Accusés de ne pas écrire de la vraie littérature, s’échinant à en faire la preuve, ils luttent sans cesse contre leurs opposants. Pour subsister, ils emploient leurs compétences. Quand les Lettres ne peuvent plus rien pour vous, il vous reste un recours, un seul : les Esprits imaginatifs.
Entretien avec un V.E.D. :
Patrick Mc Spare
Que représente l’imaginaire pour toi ?
Le doux parfum de l’enfance jamais complètement oublié. C’est le privilège des gamins que de transformer un banal salon en marécage regorgeant de caïmans ou en canyon vertigineux du haut duquel il faudra bien se résoudre à s’élancer. Lorsque je vois un gosse en bas âge jouer tout seul et y croire pour de bon, je l’envie et m’extasie devant cette merveilleuse faculté qui consiste à mélanger le réel et l’irréel. Moi, j’ai en grande partie perdu ce don en devenant adulte. Par chance, il me reste mes créations pour malgré tout diversifier ma réalité. Il m’arrive même d’entendre tel ou tel personnage que j’ai supprimé me parler sur un ton lourd de reproches. Mais ça, c’est uniquement quand je me couche un peu trop tard après avoir un peu trop fait la fête. 🙂
Ah ça, la fête… ce qui se passe en off des salons reste en off des salons…
Quand tu écris de l’imaginaire, qu’essayes-tu de mettre dedans ? Et quand tu en lis, quelles sont tes attentes ?
Lorsque j’écris, j’ai un unique mot d’ordre : “aventure”. Je travaille dans la littérature dite de genre pour cette raison, parce que j’ai envie d’inventer des histoires qui bougent. Dans le concept d’aventure se retrouvent pêle-mêle le rêve, l’émotion, l’adrénaline, le suspense et parfois l’humour. Je fais donc de mon mieux pour embarquer lectrices et lecteurs dans un véhicule immatériel qui les emmènera vite et loin. Peut-être un jour changerai-je de registre, mais pour l’instant, c’est celui-là qui me plaît. Quand je lis, c’est différent. J’attends juste une immersion totale, une déconnexion d’avec moi-même. Si cela fonctionne, qu’on s’évapore dans le contemplatif ou qu’on trépide dans l’action, je suis heureux. En fait, mes objectifs d’auteur et mes attentes de lecteur n’ont rien de bien original. 🙂
Quelle est l’œuvre d’imaginaire qui t’a le plus marqué ? (Tous supports confondus, littérature, ciné, TV, canevas, etc.)
Un épisode d’une obscure série BD US des années 1970, intitulée Captain Marvel. J’en ai découvert la version française à onze ans. Il y avait d’autres séries présentées dans ce magazine mais, va savoir pourquoi, c’est Cap Marvel qui me fit flasher, jusqu’à devenir mon héros suprême durant de nombreux mois. Étonnant, avec le recul que me confère mon âge actuel, car ce numéro-là était dessiné sans brio par un modeste artisan et pourvu d’un scénario trèèèès classique. Pourtant, c’est bien à cet instant précis, en compagnie du virevoltant capitaine, que j’eus mon déclic personnel. Par la suite et comme beaucoup de gens, j’ai découvert et aimé diverses œuvres littéraires, télévisuelles et cinématographiques, en priorité dans le registre fantastique. Autant de productions d’une qualité infiniment supérieure à l’épisode que j’évoque ici. Je peux cependant affirmer que Captain Marvel a été le plus important. Il a orienté mon destin d’une façon irréversible, en ouvrant grand les portes d’un imaginaire fantaisiste que le Patrick Mc Spare de onze ans ne soupçonnait pas encore en lui.
Merci pour cette interview, Fred K, et bel imaginaire à tous, en octobre comme durant les autres mois. 🙂
(Propos recueillis dans le cadre du mois de l’imaginaire. Patrick, un grand merci et attention aux hamsters !)
Patrick Mc Spare at home : en toute fantasy
Sur Un K à part :
– Les Haut-Conteurs Origines – Le songe maudit
– Mérovingiens
– Harley King
– interview croisée avec Harley King
Esprits imaginatifs, épisode 1/4 : Patrick Mc Spare
Esprits imaginatifs, épisode 2/4 : Morgane Caussarieu
Esprits imaginatifs, épisode 3/4 : Anthelme Hauchecorne
Esprits imaginatifs, épisode 4/4 : Tiphaine Croville