Terreur in the pocket (2)

De la terreur plein les poches 2, le retour de la vengeance de la mort qui tue, avec un quintet consacré au vampire, créature omniprésente dans la collection rouge et noir de chez Pocket. Nosferatu revient et il n’est pas content.

Collection Terreur Pocket vampires Barbara Hambly Jeanne Faivre d'Arcier Jeanne Kalogridis Fred Saberhagen

Rouge Flamenco
Jeanne Faivre d’Arcier

Premier tome de la trilogie L’opéra macabre, dont on trouvera le second, La déesse écarlate, dans la même collection Pocket Terreur, et le troisième, Le dernier vampire, chez Bragelonne (avec en guise de couverture un photomontage immonde torché sur un coin de table par un bras cassé qui devrait changer de métier).

Le dernier vampire Jeanne Faivre d'Arcier
Composition foireuse de machins juxtaposés n’importe où n’importe comment. La colonne du monument aux Girondins plantée là, pouf. Trou noir en haut à gauche où il aurait fallu caser le nom de l’auteure plutôt que du rien. Ni fait ni à faire.

Ce Rouge flamenco procède du même esprit que les premiers volumes des Chroniques des vampires d’Anne Rice, du temps où cette saga n’était pas soporifique (Entretien avec un vampire, Lestat le vampire, La reine des damnés, au-delà on peut s’en passer). Au programme : vampirisme, sensualité, mélange de traditionalisme et de modernité, ainsi qu’une vampirette pas piquée des hannetons, Carmilla, mi-danseuse mi-biologiste. À l’occasion d’une rencontre, elle en profite pour raconter sa vie au XIXe siècle, parce que c’était la mode, à l’époque, les interviews de vampires.
D’aucuns se seraient contentés de cloner Rice, mais au-delà de la parenté évidente, Faivre d’Arcier propose son œuvre à elle, dans un style littéraire qui passe bien sans en faire des caisses dans le dix-neuviémisme imbuvable, avec de l’exotisme et du voyage dans le temps et dans l’espace (Alger, Séville, New York, personnages flamands, russes, indiens), le tout marqué par un sens du rythme aragornien permettant à l’histoire d’avancer à grands pas.

Le sang d’immortalité
Barbara Hambly

Premier tome de la série James Asher, lancée en 1988, arrivée à son huitième volume en 2019, dont six jamais parus en France, autant dire que si vous voulez en voir le bout, la maîtrise de l’américain est de rigueur.
James Asher est le fils caché d’Indiana Jones et James Bond, mi-professeur comme l’un, mi-espion au service de sa majesté comme l’autre, et doté d’une faculté phénoménale à s’attirer des ennuis comme les deux. Un vampire amateur de plans alambiqués menace la femme de James pour obliger ce dernier à enquêter sur un meurtre. James est un peu bête, il obéit. Perso, plutôt que de me coltiner des brouettes de vampires pendant une enquête, j’aurais affronté celui qui s’en prend à ma dulcinée. Un seul adversaire, c’est toujours plus simple et moins gourmand en énergie. Passons…
On appréciera dans ce titre le mélange polar-thriller-fantastique-aventure-action-espionnage, ainsi que l’époque edwardienne où se déroule l’intrigue, plus originale que la période victorienne qui la précède.
Sinon, c’est le type même de bouquin pour lequel on a inventé l’adjectif passe-partout “sympa”. Divertissant sur le moment mais quelque temps plus tard, il ne reste que “ouais, bof, sans plus” ou pas de souvenirs du tout. Rien n’est creusé, tout reste en surface, même Asher manque de relief et de charisme, loin du 007 en haut-de-forme attendu. Seul élément à avoir du poids, le style, bien lourdingue. Classique chez les auteurs qui pondent du texte au kilomètre et sortent deux, trois titres par an : le rythme frénétique ne laisse pas le temps d’approfondir ni de finasser tant le fond que la forme. La qualité s’en ressent.

Pacte avec le vampire
Jeanne Kalogridis

Premier tome (encore un) d’une trilogie vampirique, Les journaux de la famille Dracul, poursuivie dans Les enfants du vampire et Le sang du vampire, voilà un ouvrage difficile à noter. En soi, il est bon, bien construit, bien écrit, bien rempli. Par contre, l’intérêt de la démarche ?… C’est le Dracula de Stoker avec juste un pacte familial en plus, qui oblige les descendants du comte aux dents longues à lui fournir des victimes. Même Dracula, même figure traditionnelle du vampire, même ambiance gothique, même format de journaux et correspondance, même tout… Alors ce pastiche est très bien fait, mais pourquoi réinventer la roue qui existe déjà ? Bonne note pour l’exécution, mais zéro pointé pour la démarche. Un bon livre inutile. Cas d’école.

Le dossier Holmes-Dracula
Dracula et les spirites

Fred Saberhagen

Saberhagen, on le connaît surtout pour sa fresque Les Berserkers (dont je recommande la lecture, en passant). Il a aussi écrit entre 1975 et 2002 Les chroniques de Dracula, une série de dix romans, dont les quatre premiers, le huitième et le neuvième ont été traduits en français. Pourquoi pas les numéros 5, 6, 7 et 10 ? Parce que. Point. Si la cohérence éditoriale était la règle chez les marchands de papier qui se disent éditeurs, ça se saurait.
J’en avais déjà eu un aperçu avec les 2000 pages de l’intégrale des Berserkers, où on croise des récits de toutes les longueurs : le Fredo est plus à l’aise sur le sprint (nouvelle) et le demi-fond (novella) que sur le marathon (roman). On le sent bien aussi avec Le dossier Holmes-Dracula et Dracula et les spirites, tous deux centrés sur le binôme Vlad-Sherlock. Plein de bonnes idées pas toujours bien exploitées, idem les deux figures mythiques, rythme un peu mou par moments d’un récit qui se traîne pour atteindre la longueur d’un roman, difficulté à réussir le mélange des genres en se positionnant tour à tour dans le fantastique, dans le policier, dans le thriller, dans l’espionnage, dans l’historique, sans réussir à dépasser le stade de la juxtaposition ni à rendre l’ensemble homogène. Pas mauvais mais pas fous non plus, on dirait des travaux de commande ou des productions alimentaires : tu sens qu’il y a un savoir-faire quelque part mais pas la passion ni la conviction de le déployer à fond.

Collection Pocket Terreur

De la terreur à en retapisser son falzar

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