Elle n’était pas prévue sur les plans de l’édifice, elle a pourtant vu le jour…
La tour Wayne !
À la base, je comptais installer un lavabo. C’est le petit machin blanc à droite sur la photo. La figurine à gauche, c’est pour donner une idée de l’échelle. La structure au milieu, c’est le résultat d’une légère perte de contrôle de la situation…
L’impro totale a accouché d’une tour de Babel de quatre niveaux empilés au gré des idées et autant de salles supplémentaires, juste pour intégrer une malheureuse cuvette en faïence et son robinet. On est peu de chose…
La tour Wayne
Il est beau, le lavabo
Dire que tout est parti d’un lavabo… Trois, pour être précis. Montés ensemble dans la boîte Harry Potter 76386, je voulais les recycler dans la Batcave, comme je l’avais déjà fait avec les toilettes du même set (cf. épisode 9), si possible en conservant le passage secret caché derrière celui du milieu.
Il restait une plateforme disponible à une extrémité du premier niveau, je me suis dit que j’allais y installer ma robinetterie. Ladite plateforme étant censée communiquer avec le rez-de-chaussée via un escalier et avec le reste du premier niveau, la place disponible se trouvait limitée d’autant pour ménager les accès et l’espace de circulation. Soit tout juste la largeur pour caser le trio de lavabos. Construction mineure au programme donc : les rince-mains et derrière une mini salle cachée, en l’occurrence le local à ordures, puisque je dispose d’un copieux stock de poubelles et je voyais là l’occasion de me délester d’une partie tout en apportant une touche décalée supplémentaire à l’édifice (c’est pas tous les jours qu’on voit Batman sortir les poubelles).
Ça s’annonçait comme un petit ajout de rien du tout. De toute évidence, ça a foiré.
Ce soir, je serai la poubelle pour aller danser
Je pose mes lavabos en préservant le mécanisme d’origine pour soulever celui du milieu, j’édifie un pan de mur irrégulier sur le côté pour symboliser la localisation souterraine de l’édifice, puis les parois de mon local à poubelles. Sur le devant de ce dernier, une petite charnière pour ménager une autre entrée secrète.
C’est là que j’aurais dû me méfier.
Deux accès dissimulés rien que pour vider les ordures, le signe indubitable que j’étais encore dans un grand jour de joyeux délire foutraque…
Bon après, le mur frontal pivotant, il avait aussi sa raison d’être, d’ordre pratique, pour que moi – et pas seulement les minifigs de la Batcave – je puisse accéder à l’intérieur et bidouiller la pièce, et aussi faire passer la lumière pour les photos.
Dans un premier temps, j’installe TOUTES les poubelles que je possède, soit sept. La salle est remplie à ras bord, mais l’idée marrante sur le papier ne rend pas grand-chose. La débauche de boîtes à déchets n’a pas le résultat comique escompté. Je me montre raisonnable et me contente donc de quatre.
Highway to jail
Comme j’avais récupéré dans un lot de brocante quelques accessoires permettant d’équiper une chambre de torture (menottes, seringue, scie circulaire, fer à souder, gégène…), je me suis dit que ce serait l’occasion de les disposer là. Certes, jouer les Torquemada ne fait pas partie des méthodes de Batman, mais je voyais bien justifier la présence de cet attirail d’inquisiteur comme une ancienne salle d’interrogatoire, construite aux origines de la Batcave par un jeune Bruce Wayne au tout début de sa carrière de justicier, encore inexpérimenté, pas trop sûr de la direction morale à prendre, un peu foufou, assoiffé de vengeance, et qui ne l’aurait finalement jamais utilisée, préférant s’orienter vers des procédés un peu moins gestapistes pour soutirer des infos aux suspects. Désaffectée, elle aurait été reconvertie pour stocker les ordures en attendant le passage des éboueurs.
Sauf que l’espace est déjà bien mangé par les poubelles et l’escalier, pas évident de tout caser dans la pièce du rez-de-chaussée.
Que je choisis de doter d’un escalier et de surélever un chouïa pour aménager un palier supplémentaire où se situeront les ustensiles.
Dans la foulée, pour utiliser mon stock de cadres munis de barreaux, je bâtis une cellule, pièce qui n’existe pas dans les comics mais récurrente dans la plupart des Batcave Lego.
La petite bête qui monte, qui monte
Les choses ont failli en rester là.
Mais…
Il restait un petit espace ouvert sur un côté, prévu à l’origine pour que je puisse glisser les doigts sans devoir tout démonter des fois qu’il faille retoucher la salle en ajoutant un accessoire ou deux au gré des trouvailles en brocante.
Sauf qu’un lieu de détention ouvert aux quatre vents, ça faisait tache.
Il traînait une échelle dans ma réserve de pièces. En l’insérant avec astuce (deux tenons sur les quatre solidaires du reste, les deux autres libres) pour qu’elle puisse pivoter, combo gagnant ! En position ouverte, mes doigts passent ; rabattue, elle clôt l’espace grâce à ses barreaux qui raccordent avec l’esthétique pénitencière de l’endroit.
C’est là que mon impro est partie en vrille totale.
Quand je me suis dit que tant qu’à avoir une échelle, autant qu’elle conduise quelque part.
Donc monter la construction d’un niveau.
Encore.
Money, money, money
J’ai failli me montrer raisonnable. De toute évidence, ça a foiré (bis).
Première idée, une simple plateforme qui aurait fait office de toit pour ce qui n’était encore qu’une tourelle et aurait permis de poser dessus le centre de commande… qui ne passait pas, trop grand, et coinçait par rapport au corps principal du bâtiment.
Bon…
Je farfouille dans la caisse de pièces mises de côté pour la Batcave.
Tombe sur une ribambelle de briquettes représentant des billets de banque.
Tilt !
Une bombe d’inspiration est tombée, tissant un lien entre ces biffetons, la base de tour carrée, les millions de Bruce et la tour Wayne.
Tant qu’à être lancé dans l’impro, tant qu’à faire le chien fou, autant y aller à fond et se lâcher !
Or donc, voici la révélation du secret de la fortune des Wayne : ils fabriquent leur pognon avec une presse à billets.
La difficulté de cette salle a résidé dans son socle. Pas moyen d’utiliser une de mes habituelles plaques en 16×16, fallait forcément un trou pour passer par l’échelle. J’ai donc mis bout à bout des plaquettes, solidaires entre elles grâce aux éléments emboîtés dessus (murs, carrelage) et, par en dessous, un jeu de barres et plaques qui épouse les contours des murs du niveau inférieur autour desquels il vient s’encastrer, son épaisseur assurant la stabilité pour éviter tout basculement.
Et c’est comme ça que je me suis retrouvé avec une imprimerie dans ma Batcave. Logique (ou pas).
Presse à imprimer, réserve de papier monnaie vierge et d’encre, piles de billets verts, l’éternel biffeton qui traîne par terre, coffres de pirate pour le stockage du magot, caisse enregistreuse pour en calculer le montant et une fresque qui court tout autour pour bien montrer que Bruce Wayne possède un paquet de flouse jusqu’à pouvoir littéralement en tapisser les murs.
Le compte est bon.
À la fin du montage de la forteresse de l’Eldorado, il restait une monnaie royale. Pour peaufiner la salle, je me suis dit que tant qu’à fabriquer ses billets, Bruce pouvait faire la même chose avec les pièces.
L’étagère gauche s’enrichit de cet écu, d’une autre piécette récupérée d’un calendrier de l’avent City et d’une paire de lingots d’or et d’argent à fondre pour les convertir en espèces sonnantes et trébuchantes. L’atelier de frappe, minimaliste, prend place sous l’étagère droite.
Ce que j’adore dans cette pièce, au-delà de l’humour décalé du mec qui possède sa propre presse à billets, c’est qu’elle donne à ma représentation de Batman une teinte particulière.
La frappe monétaire est un monopole étatique. Un privilège au sens où on l’entendait sous l’Ancien Régime. Fabriquer son propre oseille signifie nier à l’État ce privilège.
Le Bruce Wayne de ma Batcave n’est donc pas une saleté de capitaliste qui engrange du blé via un empire d’entreprises sur le dos d’employés exploités pour des salaires de misère. Mon Bruce Wayne est un anarchiste. Un anarchiste milliardaire qui se roule dans son flouse mais quand même.
Toit, toit, mon toit
Le toit n’aurait dû être qu’une simple toiture posée sur l’imprimerie. Objectif initial : écluser mon stock de briques inclinées. Celui-là au moins est rempli.
Mais encore une fois, une chose en entraînant une autre, la simplicité a dérapé sur le verglas de l’inspiration.
L’idée de départ consistait à assurer la solidité de la toiture avec un mur plein devant, un autre derrière et au milieu un remplissage de soutènement avec des briques abîmées inutilisables autrement que camouflées dans ce genre de structure.
Mais je trouvais dommage de perdre de la place. Même rikiki vu la faible hauteur de plafond et la sous-pente. Surtout que les sous-pentes, ça me connaît, j’en ai une dans ma chambre – celle-là même qui m’empêche de glisser ma désormais trop haute tour Wayne à l’emplacement prévu et va m’obliger à déplacer TOUT l’édifice à un autre endroit plus spacieux.
Vu le nombre de clins d’œil à mon environnement glissés dans la Batcave (i.e. ma piaule pour la chambre à coucher et le cinéma de mon enfance), il eût été dommage de ne pas saisir l’occasion d’en remettre une couche via cette sous-pente de l’enfer qui ne me facilité pas la vie pour caser ma collection de Lego (un AT-AT ne passe pas en hauteur par exemple).
Premier point à régler, l’accès aux lieux, pas simple. Impossible d’ajouter un escalier dans l’imprimerie, très compliqué d’en mettre un passant par l’extérieur sur le modèle des escaliers de secours à l’américaine comme on voit dans les films.
Restait l’option du téléporteur ou de la voie des airs, ce qui dans un cas comme dans l’autre impliquait l’ajout d’une plateforme externe pour une cabine de téléportation ou une piste d’atterrisage. Le transport aérien a été retenu, mais je garde sous le coude l’option La Mouche pour la glisser ailleurs et faciliter les déplacements d’Oracle.
Pour l’aménagement intérieur, des idées germent, beaucoup se retrouvent écartées parce que l’endroit redéfinit la notion d’exigu. Manque jamais grand-chose, mais rien ne passe.
Ni une, ni deux, au point où on en est, je relève la toiture d’une hauteur de brique, ce qui me permet de meubler l’endroit avec canapé et table basse chargée de victuailles, un petit nid douillet où Batman et Catwoman pourront dîner en tête à tête mais de profil (aka côte à côte) devant leur home cinéma, réchauffés par un feu de cheminée.
This is the end
Le résultat final de cet interminable empilement d’idées et de briques est une tour Wayne biscornue assez éloignée dans son style du corps principal du bâtiment, tout en lignes droites, salles carrées et ajustements où rien ne dépasse.
Et c’est là que je me suis retrouvé embarqué dans un autre truc que je ne voulais pas faire : l’écriture. Parce qu’on sait où ça commence mais jamais où ça s’arrête et on peut vite partir très loin (surtout quand on a ma faculté à se laisser emporter par ses délires…).
Vu que j’avais commencé à bricoler un background pour justifier la présence des instruments de torture, vu que j’avais continué en définissant les contours d’un Bruce Wayne anarchiste, je n’étais plus à ça près : j’avais déjà les deux pieds dedans.
Je suis donc reparti sur cette histoire des débuts de Batman pour justifier la forme de la tour. Son emplacement se situe pile au-dessus de la plus vieille Batmobile du garage, celle de la série des années 60 (réf. Lego 76188), ça tombe bien. On imaginera qu’il s’agit du premier jet de la Batcave, avec un garage tout simple pour une seule bagnole, surmonté d’un antre composé de l’imprimerie et de cette fameuse salle d’interrogatoire qui n’a jamais servi, parce que la fausse monnaie, oui, mais la torture, non (ce qui correspond plus ou moins dans le second cas à la trajectoire officielle du Chevalier Noir, bien bourrin au démarrage du comics avec sa paire de flingues, avant de choisir quelques années plus tard de laisser tomber les armes à feu).
Ce prototype de Batcave se sera agrandi au fil du temps, selon les besoins liés à l’accroissement du parc automobile et à l’arrivée des renforts venus lui prêter main-forte dans sa lutte contre le crime… soit le même chemin que celui de ce chantier Lego depuis que je l’ai commencé.
Je me serai vraiment éclaté sur cette construction ! Alors sur les autres aussi, hein, mais pas de la même façon. Sur la plupart des salles, la satisfaction venait du fait de les avoir bien pensées à l’avance, de savoir où j’allais pendant la construction et de voir le résultat prendre forme pour arriver à ce que je voulais, alors que sur cette tour, c’était impro totale tout du long, à se laisser porter par les idées comme elles venaient, tester, pester, prendre une poignée de briques, voir où ça menait, revenir en arrière… Une bonne occasion de sortir un peu du schéma habituel des autres pièces (deux ouvertures latérales, un mur du fond, avec quand même une différence qui se fait sur la thématique et les bonus propres à chaque pièce – rideau dans le cinéma, passage secret dans la salle au trésor, surenchère d’armes dans l’arsenal), avec cette structure différente , tout en impro aussi. Un changement d’air salutaire pour éviter de s’encroûter dans la même recette.
C’est parti d’un lavabo, donc…
Série MOC Batcave :
– épisode 0 (le projet)
– épisode 1 (la structure)
– épisode 2 (éléments de mobilier)
– épisode 3 (la salle des trophées et la salle de bain)
– épisode 4 (la structure)
– épisode 5 (le bureau et le laboratoire)
– épisode 6 (la salle d’armes et la salle des trophées)
– épisode 7 (l’infirmerie)
– épisode 8 (la chambre à coucher)
– épisode 9 (les toilettes et le placard à balai)
– épisode 10 (le garage et la salle de ciné)
– épisode 11 (le garage et le centre de commande)
– épisode 12 (la tour Wayne)
– épisode 13 (le garage annexe et la plateforme)
– épisode 14 (Noël et le socle du Batwing)
– épisode 15 (la cuisine et le saloon)
– épisode 16 (le conservatoire)
– épisode 17 (le couloir d’accès)
– épisode bonus : les minifigs
– épisode bonus : les véhicules