Ça fait un moment que l’idée de construire un char d’assaut en Lego me trottait dans la tête. Et je le voulais rose, couleur qui a imposé comme une évidence le choix du modèle : le Panzer V surnommé Panther.
Voici donc le Panther rose.
Le char d’assaut brille par son absence au catalogue Lego. Mis à part quelques engins futuristes qui méritent cette dénomination dans la gamme Star Wars, il faudra, pour les modèles historiques, se tourner vers les marques concurrentes. Parmi les plus connues sur le créneau des blindés, on citera Cobi qui propose des engins très réalistes (cf. le Renault R-35 et bientôt un Tigre) et Sluban au rendu un peu plus cartoon.
Sinon, il reste l’option de le fabriquer soi-même, ce qui n’est pas très compliqué : un bas de caisse avec des roues sur lesquelles on pose des chenilles, une carrosserie par-dessus et, en guise de cerise sur le gâteau, une tourelle, cette dernière étant le seul élément un peu délicat à cause des arrondis, des angles, de l’inclinaison. L’avantage du sujet est de disposer d’une abondante iconographie, tant pour les blindés historiques depuis la Première Guerre mondiale que pour les engins fictifs (par exemple Warhammer 40K). Quel que soit le modèle qu’on veut réaliser, le web fournit la masse documentaire requise pour reproduire la silhouette et les détails.
Lacunes du catalogue Lego, sujet porteur, plutôt facile à traiter, les MOC de chars sont donc légion. Raison pour laquelle je ne me suis pas lancé dedans avant. Un char, oui, mais pas n’importe lequel, pas un modèle classique. Je voyais pas trop l’intérêt de me casser la nénette à accoucher d’un modèle bien dans les clous de l’Histoire quand on trouve du prêt à monter jolie et pas cher chez Cobi. Dans le MOC, la démarche de reproduction propre et nette ne m’intéresse pas, j’aime bien l’alternatif (concevoir un char steampunk, par exemple, me botterait), le hors norme (un tank à l’échelle 1 si j’avais des briques à la tonne), l’hybride (comme monter des chenilles de Mark I anglais sur une caisse d’A7V allemand avec une tourelle de FT17 français). Des trucs barrés, quoi.
Là, vous me direz que j’ai pourtant construit un Sd.Kfz. 251 tout ce qu’il y a d’historique. Oui. Mais c’est le résultat, ça ; l’idée initiale était la dépanneuse antichar de La 7ème compagnie, un véhicule que l’Allemagne n’a jamais possédé dans son arsenal. En plus, j’ai mis des Panzergrenadier zombies dedans. Pour l’authenticité, on repassera…
Les semaines passent et puis un beau jour, ou peut-être une nuit, ça a fait tilt. Du rose.
Un tank rose, dans le genre décalé, le concept me plaisait bien. Et si au départ, je penchais pour un Panzer IV, la teinte WTF m’a tout de suite amené sur son frangin, le Panzer V Panther.
Juste pour caser le jeu de mot du Panther rose.
Alors par contre, merci l’idée pourrie en termes de briques. Parmi le nuancier de Lego, on oublie le rose ultra pâle (pink, light pink) très dur à trouver. Je me suis rabattu sur du rose clair (bright pink) et du rose Barbie (dark pink), ni très courants ni très rares donc assez disponibles mais avec le gros défaut que certaines formes de pièces n’existent pas. J’ai aussi employé quelques éléments en rose violacé (magenta), surtout parce qu’ils traînaient dans ma réserve. Sur les versions intermédiaires, j’en avais utilisé davantage, mais la teinte est quand même très prononcée par rapport au bright pink, j’ai donc presque tout viré.
M’enfin, au départ j’avais presque rien en rose, à part l’idée d’employer deux tons pour éviter le gros bloc monochrome, ce qui donne le plus souvent un rendu plat et terne. Du clair pour le plus gros et le saupoudrage de petits éléments en plus foncé pour faire ressortir les détails.
Faute des pièces dans mon stock, j’ai monté l’engin tout en gris (90% de dark bluish gray, 10% de light bluish gray). Ça, en gris, j’avais ce qu’il fallait pour monter une Panzerdivision à plein effectif. Ce premier jet permettait d’avoir un tank complet à partir duquel je pouvais dresser la liste des pièces à changer. J’ai pu limiter la commande de briques manquantes au strict minimum en me contentant des éléments visibles (et disponibles dans les tons concernés). Le gris rescapé concerne 1) la structure interne, mais comme on ne la voit pas, on s’en fout ; 2) le bas de caisse, les roues et le canon, que je voulais conserver en l’état afin de trancher sur le reste et ça tombe bien parce que la plupart des pièces concernées n’existent pas en rose (en tout cas pas en Lego, à voir si c’est le cas dans d’autres marques compatibles) ; 3) les grilles, écoutilles et charnières pour rester sur une teinte métallique et éviter le rendu trop rose partout ; 4) quelques éléments faute de mieux en attendant le jour où les pièces verront le jour dans la teinte disponible pour les remplacer (i.e. les coins biseautés à l’arrière sur le dessus de la tourelle).
Une fois la dernière brique posée, je n’ai pas pu m’empêcher de parodier Tony Stark quand il présente le Jericho dans le premier Iron Man, en balançant, bras en croix :
For your consideration…
… the Pink Panther.