Après une session 2020 plutôt pépère, c’est une édition faste qui s’annonce cette année !
Beaucoup de candidats avec pas loin de 200 titres chroniqués en lice ! Nouveau logo de l’événement ! Retour à la présentation d’Angelina Jolie, absente l’an dernier ! Retour aussi des KK de Bronze, pas attribués en 2019 ni 2020, alors que c’est pas faute d’avoir lu des daubes ces deux années-là, mais je m’étais ramolli et le temps de l’indulgence est terminé.
Comment qu’on le décroche, ce fameux trophée ?
Pour participer aux K d’Or et remporter ce trophée, c’est simple, y a rien à faire, ça ne dépend pas de vous. (Encore que… si vous êtes auteur, travailler la partie écriture, qui est quand même un petit peu au cœur du concept, ça aidera le jour où votre engin m’atterrira entre les pognes.)
Louis XIV était l’État, Judge Dredd est la loi, ici je suis le jury, capable de donner des leçons d’autoritarisme aux deux laxistes que je viens de citer.
L’instance éminente et souveraine de moi-même examine chaque titre lu et chroniqué entre le 13 novembre de l’année précédente et le 11 novembre de l’année en cours, avant de l’aguiller soit vers la sortie, soit sur une des deux voies menant aux prestigieuses palmes littéraires modèle bibi.
- Option 1 :
L’ouvrage a) est bon, b) m’a plu ET c) ne se contente pas d’être bon et de plaire, mais possède un truc en plus qui le rend marquant et fait la différence entre une œuvre et un produit. - Option 2 :
L’auteur, son éditeur, son comptable ou autre nervi à sa solde m’a fait parvenir une généreuse donation financière ou offert la Batmobile Lego (référence 76139) pour mon anniversaire qui tombe comme par hasard le même jour que la cérémonie des K d’Or (aujourd’hui, donc, pour ceux qui seraient un peu lents à la détente).
Cette année, tous les titres ont suivi la première option, certains diraient par probité des gens de lettres, moi je crois plutôt que c’est parce qu’ils touchent des cacahuètes en droits d’auteur et n’ont pas les moyens de s’offrir la seconde option…
Le réglement est reconduit à l’identique pour l’année prochaine, avec les mêmes possibilités de corruption (y en a bien un ou une qui finira par craquer et moi qui finirai par l’avoir, cette Batmobile).
Les K d’Or 2021 vont à…
(Note : la liste qui suit n’est pas hiérarchisée, elle se contente de suivre l’ordre de parution des chroniques sur le blog.)
– Rouge (Pascaline Nolot)
Pour son excellente réécriture du petit chaperon rouge, très thématisée (différence, exclusion, viol…) avec un sens consommé de l’équilibre : c’est pas juste une histoire saupoudrée de thèmes pas creusés ni à l’inverse un manifeste sans hitoire autour. Les thèmes abordées sont au service de l’histoire tout autant que l’histoire sert les thèmes.
– Le testament de Charlemagne (Patrick McSpare)
Très bon mélange entre histoire, thriller et aventure, du niveau d’un Alexandre Dumas (Les quatre trois mousquetaires) ou d’un Jules Verne (Michel Strogoff), avec la même sensation d’emportement lors de ma lecture que quand je lisais tout gamin lesdits Verne et Dumas.
– Propriété défendue (Arnaud-Dominique Houte)
Excellent ouvrage d’histoire sociale, documenté, intelligent, stimulant et en plus bien écrit.
– Les Tuniques Bleues (Louis Salvérius, Billy Lambil & Raoul Cauvin)
Retour au temps de mon enfance avec la relecture intégrale des Tuniques Bleues, série qui a connu ses hauts et ses bas mais reste pleine d’excellents titres. Chaque album a été une porte ouverte vers des recherches annexes sur la guerre de Sécession et ses acteurs (et ses actrices aussi, cf. Les Nancy Hart et Miss Walker).
– Ce que Rose a vécu dans le recueil Infiniment polar (Ludovic Bertin)
Excellente maîtrise de l’exercice de la nouvelle, sur le fond, la structure et la forme : le sans-faute (ce qui est loin d’être le cas d’autres textes du même recueil qui n’est dans l’ensemble pas bien foufou).
– Les Chroniques de la Lune noire, De Gueules (Jeanne-A Debats & François Froideval)
Parce que c’est une très bonne conversion de la BD au format roman.
Parce que j’ai retrouvé en lisant De Gueules le même frisson de lecture qu’à la sortie des premiers tomes (et c’est là que je me rends compte que la fournée 2021 des titres lauréats est très marquée par la nostalgie… et c’est pas fini).
– Goldorak (Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac & Yoann Guillo)
Encore un retour en enfance avec Goldorak [(go !) Nagai !)]. Très bon album, très bel hommage, pari réussi de refaire du neuf avec du vieux en évitant aussi bien la redite que le dénaturement de l’œuvre originelle.
– Légendes des Contrées Oubliées (Bruno Chevalier & Thierry Ségur)
Retour à l’adolescence (ouais, encore) avec un must de la BD (encore aussi) qui sort toujours des sentiers battus trente ans après sa parution, que ce soit dans l’histoire, l’univers, les personnages, l’ambiance, le graphisme.
Les KK de Bronze 2021 vont à…
– Absolument dé-bor-dée de Zoe Shepard, formidable monument de mépris et de narcissisme.
– Appartement 16 d’Adam Nevill, qui n’a de toute évidence aucune idée de comment on bâtit un récit ni de ce qu’il faut mettre dedans.
Deux grandes leçons d’écriture, à leur façon… extensibles à pas mal d’auteurs qui n’en ont que le titre.
Le K d’honneur 2021 va à…
– Jeanne-A Debats
Parce que.
Ainsi s’achève la tournée de mes lectures en or de cette année, rendez-vous le 12 novembre 2022 pour le prochain numéro !