Chroniques de livres, avis, critique, analyse, avec une bonne dose d’humour par-dessus. Les romans de littérature de genre (fantasy, fantastique, science-fiction, polar) se taillent la part du lion, mais j’aime aussi varier les plaisirs, les genres (Japon, histoire, politique, romance, jeunesse, vieux classiques), les formats (nouvelle, essai, BD, jeu de rôle).
Encouragé tout jeunot à l’écriture par Lovecraft, adapté par Hitchcock (Psychose), nouvelliste prolifique, romancier, scénariste pour le cinéma et la télévision, Robert Bloch aura eu une carrière bien remplie. Il reste pourtant un quasi inconnu en France jusqu’au milieu des années 70, période à laquelle il va déferler sur l’Hexagone pire qu’une vague épidémique, ce qui lui vaudra une quinzaine d’années d’heure de gloire. Particularité de ces Contes de terreur, l’anthologie relève de l’exception culturelle française, conçue exprès pour le public franchouillard (et plus largement francophone, la Belgique subira aussi de plein fouet le tsunami Bloch). Trente nouvelles, sélectionnées par Bobby himself, autant dire qu’il y a de quoi se mettre sous la dent.
Raoul Cauvin au scénario, Louis Salvérius au dessin sur les quatre premiers albums, relayé par Willy Lambil à partir du cinquième, le tout pour une épopée qui a dépassé le demi-siècle d’existence et atteindra sous peu 65 volumes : Les Tuniques Bleues s’impose comme un monument de la BD dite franco-belge (ou, pour le coup, belgo-belge). La série met en scène les aventures du sergent Chesterfield, grand benêt pétri d’héroïsme et de gloire militaire, et le caporal Blutch, petit tire-au-flanc antimilitariste, sur fond de guerre de Sécession. Ils servent dans le 22e régiment de cavalerie, décimé dans à peu près chaque album pour cause de boucherie fratricide. Pour les besoins du scénario, ils passeront par toutes les armes et on les verra tour à tour cavaliers, fantassins, artilleurs, aérostiers, marins, photographes de guerre, brancardiers, recruteurs, gardes du corps, espions, fourrageurs… Nonobstant quelques erreurs et approximations, la série s’appuie dans l’ensemble sur une bonne base historique et propose un cadre qui se tient. Comme dans toute bande dessinée avec des personnages au nez patate énorme, l’humour est de la partie… pour mieux dénoncer l’horreur et l’absurdité de la guerre.
Elles existent pour de vrai, les portes de l’enfer. Au moins une en tout cas, qu’on trouve près du village de Darvaza, au Turkménistan : un maousse cratère de gaz naturel qui flambe non-stop depuis un demi-siècle. Ça ne s’invente pas !
Les portes de l’enfer Dick Henbolls Pocket Terreur
Quatrième de couverture : 1971. Percée par un forage malencontreux, une poche de gaz naturel fuit et menace le village de Verbal Creek. Des scientifiques décident de réduire la poche en y mettant le feu. Tout aura brûlé dans quelques semaines, affirment-ils. 1990. La poche brûle toujours… Les événements étranges se multiplient à Verbal Creek, où les habitants ont surnommé le cratère flamboyant “Les Portes de l’Enfer”. Le détective Joe Kowalski est envoyé sur place pour enquêter sur les disparitions inexpliquées et les flambées de violence que connaît la région. Sont-elles liées aux Portes de l’Enfer ? Sur quoi ouvrent vraiment ces portes ?
En avril dernier, un corbeau a pointé le bec dans mon jardin. Le modèle XXL assez grand pour me picorer le genou sans avoir à se dresser sur ses pattes. Un Grand Corbeau de son nom vernaculaire, ou Corvus corax de son nom scientifique, hérésie mélangeant grec, latin et redondance. Corvus signifie corbeau dans la langue de Pline, corax veut dire pareil dans celle de Pausanias. Il s’agit donc d’un corbeau corbeau dit grand corbeau et, si on ne peut pas nier une cohérence d’ensemble, faut quand même admettre qu’on a connu les ornithologues plus imaginatifs en matière de nommage d’espèces. Or donc maître Corbeau a débarqué un soir, tranquille. A repéré les lieux. S’est ensuite installé avec femme et enfants. A nettoyé à lui seul le cerisier de la moitié de ses fruits… et l’autre moitié, il l’a disputée aux merles. Nous, on en a eu quatre – cerises, pas merles – à se mettre sous la dent, pas plus. Au gré des semaines, une vingtaine d’autres corvidés – corneilles noires et choucas des tours – ont suivi le mouvement et pris leurs petites habitudes chez moi et à l’entour, ce qui fait qu’aujourd’hui je possède ma propre d’escadrille d’oiseaux de malheur (et une réputation de nécromancien sataniste auprès des voisins).
Jusqu’alors, je ne m’étais jamais préoccupé de ce qui se tramait dans le jardin. L’arrivée de ce squatteur au sombre plumage représente un cas d’école d’incident déclencheur. Je me suis intéressé à lui, parce que oiseau mal aimé par excellence et ça nous fait un point commun. En plus, les grands corbeaux sont rares dans ma région où on croise plutôt des freux, et les trucs pas communs, on aime bien ça ici : avec deux autistes dans nos murs, les atypiques sont la marque de fabrique de la maison K à part, la bien nommée. Au-delà de son cas, je me suis penché sur la riche vie aviaire qui s’épanouit juste là sous ma fenêtre, pleine de moineaux, mésanges, rouges-gorges, merles, étourneaux, chouettes, chauve-souris (qui sont des mammifères mais on s’en fout du moment que ça vole), grives, troglodytes, pigeons, tourterelles… Et une horde sauvage de corvidés qui foutent les jetons à tout le voisinage quand ils volent en cercle et en croassant au-dessus de la maison. Et ça, ça n’a pas de prix.
Tel Clint Eastwood caracolant dans Pale Rider, il nous arrive tout blême et tout poussiéreux après sa chevauchée depuis le fin fond des archives départementales. On le connaissait surtout pour ses travaux sur la gendarmerie. Depuis, il a trouvé la lumière et décidé de s’intéresser aux gens de l’ombre à travers Propriété défendue, ouvrage qui ne porte pas sur les châteaux forts mais sur les voleurs. Entre foufous de la matraque et malandrins, voici l’historien des gens pas fréquentables : Arnaud-Dominique Houte.
Propriété défendue, la société française à l’épreuve du vol XIXe-XXe siècle Arnaud-Dominique Houte Gallimard / Bibliothèque des histoires
Le “petit pays” annoncé en titre, c’est le Burundi. Petit, ça reste relatif, puisque, comparé au Vatican, il est quand même soixante-trois mille deux cent cinquante-neuf fois plus étendu. Pour les billes en géographie qui ne sauraient pas le situer sur une carte, le Burundi est juste au sud du Rwanda. Si vous ne savez pas où se trouve le Rwanda, sachez que c’est en Afrique à droite (ou l’est, comme disent les géographes et les cardinaux adeptes du coup de point). Si vous ne savez pas où se trouve l’Afrique, de quelle planète venez-vous ?