Une chanson de 1937 interprétée par Jeanne Aubert brocardait les congé payés sous la plume de Willemetz et Rip, paroliers un peu de droite (voire carrément réac pour le second). Le refrain aura au moins eu le mérite de laisser à la langue française l’expression “le cul sur la commode”, devenue depuis un fourre-tout qui veut tout et rien dire.
N’étant pas expert en mobilier, je ferai abstraction des derniers mots pour me concentrer sur les deux premiers : le cul.
La soif du mâle
Olson
Internationale Presse Magazine
Olson en très petite forme pour son pire album. Le scénario est imbitable, même Inception paraît simpliste en comparaison de ce récit où il y a un rêve dans une histoire de frères morts mais pas vraiment mais en fait si, le tout dans un film, qui trouve le moyen de déborder sur le monde réel, sans qu’on sache trop où commence la fiction dans la fiction. Alors, ça aurait pu être une bonne idée, quelque part entre l’esprit des travaux du dessinateur Maurits Cornelis Escher et l’écran vu comme une passerelle entre univers cinématographique et monde réel comme dans Last Action Hero ou The Frame. Mais là non, c’est juste mal branlé, une astuce d’écriture grossière. Le rêve ne sert comme trop souvent que de grosse ficelle pour amener des scènes de cul barrées. Merci le topos… Quant à la partie vengeance autour du frangin assassiné, elle est censée apporter une caution sérieuse de thriller, ce en quoi elle échoue parce qu’en décalage total avec le segment onirique plutôt décontracté. Pire, ce polar noir du pauvre sert à justifier le viol de l’héroïne, scène dont on se serait bien passé (et qui aurait pu être casée en mode consenti dans la partie onirique, c’est donc bien un choix délibéré du glauque).
Cette purge est servie par un dessin moyen, on a connu Olson plus alerte avec un crayon. Rien à sauver de cet album.
100 degrees in the shade
Howard Lake (scénar) & Art Wetherell (dessin)
Eros Comix
Si vous avez connu le programme Hollywood Night sur TF1 dans les années 90, vous ne serez pas dépaysé avec ce 100 degrees in the shade. C’est comme à la grande époque ! Une intrigue débile (ici une meuf kidnappée par une secte de fanatiques chrétiens), un thriller sans tension parce que mal écrit, des flingues mais qui ne tirent pas beaucoup parce que pas le budget pour les munitions, un héros qui pourrait être Lorenzo Lamas, du cul qui ne montre rien plus vulgos qu’érotique.
Howard Lake scénarise les 4 tomes d’une vingtaine de pages chacun de ces cent degrés de l’ennui parus en 1992 ; Art Wetherell dessine les trois premiers sans se fouler et Barry Forshaw massacre le dernier, au trait grossier comme pas permis. Rien de folichon dans ce titre qui oscille entre le très moyen et le médiocre.
Ruby Shaft’s: Tales of the Unexpurgated
Art Wetherell
Eros Comix
Le numéro 1 des aventures de Ruby est aussi le dernier. Très court, 20 pages, mais glouton : ce comics bouffe à tous les râteliers en piochant chez Elvira, Vampirella, Frankenstein, les monstres de la Hammer des années 50 à 70… Historiettes express (trois de 4 pages, une de 8), érotisme très, très soft au menu, ambiance plutôt bon enfant et humoristique, ces Contes de la crypte sexy se lisent sans déplaisir et auraient mérités d’être déclinés sur quelques numéros supplémentaires.
Akeronya
Atilio Gambedotti & Ivan Guevara
French Kiss Comix
Deux R sur la couv’, un seul dans la BD, Akeronya a du mal à se fixer sur son propre nom… Les vilains Zankokus attaquent le royaume et trois damoiselles sont mandatées pour le sauver. Rikka, Masami et Kaisla doivent trouver sept gugusses pour alimenter en énergie une gemme magique capable de fumer la tour qui donne leur puissance aux Zankokus.
Ça, c’était l’idée de départ… En pratique, le scénar passe vite au second plan, haché par un découpage en historiettes qui mettent en scène telle ou telle partie de la quête du trio. Chaque saynète n’est prétexte qu’à du boulard tout du long sans développer le moindre semblant d’intrigue ni exploiter son potentiel de fantasy. L’aventure restera inachevée faute d’un second tome pour la boucler. Le dessin n’est pas fou, ce qui n’étonnera pas de la part de Gambedotti, graphiste plutôt moyen.
Au final, une BD pas bonne mais pas hyper mauvaise non plus, juste très moyenne et dispensable.
Prudence
Lubrix
International Presse Magazine
Prudence est dessinatrice et se voit proposer un reportage en Arabie. Elle rentre chez elle, contente, et baise. Une fois sur place, les choses ne se passent pas comme prévu. Là voilà capturée par des bandits du désert avec lesquels elle baise. L’émir pour lequel elle devait assurer le reportage vient la libérer. Pour fêter ça, elle baise avec lui, puis son harem. Ensuite, elle dessine tout en baisant encore et encore, jusqu’au moment où il est temps de rentrer à la maison pour un autre reportage.
Pas très folichon comme histoire, aussi vide que répétitive, rien que du déjà vu dans ce contexte d’un Moyen-Orient d’Épinal (les chameaux, les djellabahs, le harem…), le tout servi par un dessin très, très bof.
Tournante aux Caraïbes
Roberta Morucci & Tulli
International Presse Magazine
Y avait-il besoin de se mettre à deux pour accoucher d’une merde pareille ? Non.
Ça démarre comme une croisière sur la mer des Antilles, et PAF ! Des pirates attaquent le bateau, violent les femmes et les tabassent sur une dizaine de pages, avant de les emmener sur leur île, où ils les violeront et savateront sur une bonne vingtaine de pages. Mais tout est bien qui finit bien dans les deux dernières planches où on apprend qu’en fait, tout cela n’était qu’une mise en scène avec des pirates qui sont en réalité des acteurs payés par le richard qui organisait la croisière. Ah ben, ça va alors, on est rassuré, tout baigne… Et tout le monde de sourire dans les dernières cases comme à une bonne blague. Y compris les femmes qui ont été fouettées, baffées, cognées et violées tout du long et pour de vrai, puiqu’elles ne sont ni dans la combine, ni actrices payées pour tenir un rôle, ni consentantes ni rien. Une BD super glauque et malsaine, d’une connerie insondable et mal dessinée par-dessus le marché. Un étron de bout en bout.
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