L’heure du loup – Robert McCammon

Robert McCammon, c’est le Jean-Claude Van Damme du fantastique. Dans le genre grand écart, on lui doit Le sous-marin des ténèbres, pitoyable purge soporifique, et, à l’autre bout du spectre qualitatif, L’heure du loup, qui est sans conteste un des meilleurs romans avec du loup-garou dedans.

L’heure du loup
Robert McCammon

Pocket Terreur

Couverture L'heure du loup Robert McCammon Pocket terreur

Il flotte comme un parfum de Marc Dorcel sur ce roman bien rempli, à la fois deux-en-un et fourre-tout.
Roman n°1, les aventures de Michael Gallatin pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans la vie, Mike est un espion-garou, un genre de Captain America britannique avec du poil sous les bras et partout ailleurs sur le corps. Bossant pour les Alliés, l’hybride de James Bond et Rintintin a pour mission de découvrir en quoi consiste l’opération Poing d’acier qu’orchestrent les nazis. Que préparent les vilains pas beaux ? Un super plan secret pour assurer la victoire du Reich ? La Fistinière pour mille ans ? Une soucoupe volante en forme de croix gammée ? À moins qu’il ne s’agisse d’une réforme de l’orthographe et de la ponctuation, vu la coquille en quatrième de couverture (“Point d’acier”). Attention, le compteur tourne, parce que, de leur côté, les Alliés ont prévu une virée sur les plages normandes dans pas long et s’agirait pas que les Teutons envoient Overlord par le fond avec leur Stahlmachin. Et notre homme-toutou de baguenauder en Égypte, en Angleterre, en France, en Norvège, ces “quatre coins du globe” si chers aux géographes du dimanche.
Fantastique, horreur-épouvante, guerre, action, aventure, espionnage, thriller, L’heure du loup se rattache à tous les genres. Cet hermaphrodite pulp se distingue de son cousin l’escargot par sa vitesse effrénée. Entre péripéties, bagarres, coups de théâtre, fusillades, re-bagarres, explosions, il se passe tant de choses à chaque page que même Bruce Willis n’arriverait pas à suivre. Dense et pêchu, une réussite sur ce versant.

En numéro 2, le roman dans le roman, la jeunesse de Mickey la Malice. Des flashbacks reviennent sur ses vertes années, du temps où il s’appelait Mikhaïl Gallatinov et où il était Russe, humain et pas encore un héros de guerre.
On y apprend comment le jeunot est devenu loup-garou, avec moult détails sur la découverte de son état, la maîtrise de ses super-pouvoirs et la vie au sein d’une communauté de lycanthropes.
Si on met bout à bout ces chapitres initiatiques, on obtient un excellent roman sur la naissance d’un loup-garou et ses premiers pas dans le monde. Sauf que voilà, il y a la trame Seconde Guerre mondiale et l’imbrication des deux ne fonctionne pas à 100%. La construction n’est pas en cause. Jouer du flashback était la meilleure option pour éviter une bête juxtaposition “grand un : la jeunesse, grand deux : l’âge adulte”. Le défaut – et c’est le seul du roman – vient du volume de chaque séquence souvenir, qui casse le rythme de la partie aventure-action-espionnage. La faute aussi au décalage de ton et d’ambiance. La partie jeunesse se déroule sur un rythme lent pour coller au temps long de l’apprentissage et déployer son ambiance de gothique champêtre et introspectif, plein de questionnement sur la nature de l’homme et de la bête. Face au pif-paf-pouf frénétique des années 40, le lecteur finit par ressentir la lenteur de ces passages comme autant de longueurs.
McCammon aurait eu meilleur compte à écrire deux romans séparés ou raccourcir les flashbacks. Ou mieux, affiner le chapitrage en découpant des chapitres plus courts, avec une alternance plus rapide entre les deux trames chronologiques.
Nonobstant cette impression de montagnes russes dans le rythme, la visite guidée de la lycanthropie made in Russia vaut le coup pour sa profondeur. C’était le temps béni d’avant les twilighteries, quand les garous étaient des loups, pas des caniches prépubères émus jusques aux larmes par des bluettes de collège.

Les loups-garous attendent toujours LE livre, l’œuvre impérissable qui marquera la littérature au même titre que Dracula pour les vampires (ou Kate Beckinsale pour mes caleçons). En attendant, L’heure du loup assure un taf plus que correct et se positionne dans le haut du panier de la regrettée collection Terreur. Les amateurs de thrillers fantastiques d’espionnage auront de quoi se mettre sous la dent avec ce chien fou gambadant à la croisée des genres. Pendant ce temps, les historiens s’étoufferont dans leur sang en apprenant que le Débarquement doit une bonne part de sa réussite à une bestiole imaginaire.

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The dark knights

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