Ces temps-ci, je suis dans ma période chars d’assaut. Outre un MOC de Panzer V dont on reparlera bientôt, je me suis lancé dans le montage d’un blindé franchouillard : le Renault R35 de la marque Cobi.
Concernant Cobi, je vous renvoie à ma présentation de la marque dans un précédent article dédié au Zéro japonais. Pour ceux qui auraient la flemme de cliquer, il s’agit, en version courte, d’un concurrent polonais de Lego, qui fabrique des petites briques tout ce qu’il y a de compatibles avec leurs sœurs danoises et dont le catalogue contient en majorité des références de la Seconde Guerre mondiale (tanks, avions, navires), le tout pour des tarifs très abordables (de mémoire, le R35 m’a coûté dans les 30€).
R pour Renault, 35 pour l’année où l’engin est considéré comme terminé, voici donc le R35, descendant en droite ligne du FT de la Première Guerre mondiale. Bien cuirassé pour l’époque avec un blindage de 43 mm, il souffre en revanche d’un armement insuffisant (canon court de 37 mm datant de la Grande Guerre) et d’un équipage qui l’est tout autant (deux hommes quand un simple Panzer II en comptait déjà trois). Donc pas le tank du siècle, mais en chars français, on prend ce qui vient, vu qu’il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Faut avouer qu’avec son approche personnelle de la guerre éclair, à savoir perdre en six semaines, l’armée française n’a pas eu le temps de développer autant de modèles et variantes que la Wehrmacht. Le R35 a au moins le mérite d’une silhouette caractéristique qui ne manque pas d’allure dans sa version en briques.
Cobi propose dans son Historical Collection World War II un modèle de 540 pièces pour des dimensions de 17 cm x 8,5 cm x 8,5 cm sous la référence 2553. Le bestiau est accompagné d’un chef de char muni d’un flingue et d’une paire de jumelles. Une deuxième figurine aurait été bienvenue pour respecter l’effectif historique de l’engin, il faudra faire sans.
Au déballage, on démarre sur un bémol de packaging. Certes la boîte est jolie, mais avait-elle besoin d’être aussi grande ? Si on la compare au modèle final, on se dit qu’une telle folie des grandeurs n’avait pas lieu d’être. Et même si les pièces en vrac occupent davantage de place que le char monté, elles ne remplissent jamais que la moitié de l’emballage.
Cobi, Lego et autres, arrêtez de croire que les boîtes XXL sont une bonne idée, c’est tout le contraire : l’ouverture s’accompagne pour le client d’une sacrée descente de mine en découvrant qu’on a acheté une boîte à moitié vide, et quand on compare le set monté avec son emballage d’origine, le différentiel de taille donne l’impression de s’être fait arnaquer. Perso, je me suis rendu compte avec le temps et après deux, trois expériences de “tout ça pour ça” que plus la boîte est grande, plus je suis méfiant avant d’acheter. Et encore, quand j’achète. Parce que j’en suis arrivé au point où je ne jette même plus un œil aux boîtes maousses, même abordables, parce que pas envie de payer pour du vent.
Réduisez la taille des cartons à des dimensions plus réalistes et en phase avec le contenu, on ne vous en voudra pas et ce sera toujours ça de gagné de votre côté sur les coûts de production.
Le montage ne pose aucun problème. Pas de défi technique de l’espace à l’horizon, l’assemblage se veut simple, sobre et efficace. La notice est tout ce qu’il y a de claire quant aux briques à utiliser à chaque étape, idem leur positionnement qui ne laisse aucune place à l’erreur, à l’approximation ou à l’interprétation. Une précision exemplaire, à l’exact opposé de l’arme blindée française à l’époque, mal commandée, mal employée, mal organisée.
À noter que toutes les pièces à motif sont tampographiées, il n’y a aucun autocollant à poser. Cobi va même jusqu’à proposer deux marquages au choix : le classique français à cocarde tricolore ou la version polonaise, plus discrète avec son carré à pourtour blanc. Cette dernière s’explique par la vente de la France à la Pologne d’une centaine de R35, dont la moitié seulement sera livrée. Perso, j’ai combiné les deux marquages au mépris de tout réalisme historique, parce que tant qu’à avoir des briques tampographiées, autant les utiliser (en plus, j’ai fait histoire à la fac, donc j’ai le droit de manipuler les faits, j’ai même été formé à ça).
Je n’ai pas chronométré le temps de montage, mais j’en suis ressorti avec l’impression d’une durée ni trop longue ni trop courte.
Le résultat tient la route, tant en termes d’allure que de solidité. Seule petite réserve, les bogies de suspension au niveau des galets ont tendance à se décrocher en cas de manipulation. Pas un problème si le modèle n’est destiné qu’à être exposé, par contre si on envisage de jouer avec, faudra aussi prévoir de les raccrocher souvent.
Une trappe s’ouvre à l’avant, une autre à l’arrière pour avoir un aperçu de la mécanique, et enfin une troisième au dos de la tourelle, qui permet d’installer le chef de char.
Hormis quelques points de détail (boîte trop grande, absence d’une seconde minifig, bogies délicats à manier) dont aucun ne vient gâcher l’ensemble, ce R35 est une belle réussite pour un coût des plus modiques, bien plus joli que le SOMUA S35 (ref. 2493) qui était pour le moins sommaire. De quoi se lancer dans de belles reconstitutions de la bataille de France… ou dans les pires délires dignes des Bidasses ou de la 7ème compagnie.