d’antan. Graphisme quelconque, comme tout ce que fait Lemay. Héroïne à gros seins interchangeable avec n’importe laquelle de celles qu’il met en scène dans ses autres histoire. Toujours le même corps et le même visage, seule change la teinte des cheveux. Et comme dans ses autres travaux, histoire qui n’en est pas une, suite de péripéties sexuelles sans queue ni tête, et surtout sans intérêt.
Skylar Moon est une immonde horreur, au graphisme vulgaire et à l’histoire plus cramée que Jan Palach, resucée à l’identique des autres récits de SF de LeMay.
Carnal Science propose quatre histoires et un challenge : laquelle est la pire ? Perso, j’arrive pas à me décider. Chacune rivalise de mauvais goût, d’atrocité dans le graphisme et de débilité dans ce qui fait office de scénario. Ce qui est sûr, c’est que cette purge mentale et visuelle ressemble à n’importe quel autre titre de SF de LeMay. Donc si vous en avez déjà lu un, c’est pareil en tout point, mauvais dans les mêmes proportions et tout autant dispensable.
Amateurs et amatrices de BD olé-olé, rendez-vous dans les autres zones érogènes du blog…
Recueils de chroniques :
– fourre-tout
– un petit coup de fouet
– chaleur hivernale
– l’Histoire, avec un grand H et un petit cul
– winter is cuming
– boule et bulles
– cul en vrac
– fesse-tival
– un grand coup dans ton cul
– et paf !
– pas de l’art mais du cochon
– les vingt culs écrivent l’Histoire
– le jeu de l’amour et du braquemart
– une aiguille dans une botte de fions
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Dossiers :
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