Le gîte de La Fistinière nous aura fait rêver de 2007 à 2018. Une maison d’hôtes gay dédié au fist-fucking, rien que ça. Avec pignon sur rue, surtout (enfin façon de parler, le gîte étant situé au beau milieu de nulle part). Fini le temps où il fallait se cacher dès lors qu’on n’entrait pas dans le moule petit-bourgeois (blanc, hétéro, valide, marié, deux enfants, missionnaire le samedi soir dans le noir…). Preuve que les temps changent, n’en déplaisent à tous ceux qui sont encore perdus quelque part entre le XIXe siècle et les années 50 du XXe.
Je me rappelle le documentaire consacré à la visite des lieux, La Fistinière caméra au poing, qui avait permis au monde de découvrir la “chapelle fistine” ou encore le “parc d’attrap’fion”. J’aime bien les calembours à deux ronds, ça m’avait fait marrer.
Le privé 1, $… comme sang
Jacques Géron
Jacques Géron Éditions
Un polar érotique avec tous les ingrédients du genre : le privé en imper, la cliente femme fatale, des fausses pistes, des rebondissements, des confidences sur l’oreiller, des coups de feu et un méchant masqué tout droit sorti d’un épisode de Scooby-Doo au plan alambiqué que lui seul parvient à comprendre.
Classique de bout en bout, cette aventure du détective Bobby Ruk se laisse lire mais s’oublie très vite faute de se démarquer de n’importe quel polar générique.
Un second tome est annoncé en fin d’album, j’ignore s’il a vu le jour.
Tigrana
Foxer
CAP
Marie-Laure est brune, réservée et prude, toujours cachée derrière ses lunettes noires. Tigrana est blonde, entreprenante et assoiffée de sexe, elle rend les les hommes fous (au sens le plus littéral, les mecs perdent la boule jusqu’au suicide ou à la catatonie). Le suspense n’en est que la moitié d’un : il s’agit de la même personne.
Foxer livre ici une bonne BD, riche de son style graphique bien à lui. On reste un chouïa sur sa faim quand on referme l’album avec beaucoup de questions irrésolues qui auraient mérité un second tome. Quelle est l’origine de la double personnalité de Marie-Laure/Tigrana ? D’où provient le parfum aphrodisiaque de Tigrana ? Pourquoi Marie-Laure ne quitte jamais ses lunettes noires en public ?
Iris
Jo Cordès
Neptune / CAP
Trois volumes au compteur pour les aventures d’Iris, dont les deux premiers forment un diptyque.
Le tome 1 met du temps à décoller avant d’entrer dans le vif du sujet. On nous présente Annie-Paule, l’héroïne bisexuelle de la trilogie, qui vit à Paris sous l’Occupation en 1943. L’histoire manque de cohérence, entre ses frasques, un gars qui sort de nulle part en pleine nuit pour la sodomiser, un trafic d’armes (dont un anachronique Colt de la guerre de Sécession) pour la Résistance, des services secrets aux méthodes musclées…
Le tome 2 est une suite directe du précédent. Annie-Paule a pour mission de séduire Goering, puis un autre officier allemand, puis elle atterrit dans un bordel parisien où elle tombe sur sa mère, puis elle se fait dépuceler par son contact de la Résistance qui est en réalité une femme transgenre. On l’aura compris, l’intrigue est un vrai foutoir qui part dans tous les sens.
Le tome 3 saute en 1948. La guerre est finie, Annie-Paule est devenue vendeuse. Elle tombe amoureuse d’un gars avec qui elle tringle pendant la moitié de l’album, avant d’être refourguée à un autre type pour éponger des dettes. La voilà prostituée pendant l’autre moitié de l’album.
Les deux premiers volets sont assez sympas à lire. L’intrigue foutraque est la marque de fabrique de Cordès, on sent un jemenfoutisme assumé vis-à-vis de la rigueur narrative. Le gars se fait plaisir à raconter nimp et c’est communicatif. Le dernier tome, par contre, n’est pas bien terrible. Moins foufou dans ce qui fait office de trame narrative, beaucoup plus glauque dans son ambiance avec son personnage malmené de bout en bout, et bien moins travaillé sur le dessin. Le volume de trop.
Mistress Jayne
Jacobsen
CAP
De l’aveu même de Jacobson dans une interview, il s’agit de son “pire album”. Scénario imposé par son éditeur et sans surprise quand on voit le machin, le scénariste est Henri Filippini, spécialiste des histoires glauques et malsaines avec plein de viol dedans (ce que sa page Wikipedia oublie de mentionner en nous le vantant comme un grand historien de la BD).
Les parents de Joanna meurent, elle est confiée à son oncle qui la vend à un vieux barbon. Celui-ci la remet aux bons (?) soins de mistress Jayne qui en fera une esclave sexuelle. Une mineure, de l’humiliation, des coups, des viols, avec un parfum nazillon en prime. Très grande classe, le Riton, quand il scénarise, y a pas à dire…
La biblio de Jacobson est assez fournie pour se tourner vers de bien meilleurs titres que ce torchon gerbant qu’il a dessiné à contrecœur (mais qu’il a dessiné quand même, ce qui ne le dédouane pas de sa part de responsabilité).
Amateurs et amatrices de BD olé-olé, rendez-vous dans les autres zones érogènes du blog…
Recueils de chroniques :
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– un petit coup de fouet
– chaleur hivernale
– l’Histoire, avec un grand H et un petit cul
– winter is cuming
– boule et bulles
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– fesse-tival
– un grand coup dans ton cul
– et paf !
– pas de l’art mais du cochon
– les vingt culs écrivent l’Histoire
– le jeu de l’amour et du braquemart
– une aiguille dans une botte de fions
– quand on tire, on raconte pas sa vie
– coupure de chauffage
– les choses de l’amour
– sur la commode
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– le vice sans la vertu
– histoire(s) de fesses
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– la vie privée des zobs
– explosion de foufoune
Dossiers :
– spécial Paul Alazar
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– confessions érotiques 1er volet
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