Mort clinique
F. Paul Wilson
Pocket Terreur
Pas de fantastique au menu de ce Mort clinique qui relève du thriller médical, efficace et pas mal fichu dans l’ensemble, même si…
Un institut recrute les meilleurs étudiants pour leur assurer gratos une formation de médecin. Au terme de leur cursus, les toubibs vont pour la plupart aller soigner les pauvres. C’est beau ! Beau comme dans l’adage “si c’est trop beau pour être vrai, c’est que ce n’est pas vrai”. Il y a bien sûr une embrouille derrière, qu’on devine très vite : les nécessiteux “soignés” servent de cobayes pour tester à leur corps défendant des traitements et faire ainsi progresser la médecine (et surtout le portefeuille des labos pharmaceutiques).
À défaut de proposer un titre incontournable de la collection Terreur, Wilson livre au moins un thriller correct avec ce qu’il faut d’indices, investigations, tension, coups fourrés, coups de théâtre, coups sur la tête. Efficace dans la gestion de la recette. Même si – on y revient – pas très inventif à rester dans les clous sans jamais s’écarter des codes du genre.
Le postulat de ne recruter que la crème des étudiants tient moyen debout : vu le but final de l’opération, n’importe quel disciple d’Hippocrate pas trop regardant ferait l’affaire.
On regrettera aussi la facilité de la machine à laver le cerveau sortie tout droit d’un roman de SF (genre dans lequel Wilson a écrit). Il aurait été mille fois plus intéressant de mettre en scène un endoctrinement des apprentis médecins pour amener un questionnement sur l’éthique, le coût humain du progrès scientifique, les inégalités d’accès aux soins et de traitement selon qu’on soit plein aux as ou pauvre comme Job, le capitalisme médical, l’argent engrangé sur le dos des malades dont l’essentiel finit dans la poche d’actionnaires plutôt que dans le financement de la recherche.
Là non, on a des méchants qui sont méchants et qui le restent, les gentils pareil de leur côté. Aucune évolution à attendre des protagonistes dans une configuration aussi manichéenne (travers classique de Wilson, c’était le cas aussi dans La forteresse noire). Du noir, du blanc, monolithiques et invariables du début à la fin, sans cette zone de gris propice à susciter la réflexion. Sur les questions humaines et éthiques, on se situe donc loin, très loin d’un Spinrad avec son Jack Barron et le secret de l’éternité.
Reste un honnête roman de divertissement pour une lecture pépère en pilote automatique… dont le souvenir se délitera petit à petit, parce que bien sur le moment mais pas impérissable sur le long terme.