L’édition 2019 d’Atrebatia Escales imaginaires était restée dans les annales, celle de 2020 prendra le même chemin une fois le récit de cette formidable aventure gravé dans le marbre des internets et porté à la connaissance du monde. C’est-à-dire maintenant.
Alors en route pour les annales ! comme dirait Roxy Raye, maman spirituelle du côté obscur du blog. Et bonne chance !
Or donc cette épopée trouve sa source a long time ago, dans un passé lointain et mythique qui se perd dans les brumes d’une interminable frise chronologique.
En juillet dernier.
En ces temps jadis où les dinosaures paissaient tranquillos dans nos vertes prairies, la délicieuse Sophie Jomain m’annonça qu’elle venait de recevoir une invitation à participer au festival arrageois d’Atrebatia. “Trop de la balle”, lui répondis-je en faisant péter un verbe introducteur au passé simple, un événement en soi, vu que j’ai les deux en horreur.
Là-dessus, je commence à lui faire l’article du festival. C’est pas mon genre de balancer sur les auteurs, mais je cafte que j’ai entendu parler d’Atrebatia en début d’année à cause de la non moins délicieuse Tiphaine Croville, que j’y suis allé et que c’était bien. Je raconte à Sophie la virée avec maman, l’ambiance, les costumes, la pâtisserie de saison (tartelette aux fraises en février, les amis !), la musique, les animations… J’en remets une couche en sortant un engin énorme, à savoir l’album de scrap-booking de maman, et pas du tout ce à quoi vous étiez en train de penser, bande de dévergondés. Maman, elle sait tout faire. C’est elle qui me taille des costards. Au sens littéral : elle a fabriqué l’an dernier mes costumes de lumière pour Atrebatia (la Mort) et les Halliennales (la princesse Leia). Maman réalise aussi avec les 300 000 photos qu’elle prend à chacune de nos balades littéraires des albums ornementés pleins de tonnes de trucs collés de partout. Faut un bac +12 en muscu pour soulever ses grimoires. Perso, j’utilise la Force, parce que je suis un maître Sith.
Là, j’ai mieux compris pourquoi le thème des Halliennales 2019 était l’Eldorado, avec tout ce que le thème implique de sacrifices humains au sommet d’une pyramide précolombienne. Sophie, comme les prêtres aztèques, a le cœur sur le main. Mais elle, c’est le sien. Elle propose rien moins que m’embarquer dans ses valises pour les deux jours du festival !
Han ! Oh ! Youhou ! J’ai presque failli devoir changer de caleçon tellement j’étais content (je suis un grand sensible à défaut d’être un grand poète).
Sophie, en un mot comme encens (parce que tu mérites qu’on t’encense), un grand, un énorme, un immense merci !
Tu es la meilleure (juste après moi, hein, faut quand même pas déconner).
J’attaque les préparatifs de la virée avec le sérieux que l’on me connaît. Aucun, donc. Fort d’un sens des priorités bien à moi, je commence par réfléchir à ma tenue de gala, les détails logistiques attendront.
Thème de l’édition 2020 d’Atrebatia : envolées celtiques… Dans un premier temps, j’envisage de me pointer tout nu avec juste un torque, une épée et un bouclier. Dates du festival : 22 et 23 février. Mouais… Le réchauffement climatique gagnerait à accélérer le mouvement pour soutenir mes idées géniales. En attendant, je pars dans l’idée de me couvrir un chouïa plus que les premiers Vercingétorix ou Matematrix venus.
Les Celtes et le monde celtique… Je peux pas dire que le thème m’inspire des masses. Les loustics n’ont pas su mettre leurs dissensions de côté pour s’unir contre l’envahisseur romain et, à peine conquis, ont marché à grands pas vers la romanisation en bons petits collabos. Déjà un petit parfum de France bien avant que les Francs et Pétain ne débaroulent…
Je ressortirai donc mon costume Star Wars, avec des licornes en plus. Parce qu’on a toujours besoin d’une licorne dans son entourage pour mettre des paillettes dans sa vie.
L’essentiel étant prêt, je règle le dernier détail technique, à savoir trouver un toit pour dormir. Les nuitées commando à la belle étoile en hiver, c’est plus de mon âge. Ce sera l’hôtel Première Classe, le même que Sophie.
Vous me voyez désolé au plus haut point. Je présente mes excuses aux amateurs de peoplerie et de ragots ainsi qu’aux auditeurs de RLP (radio langue de pute) qui n’auront rien à se mettre sous la dent. Sophie et moi avons dormi dans des lits séparés, dans des chambres séparées, à des étages séparés. Et je portais ma ceinture de chasteté.
À défaut de luxure, nous nous somme rabattus sur la gourmandise. Fidèle à ma réputation de blogueur littéraire pâtissier et d’olibrius qui se pointe en salon avec des tartes aux fraises ou des galettes des rois, j’avais en effet préparé un gâteau au chocolat. On peut même dire LE gâteau au chocolat. Une tuerie et pas parce qu’il était empoisonné ! La perfection ! Les personnes qui l’ont eu en bouche vous le confirmeront : un divin plaisir face auquel les papilles ne font pas de résistance. #monsieurModeste
Alors ces deux jours… Intenses ! Pour citer un auteur que j’affectionne beaucoup, ce fut une suite ininterrompue d’instants magiques avec “des échanges intéressants et rigolos, des vannes, des fous rires, des moments inoubliables et des photos pleines de grimaces” (citation tirée de mon compte-rendu de l’an dernier). Et de la cornemuse. Beaucoup de cornemuse et de tambour. J’ai découvert qu’on pouvait tirer des fausses notes d’un biniou, j’aurais pas cru, vu que déjà, de base, le son de ce machin défie les lois de l’acoustique. Mathieu Guibé, des éditions du Chat noir, a émis une théorie intéressante sur le lien entre biniou et trou noir, vu leur faculté commune à tout faire disparaître. Tu prends une salle pleine de monde, tu colles un biniou et un flûtiau. En deux minutes, il ne reste pas un chat. Le biniou, c’est comme le jokari : pas trop conçu pour jouer en intérieur. Pas sans dégâts en tout cas. (J’en profite pour remercier mon audioprothésiste. Pour survivre aux tortures celtiques, les bouchons d’oreille sur mesure se révèlent d’une efficacité redoutable, à égalité avec le pilum, le gladius et la catapulte.)
Le festival fut l’occasion de recroiser des têtes connues comme Laetitia Reynders et Adeline Dias. L’occasion d’échanges aussi avec les voisins de table de Sophie, en l’occurrence Bertrand Crapez d’un côté et le druide Pascal Lamour de l’autre. J’ai pu constater de visu la fausseté de l’adage “l’amour est aveugle”, parce qu’il y voit très bien, ce monsieur.
Les temps forts du festival ont pour dénominateur commun la bouffe, entre repas au resto, biniouses, gâteau et bonbons – j’avoue avoir joué les envolées vikings en pillant la boîte à bonbecs de Tiphaine sur le stand Rebelle. Déjeuner en tête-à-tête avec Sophie samedi où on s’est enfilé des putain de ravioles à tomber par terre. Dîner avec la fine équipe des éditions Rebelle, Brigitte Beaumont et Philippe Lafleur. Petit-déj’ re en tête-à-tête avec Sophie sur l’air de “rendez-vous, vous êtes cernés”. Double combo du dimanche midi avec Sophie et Anthelme Hauchecorne pour une riche discussion autour des joies du monde de l’édition et des techniques d’écriture.
Temps fort parmi les temps forts, les retrouvailles avec Tiphaine, qui n’a pas gardé de séquelles visibles de son passage sur le stand du blog aux dernières Halliennales. Des bonnes nouvelles, des péripéties, des grimaces et des bonbons plein la musette, la dame à la licorne a encore frappé fort pour rendre ce salon inoubliable. Je te souhaite le meilleur pour ton envol vers ta prochaine aventure littéraire (et fais attention pour les suivantes aux excès de vitesse sur le dos de ton pégase).
En prime, on a enfin pu prendre cette photo manquée en octobre dernier, emportés qu’on était dans le tourbillon des Halliennales. Comme plan à trois, ça se pose là. D’ailleurs je le pose là : voici ma pomme entre mes deux chouchoutes, qui savent si bien m’entourer.
Et puis, il y a ces instants fous hors du cadre officiel. Pensée émue pour les urbanistes d’Arras, maudits par Sophie sur douze mille générations. Faut avouer que les gars qui ont eu l’idée de mixer le pire des mondes ancien et moderne ont frappé un grand coup. Le combo rues médiévales étroites et tortueuses, plus quarante panneaux de sens unique au mètre carré, fallait oser…
Il y a aussi ces moments précieux, comme quand tu reçois un coup de fil au débotté dans ta chambre d’hôtel. Débotté au sens littéral, je venais d’enlever mes grolles. Et là, Sophie appelle pour une descente impromptue au supermarché du coin en quête d’une brosse à cheveux (pour elle, parce que moi, pour que j’aie l’utilité d’une brosse, faudrait que je scalpe quelqu’un). Faut reconnaître que c’est pas courant en festival de partir dans ce genre d’aventures capillaires, ça n’a pas de prix.
Dans le même esprit, on citera la mission de la friandise sucrée pour dame Jomain. “Fred, je mangerais bien un truc sucré, mais j’ai la flemme de sortir.” Je me suis levé comme un seul homme – en même temps, j’étais tout seul, ça aidait à prendre l’expression au pied de la lettre – et me voilà parti affronter le froid, les éléments déchaînés et les loups pour ramener la denrée tant convoitée. Enfin bon, j’en rajoute un peu, y avait pas de loups, j’ai juste croisé un dragon.
Des confidences les plus sérieuses aux blagues les plus pourrites s’ajoutent des tas de trucs pas racontables, parce que ce qui se dit à Atrebatia reste à Atrebatia. Mention spéciale au sketch de la coupe magique, quelque part entre Ubu et Sacré Graal. On s’en souviendra longtemps, il est appelé à devenir un running gag.
Ces deux jours plus enchanteurs que Merlin, j’en ressors vanné comme un panier en osier, mais c’est de la bonne fatigue. Y a pire dans la vie que passer deux jours de festival en compagnie de Sophie Jomain. Elle a de l’humanité à revendre, sauf qu’elle t’en fait cadeau, comme ça, gratuit. Merci, Sophie, pour ce week-end plein de fantaisie ! Tu es la meilleure ! Qu’on se le dise !
Mais comment tu trouves tous ses jeux de mots !!! je n’y arrive jamais 🙂
C’est le fruit de vingt-cinq ans de pratique, à sortir tous les calembours qui me passent par la tête, pour le plus grand malheur de mon entourage… 😀