Pour fêter comme il se doit la montée de sève printanière, petit tour d’horizon de mes dernières lectures en matière de bande dessinée érotique avec Les folles nuits de Cryptée (Ardem), Les trois sœurs Darnum (Ardem), la série Angie (Chris), Quand Cupidon s’emmêle (Manunta) et Déviances (Muñoz).
Les folles nuits de Cryptée
Ardem
Glénat / Le Marquis
Sans doute un des meilleurs Ardem pour le dessin, plus fouillé que dans ses productions bas de gamme pour Media 1000. Seul hic, les personnages féminins ont tous un air de ressemblance prononcé et on ne sait plus trop par moments qui est qui.
Les folles nuits de Cryptée a été un des premiers Ardem, du temps où il faisait encore des efforts pour tenter de raconter une histoire. Après, le gars n’est clairement pas un bon scénariste, m’enfin y avait une volonté de bien faire qui a disparu par la suite. Là, niveau histoire, y a de quoi lire ! Du texte, beaucoup de texte, une tonne de texte jusqu’à, sur certaines planches, manger la moitié des cases, voire occuper des cases complètes, au point que la BD en devient limite un roman-photo.
Les trois sœurs Darnum
Ardem
Glénat / Le Marquis
Les trois sœurs Darnum est souvent considéré comme le chef d’œuvre d’Ardem. Mollo sur la dithyrambe, les gars. D’une, une bonne partie de sa biblio est composée de travaux torchés à la va-vite pour alimenter la collection cheapos Media 1000, donc à côté n’importe quel album à peu près propre passe pour une œuvre d’art. De deux, c’est pas foufou le trio de sisters Trucmuche.
Le dessin est très bon, là-dessus, rien à dire. Du haut niveau comme on aurait aimé en voir plus souvent sa production érotique ou pornographique.
Mais alors l’histoire… On nous annonce du futuriste et de l’anticipation et… euh… ben non. On se croirait plutôt dans un trip aux champignons à la Alice au pays des merveilles. L’intrigue, quant à elle, est cafouilleuse. Donc le chef-d’œuvre, hein, on en est loin.
Une BD à feuilleter pour le dessin excellent, mais c’est tout.
Angie
Chris
Dynamite
Quatre volumes pour les aventures olé-olé d’Angie, regroupés en une intégrale chez Dynamite.
Plus occupée par ses activités de nymphomane que d’infirmière, Angie bosse tour à tour à l’hôpital (tome 1), au service privé d’un papy pété d’oseille (tome 2), puis d’un actionnaire chinois moins vieux mais tout aussi riche (tome 3) et enfin dans une prison (tome 4). Au cours de ses pérégrinations, entre sexe classique et BDSM soft, elle se tape à peu près tout le monde : médecins, infirmières, cambrioleurs, geôliers, ses employeurs, un nain, un lutteur de sumo… On l’aura compris, le scénario est à l’image des films X de l’époque (années 70-80), un fil ténu et linéaire qui conduit l’héroïne d’un partenaire à l’autre sans réelle histoire.
L’absence de fantaisies hardcore outrancières donne un côté plutôt reposant à cette série, qui permet de reprendre son souffle quand on commence à fatiguer des productions bourrines XXX.
Quand Cupidon s’emmêle
Giuseppe Manunta
Tabou
Recueil de petites histoires de Manunta, un peu drôles, un peu désabusées, un peu à chute. En clair, une compil parfaitement random sans la moindre unité autre que le nom du dessinateur.
Lecture sympathique mais pas inoubliable.
Déviances
Bernardo Muñoz
Tabou
Réédition de l’album Canicules paru en 1999 dans la collection Selen présente chez Vents d’Ouest, mais pas que. Déviances s’enrichit de plusieurs histoires qui ne figuraient pas dans le recueil original.
Viol, machisme, voyeurisme, inceste, nécrophilie, l’ambiance est dans l’ensemble glauque, noire, tragique. En même temps, l’album s’appelle Déviances, pas Youpi la fiesta. Sombre et déviant, mais à la manière d’un auteur : Muñoz écrit et décrit, il ne se complaît pas ni ne glorifie ce qu’il raconte.
Quelques récits donnent dans le registre de l’humour ou du romantisme, histoire de s’aérer l’esprit entre deux drames. L’ensemble manque de ce fait d’unité de ton mais permet de voir l’ensemble de la palette narrative de Muñoz.
District 69
District 69 Saison 2
Carjim
Tabou
Recueil d’historiettes sur un (très vague) fond policier, District 69 est une parfaite horreur graphique et narrative.
Pas la peine de chercher le moindre semblant d’embryon de scénario dans les saynètes, l’intrigue (sic) se contente de mettre deux (ou davantage) personnages en présence l’un de l’autre sur la première page et ils forniquent jusqu’à la fin de l’épisode. Les dialogues sont affligeants quand il y en a, la moitié des bulles se contentant d’aligner des “mmmmhhhh”, “oh oui !”, “ouch, ouch, ouch”, à croire qu’un enfant de six mois les a rédigées. Quant au dessin, du numérique pauvre et simpliste dans le meilleur des cas, hideux les trois quarts du temps.
Comme si le premier tome ne suffisait pas, il y en a un second, tout aussi affreux et mal branlé.
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