Confessions érotiques BD

Pietro Longhi La confession
La confession (tableau de Pietro Longhi)

Fleuron à sa façon de Média 1000, rééditée par Dynamite, la collection Confessions érotiques propose depuis des décennies ce qu’il y a de pire en matière de romans pornographiques. Elle a été déclinée en BD… et c’est pas bien plus glorieux !
En route pour un tour d’horizon pas piqué des vers !

Confessions érotiques BD
Média 1000 / Dynamite

Or donc, ici, on touche le fond du fond. La collection Confessions érotiques de Média1000 propose à la base du roman XXX entrée de gamme pour ne pas dire au rabais. Le principe est simple : un prénom féminin, un titre racoleur à rallonge et du gros boulard qui tache, grossier, vulgaire, mal écrit, qui voit la narratrice soumises aux pires turpitudes, le plus souvent pas de son plein gré. J’en ai lu quelques-uns, c’est pas bien terrible.
La collection a aussi été déclinée en BD, dont une bonne partie a été dessinée par Ardem ou par Chris. L’éditeur Dynamite en a repris certains en raccourcissant les titres, ce qui ne change rien à l’affaire. Le texte reste d’une obscénité sans nom, avec des dialogues très datés qui font plutôt rire aujourd’hui pour leur côté rétro, kitsch, nawak. Le dessin est le plus souvent très très moyen, on sent l’œuvre de commande, le travail alimentaire vite plié sans soin particulier.
Faut être honnête, il n’y a pas grand-chose à sauver dans l’ensemble des publications de la collection Confessions érotiques, trop marquée par les vieux clichés du porn des années 80-90.
Si l’échantillon qui suit ne vous suffit pas, sachez qu’il y a un second volet sur le sujet.

Vices au camping Chris Confessions érotiques BD Brigitte Dynamite

Vices au camping (Brigitte / Chris)
Vices au camping est la réédition de la confession érotique de Brigitte intitulée J’ai découvert le vice au camping. Brigitte part en vacances avec son amie Lucie, elles forniquent tout du long au gré de leurs rencontres avec d’autres vacanciers, ou des vacancières, ou entre elles. Voilà. Au moins, l’intrigue est simple à comprendre. Sans doute un des moins pires de la collection sur le fond, puisque pour une fois, ces dames sont consentantes tout du long. L’absence de sexe forcé étant rarissime dans les Confessions érotiques, ce point méritait d’être souligné. Sinon, le dessin de Chris est à peu près correct, pas hideux (sauf la couv’, c’est quoi cette main ???) mais basique.

Jeune fille au pair Chris Confessions érotiques BD Ingrid Dynamite

Jeune fille au pair (Ingrid / Chris)
Réédition de la confession d’Ingrid intitulée J’étais jeune fille au pair chez un médecin anglais. Toute ma génération a attendu la réponse à la célèbre question des Inconnus : Ingrid, est-ce que tu baises ? À en juger par le contenu de cette BD, la réponse est oui.
Ingrid part à Londres, entre au service du docteur Benson comme secrétaire médicale, se tape le toubib, sa femme, les deux en même temps, leur fils, la maîtresse du doc, et devient le jouet sexuel soumis de tout ce petit monde.
Simpliste, assez efficace finalement pour ce que ça cherche à faire (raconter du cul et rien que du cul), avec un dessin correct sans être renversant (sauf la couv’ et ce pouce à l’angle improbable).

Le bistrot des perversions Chris Confessions érotiques BD Sandra Dynamite

Le bistrot des perversions (Sandra / Chris)
Je suis devenue serveuse dans un bistrot très spécial se confessait Sandra dans un titre interminable devenu Le bistrot des perversions dans sa réédition.
Si le contenu en lui-même n’est pas génial – une énième histoire de serveuse de bar sur laquelle tout le monde passe – j’avoue avoir beaucoup rigolé à la lecture du texte, qui est truffé de coquilles que Dynamite n’a pas pris soin de corriger en rééditant ce titre antique. “À l’arée de ma fente luissante de désir”, jolie double faute sur “orée” et “luisante”. Plus loin, mes préférées : “la porte s’ouvra” et “j’excita mon clitoris”. Je ne connaissais pas ces formes du passé simple… Bref, avec en moyenne une faute par page, le travail éditorial est en-dessous de tout.

Epouse bourgeoise soumise à un voyou Chris Confessions érotiques BD Maud Dynamite

Épouse bourgeoise soumise à un voyou (Maud / Chris)
La confession de Maud, on la trouve aussi sous le titre Esclave sexuelle d’un voyou et Femme de médecin insatisfaite, je suis devenue l’esclave sexuelle d’un voyou. Tous ces titres mis bout à bout résument le bouquin : Maud est une bourgeoise mariée à Pierre, un médecin qui la laisse insatisfaite sur le plan sexuel, et la voilà qui s’amourache de Denis, un bad boy qui va faire d’elle sa chose, son jouet, son esclave, et la prêter à ses copains. Et tout ça sous l’œil complice de Pierre, parce que… euh… parce que c’est dans le scénario qui n’a ni queue ni tête. Le dessin est à l’avenant de l’histoire boiteuse : bas de gamme.
Femme-objet, sexe forcé, humiliation, tartes dans la gueule par l’amant, violences conjugales du mari et, sur le finish des vingt dernières pages, racisme, soit un festival ininterrompu de malsain et de nauséabond dans chacune des cases. Un exploit, d’une certaine façon…
À fuir comme la peste.

J'ai découvert l'amour dans les bras d'un Africain Chris Confessions érotiques BD Nadine Dynamite

J’ai découvert l’amour dans les bras d’un Africain (Nadine / Chris)
La peu glorieuse collection des Confessions érotiques atteint le fond de la poubelle avec celle de Nadine. Déjà que d’habitude les histoires ne brillent pas par leur scénario, ici il n’y en a aucun. Le dessin ne vole pas bien haut, donc on ne risque pas de se rattraper avec les images. Et pour couronner le tout, clichés racistes à gogo. Alors merci mais non, au revoir.

Bizutage à la fac Chris Confessions érotiques BD Nathalie Dynamite

Bizutage à la fac (Nathalie / Chris)
À la fac, j’ai subi un bizutage qui a dégénéré annonce Nathalie dans le titre original. Pour avoir lu la BD, c’est pas un bizutage, ça, c’est un viol collectif. Ininterrompu pendant 150 pages. Autant dire qu’il faut s’accrocher pour s’enfiler ce torchon.
Rien à sauver. Et c’est dommage, parce qu’il y a quelques idées de jeux potaches dans le dernier quart qui auraient donner du marrant dans un cadre jovial et bon enfant de fantaisies sexuelles – consentantes, of course – entre fraternités de fac. Là, c’est juste gerbant.

Serveuse dans un salon très spécial Chris Confessions érotiques BD Tina Dynamite

Serveuse dans un salon très spécial (Tina / Chris)
En débarquant du Vietnam, je suis devenue serveuse dans un salon très spécial, nous raconte Tina, qui décroche l’Oscar du titre à rallonge. À travers certains de ses personnages – une héroïne vietnamienne, un Noir, deux Arabes – l’album quant à lui surpasse tout ce qu’on peut imaginer en matière de clichés racistes et de stéréotypes xénophobes.
Que cet album ait pu paraître une fois, déjà, je comprends pas. Mais qu’il ait été réédité en 2014, soit à une époque où ce genre de conneries à la Michel Leeb ne passe plus du tout, ça dépasse l’entendement…

Les vestiaires de la honte Bob Luber Dynamite

Les vestiaires de la honte (Marie-Cécile / Bob Luber)
À sa première édition de 1997, c’était la confession de Marie-Cécile et elle s’intitulait La natation m’a fait découvrir des plaisirs inconnus.
Marie-Cécile s’ennuie avec son mari bourgeois et pépère bien plus âgé qu’elle. Pour s’occuper, elle fréquente un club de loisirs, où elle rencontre Bernard, un maître-nageur. Voilà pour le pitch. Marie-Cécile et Bernard baisent ensuite pendant 150 pages. Voilà pour le récit détaillé de la totalité du bouquin. Vraiment, y a que ça du début à la fin et rien d’autre à chercher. Du cul plutôt classique, donc bon, pas folichon. Un dessin à l’emporte-pièce, pas renversant non plus de qualité.
Aucun intérêt, donc. Le changement de titre n’a pas rendu pas le bouquin meilleur. On aurait aussi aimé que l’éditeur fasse ce qu’il est censé faire : un travail éditorial. Là aussi, minimum syndical. J’ai relevé une quantité prodigieuse de coquilles, des fautes d’accord (p.10 : “des maîtres nageur”, mi-singulier, mi-pluriel, avec trait d’union en option), de conjugaison (p.22 : “elle ne vas pas te mordre”), de ponctuation (p.19 : “je le laissais ! me dénuder…”) et d’accentuation (p.9 : “plante-là a fond” au lieu de “plante-la à fond”), d’orthographe (p.87 : “vous avez de sacrés morceux entre les jambes”), et à l’occasion des mots manquants (p.83 : “elle neuve du petit trou” et le verbe être, il est où ? DTC sans doute). On en trouve à chaque page, bravo le travail torché…

Secrétaire soumise Adeline Laura Zick confessions érotiques BD Dynamite

Secrétaire soumise (Adeline / Laura Zick)
Adeline mène une vie pas bien palpitante de secrétaire mariée à un financier qui ne la satisfait pas au plumard. Son nouveau patron, un homme charmant qui n’hésite pas à recourir à l’autoritarisme, à la mandale et au chantage, corrige le tir en faisant découvrir à son employée l’avilissement de devenir, je cite, sa “poubelle à foutre”. Adeline aime ça, parce que c’est dans le scénario, et trouvera son épanouissement sexuel à se faire passer dessus par tout un chacun. Cette trajectoire ne présente pas le moindre intérêt, trame usée jusqu’à la corde dans la collection des confessions érotiques. On en dira autant des scènes de cul qui ne proposent rien qu’on n’ait déjà lu un milliard de fois.
Négligée par mon mari, je suis devenue l’esclave de mon employeur vicieux s’intitulait à l’origine le témoignage d’Adeline. Le titre original interminable s’est vu raccourci à la hache pour tenir en deux mots. Raccord avec le graphisme sans doute produit à l’aide du même instrument. C’est là que se situe le seul point positif de cet opus. Combien de fois on a vu une magnifique couverture de BD, fourmillement de détails hyper chiadés, avant de tomber de haut en voyant que le dessin intérieur se situe très, très en dessous. Là non : on est prévenu d’entrée par la couv’ hideuse qu’il n’y a rien à attendre du graphisme. Trait grossier et approximatif, personnages féminins qui ressemblent à des clones avec plus ou moins la même tronche ratée, des yeux, bouches et nez à géométrie variable, trop grands et souvent de traviole, défiant les lois de la perspective et de l’anatomie.

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Publié le Catégories Critiques express

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