Si le SM n’existait pas, les trois quarts des scénaristes et dessinateurs de BD érotique seraient au chômage. Ce qui ne serait pas forcément un mal, vu le peu d’ouvrages qualitatifs à surnager dans l’océan d’une production aussi pléthorique que médiocre…
Lady Roberta
Vinicius
International Presse Magazine
Comme Le Seigneur des Anneaux, Lady Roberta est une trilogie et la comparaison s’arrêtera là, faute d’autres points communs.
Le premier volume, Lady Roberta tout court, nous présente (ou pas, vu qu’on ne saura à peu près rien du personnage) la dame en question dans ses hautes œuvres : une dominatrice qui régit son donjon d’une main de fer. Du cul tout du long, pas de récit, on est plutôt sur une suite de saynètes mises bout à bout pour tenter de faire croire au lecteur que l’ensemble forme un tout. On ne peut pas nier une patte graphique, après faut accrocher à la raideur d’ensemble qui caractérise le trait. Cet album d’ouverture a le mérite de proposer une synthèse honnête du SM le plus débridé.
Les tomes 2, La rivale ou sanglante vengeance, et 3, Love planète, essayent de s’aventurer dans la narration d’une histoire en allant piocher des éléments du côté des Balkans (Albanie et Kosovo). Pas convaincu pour ma part, c’est pas le récit du siècle, loin de là. Quant au versant boulard, il fait pas mal redite avec le premier opus et n’apporte pas grand-chose qu’on n’ait déjà vu.
Domina
S. Muratori & Tulli
International Presse Magazine
Ça commence avec de l’inceste, continue avec de la prostitution, pour s’embarquer vers un mélange de SM, violence, vengance, voyeurisme, chantage, meurtre. Niveau ambiance malsaine, on est donc servi par ce récit foireux de domina à la petite semaine. L’histoire ne présente aucune espèce d’intérêt, oscillant entre simplisme consternant et confusion imbitable. Dessin à l’avenant, qui semble torché sur un coin de table et colorié en mode baveux. Une purge.
Les 3 femmes
S. Muratori & N. Tulli
International Presse Magazine
Barbara, Michela et Adriana sont les trois femmes qui donnent son titre à cet album. Trois scènes de boule vont nous les présenter. Sans surprise, faut pas s’attendre à de la caractérisation de personnage ultra poussée : copies conformes l’une de l’autre, elles sont nymphomanes et portées sur le masochisme, ce qui permet à l’auteur-dessinateur-scénariste de leur faire subir tout un tas de trucs SM dans le cadre d’un genre de thérapie psychiatrique pour le moins absconse (en clair, le scénar est écrit avec les pieds). C’est pas fou au final, le seul mérite de cet album étant d’être un des moins pires de Muratori… ce qui ne suffit pas à en faire une bonne lecture.
Rêves interdits
Marco Pinti
International Presse Magazine
J’ai vu çà et là cet album attribué à la dessinatrice Valentina Pinti. Vu qu’elle est née en 1989 et que certaines cases de la BD portent la mention 97, soit elle était très précoce pour ses 8 ans tant en termes de niveau de dessin que de thématique abordée, soit certains sites de BD dits “spécialisés” devraient revoir à la baisse leur définition de ce qu’est un spécialiste, parce que là, ça ressemble quand même plutôt à de l’amateurisme. Bref, la paternité de l’ouvrage revient à Marco Pinti.
Or donc, le Marco nous conte ici les aventures de Monique Hediard, psychologue et sexologue de renom, en proie à des fantasmes pétris de BDSM hardcore. Meilleur dessinateur que scénariste, Pinti va user de deux ficelles aussi éculées que casse-gueule : le rêve et la double personnalité. Alors oui, le combo autorise tout, sans limites, et peut sembler une bonne solution si on ne se sent pas à l’aise avec la construction d’un récit millimétré au poil de fion, sauf que non, à moins d’être un génie de la narration, le résultat sera un mélange de grand n’importe quoi pour la partie onirique et de confusion totale pour le versant psychiatrique, le tout manquant en prime d’originalité dans son concept et de surprise dans son déroulement.
Pas l’histoire la mieux ficelée du genre, donc, mais on se rattrapera sur le dessin et les fantaisies échevelées de Monique.
La captive
Chris
International Presse Magazine
Resucée de La thèse du même auteur, sauf qu’au lieu d’une étudiante volontaire pour expérimenter le SM dans le cadre de ses travaux de recherche, on a en guise d’héroïne une ex-taularde non-consentante. Ambiance malsaine au menu, récit ennuyeux et dessin très moyen, rien à sauver de ce machin.
Perils of Penelope
Lou Kagan
B&D Pleasures
Perils of Penelope est une vieille série des années 90 dont j’ai pu trouver les numéros 1 (Enter the Scorpion), 2 (Jaws of the Succubus), 4 et 5 (double épisode Cassandra’s Web) mais aucune mention d’un volume 3. Bon, on n’y perd pas grand-chose, parce qu’il n’y a de toute façon pas de quoi casser trois pattes à un canard. Les histoires prétextes ne racontent rien de clair ni de palpitant et ne servent que de vague excuse à mettre en scène des donzelles ligotées et bâillonnées, ce qui devient vite répétitif, défaut classique des titres dédiés au pur bondage. Le dessin ne m’a pas davantage emballé, pas terrible du tout dans le premier volume, un peu meilleur dans les suivants mais sans atteindre des sommets non plus.
Erika
Andrea Fattori
International Presse Magazine
On suit des personnages qui forniquent beaucoup, trop pour laisser place à un quelconque fil narratif. Le dessin est correct sans qu’il y ait non plus de quoi se rouler par terre d’extase. Le SM mis en scène reste très classique, tellement dans les clous de l’image que peuvent s’en faire ceux qui ne pratiquent pas qu’on flirte avec la caricature. Cet album moyen en tout n’a donc rien d’impérissable. Seul détail qui ressort, un penchant marqué pour les piercings ; la date de parution coïncide avec les débuts de la démocratisation du perçage à foison, ceci explique cela.
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