Critiques express (67) Du cul à thème

Littérature érotique

Trois bouquins, trois thèmes : Noël, les vaches, les chiens. Si le premier reste plutôt grand public, on n’en dira pas autant des deux autres, davantage de niche (surtout le dernier, au propre comme au figuré).

Couverture Contes érotiques de Noël La Musardine Lectures amoureuses

Contes érotiques de Noël
La Musardine

Ce livre était offert parmi les goodies lors du salon de la littérature érotique 2019. Au menu du réveillon, quatorze nouvelles érotiques sous la plume de treize auteurs (Léo Barthe, Virginie Bégaudeau, Cécile Coulon, Gil Debrisac, Octavie Delvaux, Brigitte Lahaie, Étienne Liebig, Françoise Rey, Stéphane Rose, Carl Royer, Anne Vassivière, Carlo Vivari et Esparbec, qui signe deux textes).
Ce recueil érotique grand public tiendra chaud pendant les soirées d’hiver. Il y en a pour tous les goûts, du sombre au comique. Ma préférence va à la nouvelle très noires de Brigitte Lahaie, ce qui n’étonnera personne (j’adore Brigitte Lahaie et je déteste Noël, soit deux bonnes raisons).
Si la thématique du 25 décembre vous intéresse, vous pouvez aussi vous régaler avec Noël écarlate, dans un tout autre style, axé fantastique, SF, épouvante.

Liens de cuir Isabelle Delange Aphrodisiaques éditions Sabine Fournier

Liens de cuir
Isabelle Delange

Éditions Sabine Fournier

Florence se marie avec le fils de Joseph, pater familias tyrannique qui élève des chevaux et des taureaux. La jeune mariée suit au long du roman une évolution qui voit sa belle-famille de dégénérés la transformer en une tête de bétail, l’équivalent humain une vache laitière et reproductrice.
“Les Maîtres s’occupaient d’elle. Elle n’avait rien à décider, rien à penser. Elle était juste une femelle.” Cette citation résume bien l’idée générale et la philosophie de l’ouvrage autour de la femme-objet présentée comme une épouse soumise, effacée et dépendante, une esclave sexuelle à la merci du patriarche familial, traitée comme une bête de troupeau, le degré zéro de l’évolution.
Autant dire qu’avec un postulat pareil, je n’ai pas du tout accroché à ce roman. Même les scènes de sexe ne font pas envie, trop glauques à se complaire dans le malsain.
Seules les illustrations d’Olson (dessinateur de Julia et Mi-anges, mi-démons) méritent le coup d’œil.

La femme aux chiens L'Erotin Alphonse Momas
Comme je n’ai pas de chiens, j’ai mis une chatte.

La femme aux chiens
L’Érotin / Alphonse Momas

GrandsClassiques.com

Sous-titré Recueil documentaire psycho-pathologique sur les aberrations sexuelles chez la femme normale tombant dans la bestialité la plus raffinée, ce roman n’a rien d’un traité médical, il s’agit d’un porno zoophile que l’on doit à Alphonse Momas. Ce Stakhanov de la plume a écrit plus d’une centaine de titres, pour l’essentiel dans les années 1890-1900, sous une tonne de pseudonymes, dont l’énumération ressemble aux règles d’un jeu du Pays de Galles dans Kaamelott. L’Érotin, Le Nismois, Mercadette, Fuckwell, Zéphyr, Pan-Pan, Clic-Clac, Tap-Tap, Trix, la liste a des airs de “doublette, jeu carré, jeu de piste, jeu gagnant, jeu boulin, jeu-jeu, joue-jeu, joue-joue, jougier, jouganou, gnagna, katakte, takate, kakatak, kagate-kata et ratakak-mik” (épisode Perceval chante Sloubi).
La femme aux chiens, c’est Régine Moutiers, une jeune veuve, violée par un satyre qu’on interprètera comme une représentation du Diable, connaissant l’intérêt de Momas pour les questions religieuses – il a publié sous son vrai nom plusieurs ouvrages de théosophie. Ce viol la transforme en “chienne” – je cite Momas – au sens métaphorique du terme, ce qui la pousse à se livrer à ses chiens. Les toutous à leur mémère lui font son affaire, quelque part entre la figure mythologique d’Actéon et celle biblique de Jézabel.
C’est ici qu’intervient l’aspect “documentaire psycho-pathologique”. L’attrait de Régine pour les amours canines est présenté comme une addiction dans l’acception clinique du mot : croissante, envahissante, irrépressible, source d’une dépendance dont elle ne parvient pas à décrocher.
On regrettera le côté parfois répétitif du roman. Rien ne ressemble plus à un chien qu’un autre chien et certaines scènes font redite. Après, on n’a pas trop le loisir de s’ennuyer vu la brièveté du texte (moins de 150 pages) et Momas essaye de contrebalancer le trop-plein de chenil en folie avec des apartés saphiques entre Régine et Coralie, sa femme de chambre.
Un roman à découvrir pour la curiosité si vous aimez sortir des sentiers battus !

Littérature érotique escarpin talon aiguille

N’hésitez pas à aller titiller d’autres zones érogènes du blog :
– festival de la demi-molle
– florilège Esparbec
– fantaisies inavouables
né sous X
pan-pan cul-cul

Publié le Catégories Critiques express

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