Fièvre de glace
Dean R. Koontz
Pocket Terreur
Un bon début, un long milieu tout mou, une fin expédiée et décevante. Le gâchis typique à la Koontz…
Le roman part d’une idée pleine de promesses. Jim Ironheart (Jacquot Cœur-de-Fer, donc) est un super-héros ordinaire, capable de pressentir que des gens vont mourir. Il intervient pour les sauver. Même idée générale que la série télé Demain à la une qui verra le jour quelques années plus tard, le journal et le chat en moins. On pense aussi à Dead Zone de Stephen King (et non, je ne ferai pas de jeu de mot sur le singe King Koontz).
D’où vient ce pouvoir ? Modestie théocratico-américaine oblige, Jimmy pense être un ange gardien du Seigneur, rien que ça, mais en vrai il n’en sait rien. Toujours est-il qu’il y avait là matière à raconter. Au plan narratif sur la nature, l’origine et le but de cette capacité ; au plan thématique sur la notion de destin, sur les grands pouvoirs qui impliquent de grandes responsabilités. Que Jim sache à l’avance lui donne le pouvoir d’intervenir, est-ce que ça implique de devoir le faire, est-ce que ça lui en donne le droit ? Sur ces trois questions centrales du pouvoir, du devoir et du droit, on n’aura pas de réponse, parce que c’est du Koontz et le gars n’a pas bâti sa réputation sur sa capacité à se fouler niveau questionnement.
Le démarrage prometteur part en vrille – et en longueurs – quand Jim rencontre Holly Thorne, une reporter au nom biblique (holy thorn, référence à la couronne d’épines du Christ) fascinée moitié par les sauvetages à répétition du bon samaritain et moitié par ses yeux bleus qui brûlent d’un feu glacial. D’où le titre original Cold fire qui n’annonce en vérité qu’un coup de foudre au premier regard. Et c’est parti pour une bluette à deux ronds cinquante entre Barbie et Ken Jim et Holly.
Tout ce foin initial pour raconter à l’arrivée une romance…
Le dénouement relève de l’ode au LSD avec un complexe du messie (ça, OK), un dédoublement de personnalité sorti de nulle part (!), un livre pour enfants qui fait office de Necronomicon du pauvre (!!), un moulin (?), un alien (??) qui sort d’un bassin au son des cloches (?????????), qui n’est en fait pas un extraterrestre (!?!), une thérapie express de deux minutes trente (!!!) et hop, happy end, tout est réglé, Jim et Holly partent dans le soleil couchant pour vivre heureux et avoir beaucoup de marmots.
Jamais vu des révélations autant à côté de la plaque par rapport à l’histoire qui précède. Jamais vu une fin aussi nawak et nanarde, elle vaut le coup d’être lue. Au douze millième degré.
Si vous êtes lecteur, fuyez ce bouquin et rabattez-vous sur d’autres titres de la collection Terreur. Si vous êtes auteur, lisez-le comme manuel de tout ce qu’il ne faut pas faire pour ruiner de bonnes prémices avec un développement mollasson et hors-sujet, et une conclusion sous acide qui vous ridiculisera à jamais.