On ne va pas au cinéma pour rigoler. Enfin, si, des fois. Mais pour servir mon propos, on va dire que non. Virée dans les ténèbres à travers quelques polars, thrillers, films noirs et même noir foncé, pour le meilleur et pour le pire.
Mystic River
Clint Eastwood (2003)
Clint Eastwood filme avec simplicité une histoire d’une noirceur extrême, adaptée d’un roman de Dennis Lehane.
Réalisation impeccable, casting impeccable (Sean Penn excelle !), scénario impeccable, final impeccable. Impeccable, donc.
Sans conteste une des meilleures réalisations d’Eastwood !
Le Serpent
Éric Barbier (2006)
Un bon thriller, machiavélique à souhait, avec des premiers rôles inspirés (Yan Attal et Clovis Cornillac) et une composition originale de Pierre Richard. Mariage réussi entre cinéma français et influences américaines.
L’adversaire
Nicole Garcia (2002)
L’ambiance est d’une lourdeur quasi intenable. Une pure tragédie… Même en ignorant tout de affaire Romand qui a inspiré le film, on sait très vite que quoi qu’il arrive au cours de l’histoire, le Destin sera égal à lui-même, implacable et inéluctable : ça va forcément très mal finir.
Le film n’explique rien. Il montre… à chacun ensuite de se faire son idée sur cet engrenage du mensonge qui, une fois lancé, empêche son auteur de faire machine arrière. Mais jamais on ne sait ce qu’il pense, ce qu’il peut ressasser à longueur de ses journées solitaires installé dans sa voiture. Une part du mystère demeure. La performance de Daniel Auteuil est excellente. Il incarne autant le monstre qui a massacré sa famille et qu’un homme perdu, dépassé, qu’il parvient à rendre attachant dans sa solitude, parce qu’il voulait “bien faire”. Un personnage trouble donc, qui en arrive à la conclusion démentielle d’anéantir sa famille pour lui épargner la souffrance d’avoir été si trompée toutes ces années… Entouré de gens qui n’ont pas vu la vérité ou pas voulu la voir, il dépeint avec brio que l’enfer, c’est les autres tout autant que soi-même.
American Psycho 2 : All American Girl
Morgan J. Freeman (2002)
Pas le film du siècle, loin de là. Si vous avez adoré American Psycho premier du nom avec Christian Bale, sachez que le deuxième opus n’a aucun rapport. Plutôt qu’une suite, il faut y voir un spin-off sans lien avec le roman de Brett Easton Ellis ni son adaptation par Mary Harron. En clair, quelqu’un a pris un vieux scénar qui traînait dans un carton et, grâce à l’ajout d’une intro tirée par les cheveux, l’a rattache à un titre susceptible de rapporter.
Comparé au premier, il va de soi que cette plus ou moins suite s’est fait descendre en flammes. Pris en lui-même, le film n’est qu’un énième thriller pour ados, pas très fourni en effets sanguinolents, bourré d’incohérences et de facilités d’écriture à ne plus savoir où les mettre, mais qui se rattrape bien sur l’humour noir à deux ronds cinquante.
Suicide Kings
Peter O’Fallon (1997)
Le scénario lorgne sur la trame de Usual Suspects et son retournement final, ainsi que et sur Reservoir Dogs pour ses hommes de main aux bavardages futiles. L’humour noir fonctionne, l’atmosphère bien noire aussi, mais le film louvoie entre les deux au point que par moments il hésite entre thriller et comédie sans trouver le ton juste.
Après un début prometteur, l’histoire s’enlise, alternant temps morts, grosses ficelles prévisibles et deus ex machina qu’on essaie de faire passer pour des rebondissements, sans parler de scènes incongrues sorties de nulle part. Le dénouement offre un retournement de situation intéressant mais pas exempt de confusion et un peu vite expédié quant à ses tenants et aboutissants.
La répétition des “merde” et “putain” dans chaque réplique file le tournis, rendant très vite les dialogues relous et usants.
Le casting livre des performances à géométrie variable. Reste un Christopher Walken magistral et une bonne idée de scénar qui ferait un excellent court métrage (logique pour une adaptation de nouvelle) si on ne regarde que le début et la fin.
Les Enquêtes du département V : Miséricorde (2013)
Les Enquêtes du département V : Profanation (2014)
Les Enquêtes du département V : Délivrance (2016)
Mikkel Nørgaard
Polars danois adaptés de l’œuvre de Jussi Adler-Olsen, c’est du Cold Case scandinave. Rien n’explose, personne ne se tire dessus au fusil d’assaut en pleine rue, les voitures ne se coursent pas à 180 km/h en centre ville, les Danois sont taiseux. Quand on est gavé des thrillers hollywoodiens et de leurs codes usés jusqu’à la trame, le changement d’air fait du bien.
Hollywood Buvard, l’intégrale :
– épisode 1 : polars
– épisode 2 : morts-vivants
– épisode 3 : action
– épisode 4 : monstres
– épisode 5 : fourre-tout
– épisode 6 : super-héros
– épisode 7 : Asie
– épisode 8 : noir