Hot Moms
Rebecca
Dynamite / Eros Comix
Après Degenerate Housewives, on remet le couvert et on retourne visiter la banlieue pavillonnaire américaine et ses MILFs, ménagères et mères de famille, tranquilles et rangées en apparence, qui font sauter le vernis de la respectabilité à grands coups de sex-toys et de braquemards.
La série comporte 17 tomes parus à l’origine chez Eros Comix, ainsi qu’une dix-huitième histoire autoéditée d’après ce que j’ai vu sur une couv’ portant la marque Rebecca’s Publishing.
En France, Dynamite a sorti cinq volumes regroupant chacun deux tomes de l’édition originale, le tout rassemblé en une “intégrale” qui n’en a que le nom, puisqu’elle ne couvre que les n°1 à 10 de la version américaine. (Pour rappel, intégrale, c’est 100%, pas 59%.)
Hot Moms a pour qualité de compléter Housewives at Play (titre original de Degenerate Housewives) et pour défaut de le répéter.
On retrouve le même décor de banlieue propre sur elle, le même contexte de ces ménagères qui s’ennuient dans leur quotidien pétrifié par le conformisme, les mêmes personnages de mères de famille qui s’éclatent en douce de leur père peinard de mari dans des orgies déjantées, la même transgression du puritanisme pour lequel tout n’est que péché sitôt qu’on sort de la procréation (sexe plaisir, homosexualité, sodomie…).
J’ai donc un peu moins accroché à Hot Moms, ayant pas mal ressenti pendant ma lecture de l’ensemble de la série, VF comme VO, une impression de redite, notamment les scènes lesbiennes, qui sont au cœur de Degenerate Housewives et ont ici un air de déjà-vu, et en moins bien, parce que casées dans des saynètes courtes sans développer d’arc narratif plus ample comme ça avait été le cas avec Catherine Mitchell dans la série précédente.
Donc des histoires de cul, avec juste du cul, c’est ça Hot Moms. Après, ça fonctionne en soi, mais après la fresque Degenerate Housewives, le format court semble manquer d’ambition et de propos. À l’inverse, le ton gagne en légèreté et en humour, donc on n’est pas non plus perdant.
Au rang des nouveautés, des mâles. Alors on en croisait ça et là dans Degenerate Housewives, ils sont beaucoup plus présents dans Hot Moms, pour ne dire dans les hots moms. Ils appartiennent à deux types : d’un côté, les maris cocus, pépères encroûtés devant la télé dans leurs charentaises à attendre que bobonne signale l’heure du dîner ; de l’autre, les amants, souvent consommés par paquet de deux, trois, quatre à la fois, parce que ces mamans chaudes ont de l’appétit et du retard à rattraper après des années de frustration. C’est là que se situe le sang neuf de la saga Hot Moms et sa complémentarité avec les Housewives. On y gagne en variété, avec une exploration d’un peu toutes les combinaisons sexuelles possibles et, chez les personnages féminins, un large éventail de caractères (de la plus dominatrice à la plus soumise, de la plus sage à la plus dévergondée, de la plus ingénue à la plus manipulatrice).
Autre changement, là où les Housewives étaient en noir et blanc, les Moms sont en couleur. Le style graphique de Rebecca se prêtant très bien aux nuances de gris, j’ai là aussi préféré la première série à la seconde.
Au final, les tribulations olé-olé de ces banlieusardes délaissées qui ne manquent ni d’énergie ni de ressources pour s’épanouir offrent un voyage agréable dans les suburbs, avec une teinte satirique sur le mode de vie états-unien, cet american way of life si parfait que tout le monde finit par s’y ennuyer.
Le format court des historiettes s’y prêtant bien, je conseillerais de le lire par petits bouts, plutôt que tout d’une traite, sous peine d’avoir vite l’impression de tourner en rond. Et je conseillerais aussi de le lire avant Degenerate Housewives pour avoir de l’univers de Rebecca un premier aperçu global et généraliste à travers une mosaïques de récits indépendants et de personnages à usage unique, avant de passer aux Housewives, avec un arc narratif sur le long terme, centré sur un personnage principal récurrent et sur le thème lesbien.