Terreur in the pocket (3)

De la terreur plein les poches, troisième épisode du dossier, un volet qui claque et pas à cause du vent, avec au programme les pas bien terribles Transe de mort (Graham Masterton), Contrat sur un vampire (Garfield Reeves-Stevens) et Le masque de l’oubli (Dean R. Koontz), ainsi que le bien fichu Dark Water (Kōji Suzuki), seul à surnager dans cet océan merdouilleux.

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Transe de mort
Graham Masterton

Un Masterton moyen, si on veut bien m’excuser le pléonasme. Loin d’être le pire, c’est déjà ça, il aurait pu être bien meilleur, comme à peu près tous les bouquins du gonzier.
On achète Masterton pour les scènes gore, seul point sur lequel il se défend en écriture. Ici, elles sont peu nombreuses en regard des 450 pages. À la place, on voyage beaucoup. C’est sympa, mais on n’était pas venu pour l’exotisme du Québec ou de Bali, à plus forte raison sous forme d’images d’Épinal. Nan, parce que Bali et l’hindouisme vu par Masterton, dans le genre approche superficielle et premier degré des “mystères de l’Orient”, ça se pose là, avec un bon siècle de retard tant la vision est datée. Quant au voyage vers l’au-delà, plutôt que suivre les pas de Randolph Clare, héros à la petite semelle, les amateurs de mondes oniriques inaccessibles aux mortels préféreront les pérégrinations du Randolph Carter de Lovecraft.
Sur la question du deuil qui frappe le personnage principal, Masterton m’a – fait rarissime – surpris en bien. Comme quoi, quand il range son côté bourrin, il peut dire des choses intelligentes et bien les dire. Bon après, égal à lui-même, sitôt qu’il a achevé la construction psychologique de son héros tragique, il la démolit en l’amourachant illico de sa secrétaire, torpillant du même coup le fondement de son histoire : avec un deuil aussi expéditif, la transe de mort, la fameuse, n’a plus lieu d’être et la suite du roman ne sera donc qu’une gigantesque incohérence dépourvue de sens.
Des idées intéressantes, une réalisation bancale. Masterton, quoi.

Dark Water
Koji Suzuki

En entrant chez Pocket, Kōji Suzuki a perdu le macron sur son prénom. Mais bon, un macron en moins, ça ne va manquer à personne.
Dark Water (le livre) est un recueil qui s’ouvre sur Dark Water (le texte) et se poursuit avec six autres nouvelles. Si on s’attend, en ouvrant ce bouquin, à lire le roman Dark Water qui a été adapté au cinéma sous le même titre, faut pas s’étonner de ne pas y trouver son compte et d’être déçu, vu que ce roman n’existe pas. La version ciné de Nakata (2002) a été pas mal rallongée sur la base d’un récit d’une quarantaine de pages.
Ces nouvelles ont toutes pour point commun non pas les sombres toilettes – ça, c’est Toire no Hanako-san – mais l’eau. Angoisse feutrée, terreur tranquille, sans monstres qui bondissent de sous le lit ou du placard, l’idée maîtresse de Suzuki n’est pas de montrer l’horreur ni de se lancer dans une débauche de surnaturel mais d’explorer l’humain à travers les personnages (caractère, émotions, réactions) et les situations auxquelles ils sont confrontés (enfermement, conflits familiaux, violences domestiques, solitude, déclin urbain). Ça change des hordes de démons furibards se livrant aux fantaisies outrancières les plus gore à base de démembrement, giclées sanglantes et vide narratif abyssal. Ici, on donne dans l’horreur psychologique, le récit à ambiance, avec ce rythme lancinant fréquent dans la littérature et le cinéma japonais.

Contrat sur un vampire
Garfield Reeves-Stevens

Bouquin ni bon ni mauvais, qui aurait pu… qui a plus ou moins… mais pas que tant ça… mais ça passe le temps…
Une bonne idée de départ que la confrontation de deux machines à dézinguer du pékin : une vampire et un tueur à gages. Et c’est à peu près tout.
Si on aime l’action et les rebondissements, y en a, donc on peut y trouver son compte. Après, faut pas s’attendre à des folies d’originalité, tout est classique, prévisible et attendu comme un cahier des charges d’actioner hollywoodien.
Développer le background de l’univers aurait donné une profondeur intéressante. Mais c’est pas fait. Comme dans les films Blade et Underworld, qui esquissent une société vampirique complexe pour ne rien en faire derrière, parce que baston, bagarre, tatane. Donc on a ici un vampirisme présenté sous l’angle scientifique d’une maladie et point. Le monde des vampires reste superficiel alors qu’il y avait de quoi approfondir. Le bras armé des Jésuites pareil.
On ne passe pas un mauvais moment en termes de détente, mais ça ne vole pas bien haut. Alors que ça aurait pu si l’auteur avait bossé au lieu de se contenter de la facilité. Gâchis.

Le masque de l’oubli
Dean R. Koontz

Ce court (une chance !) roman de même pas 250 pages met du temps à démarrer (un comble !), ce qui fait que ça se termine sitôt que ça se met en branle. Une éjaculation narrative précoce, en somme.
Déjà vu, grosses ficelles, longueurs, fin expédiée, événements prévisibles, personnages stéréotypés et sans profondeur, écriture bâclée, scénario format timbre-poste, mauvais dialogues, rythme chaotique, tous les défauts possibles et imaginables réunis en un seul texte, encyclopédique à sa façon.
Rien à sauver de cette Bérézina qui ferait passer celle de Napoléon pour une promenade champêtre à la coule.

Collection Pocket Terreur

De la terreur à en retapisser son bénard

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