Mitsubishi A6M2 Zero-sen (Cobi)

De la brique mais pas du Lego, puisqu’on va parler de Cobi, marque dite compatible, en se penchant sur le cas d’un avion mythique de la Seconde Guerre mondiale : le Mitsubishi A6M Rei-sen, plus connu sous le nom de Zero, y compris chez les Japonais eux-mêmes (pour info rei signifie zéro dans la langue de Mishima).

Mitsubishi Zero A6M2 A6M5c
Au premier plan, modèle réduit en métal de la version A6M5c du Zero.

Cobi, c’est qui, c’est quoi ?

Cobi est une marque polonaise de jouets née en 1987, qui s’est lancée depuis 1992 dans la brique de construction. Elle fait tout ce que Lego ne fait pas ou plus et que toute la clientèle réclame en vain à la marque danoise :
– des sets qui fonctionnent aussi bien pour le jeu que l’exposition (là où chez Lego, c’est souvent l’un OU l’autre, avec un beau surcoût dans le second cas, pour bien faire raquer les collectionneurs adultes) ;
– des sets abordables (là où Lego s’oriente vers le jouet de luxe avec de plus en plus de sets qui dépassent les 300€) ;
– des chars d’assaut et des avions de chasse (là où Lego préfère jouer sur une image non militariste, ce qui me semble gonflé quand a vendu des palettes de Pirates et Castle pleines de soldats et qu’on fourgue des milliers de boîtes Star Wars – un nom qui sent bon la paix et la concorde – où tout n’est que machines de guerre et de destruction).

Sans déc, la première fois que j’ai vu les prix des boîtes Cobi, j’ai cru qu’elles étaient en promo. Sauf que non, c’est le tarif de base. Plein de sets à 30-60€ que Lego vendrait au moins le double sinon le triple voire le quadruple.
Alors bon, je vais pas passer en revue l’intégralité du catalogue, toujours est-il que, plutôt que le choc frontal, Cobi a choisi de s’aventurer surtout là où Lego n’est pas : les engins de guerre (chars, avions et dans une moindre mesure navires), à commencer par ceux des deux conflits mondiaux, assortis de quelques autres castagnes du XXe siècle (Corée, Vietnam, guerre froide, Golfe). L’autre créneau de la marque, ce sont les reproductions de modèles de voitures.

Alors, de prime abord, ça faisait envie : des modèles inédits (en tout cas par rapport à l’éternelle référence Lego), prêts à monter sans avoir besoin de se lancer dans du MOC de longue haleine, pas chers du tout (même en briques Lego d’occasion sur Bricklink, ça m’aurait coûté plus que du Cobi neuf).
Le truc, c’est qu’en pas cher, on en a souvent pour son argent, à savoir de la daube.
Donc je me suis renseigné, j’ai bien épluché les sets, les avis des uns et des autres, les visuels officiels dont on ne sait jamais trop à quel point ils sont photoshopés, les photos des clients et diverses reviews sur YouTube qui permettent de voir les modèles finis en vrai. Et là je me suis dit : wow ! Parce que les sets ont de la gueule. Tu vois le modèle réduit, tu identifies tout de suite de quel char ou avion il s’agit. T’es pas là à te dire “Mais qu’est-ce que c’est que ce machin ? On dirait une tourelle de Panther avec un canon de Panzer III sur un châssis de Panzer IV et des détails invraisemblables par-dessus”. Non, là tu sais tout de suite. Les engins en briquettes sont très fidèles aux originaux et respectent la silhouette, les lignes, les proportions, l’équipement, le tout avec un degré de finition qui en jette. Tu peux les exposer sans rougir. Le design est de haut niveau, à égalité avec Lego. La qualité de brique aussi. C’est pareil. Mais beaucoup, beaucoup moins cher.
Et c’est comme ça que je me suis retrouvé à tenter le coup, en me disant qu’au pire j’en serais de trente balles, ce qui n’est pas la mort.
Au bout du compte, c’étaient trente balles bien investis.

Avion zéro japonais Mitsubishi A6M Cobi

Un Zéro qui mérite une bonne note

Or donc, mon choix s’est porté sur le Zéro, ici dans sa version A6M2. Je n’ai jamais eu d’affinités particulières avec les avions de chasse, celui-ci fait figure d’exception. Il condense mon amour de la culture japonaise et la nostalgie de l’âge où je jouais aux petites briques, puisque j’ai découvert cet appareil dans une série que je regardais tout gamin : Les Têtes Brûlées.
Pour les amateurs de détails historiques et techniques, tout ce qu’il y a à savoir sur cet avion se trouve sur la page Wikipedia qui lui est dédiée. Je me contenterai de résumer en disant qu’il fut un des meilleurs avions de son temps en début de guerre (1940-1942), alliant rapidité, maniabilité, puissance de feu, rayon d’action et, indispensable pour un chasseur embarqué sur porte-avions, légèreté. La vie de son créateur, Jirō Horikoshi, qui a aussi conçu son prédécesseur le Mitsubishi A5M Claude et quelques autres appareils de la Marine impériale nippone, est racontée sous une forme romancée par Miyazaki dans le film d’animation Le vent se lève.
À noter, si vous voulez reconstituer des affrontements aériens à la Pappy Boyington, que Cobi a produit plusieurs modèles de Corsair. À l’heure où j’écris ces lignes, celui disponible au catalogue est un de ceux engagés lors de la guerre de Corée. Le théâtre d’opérations est identifiable à la figurine afro-américaine fournie avec l’appareil. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les pilotes noirs des Tuskegee Airmen ont été engagés sur le front européen, pas dans le Pacifique, et ne volaient pas sur Corsair. Pour autant que je sache, il n’y a pas eu de pilotes noirs sur le front Pacifique, tant dans l’Air Force que la Navy ou les Marines. Donc Corée, CQFD, et pour la reconstitution, il faudra attendre une boîte WW2, ou changer le pilote l’appareil étant le même, ou faire une petite entorse à l’Histoire en l’utilisant tel quel.
À noter (bis) qu’en matière de Zéro, Cobi a aussi sorti deux références “vertes” correspondant aux versions A6M3 (n°5537 en 2018) et A6M5 (n°5712 en 2020), aujourd’hui épuisées. Dans sa version grise, l’A6M2 était déjà sorti en 2016 sous la référence 5515, épuisée à ce jour. Celui dont il est question aujourd’hui est le dernier en date, le n°5729 de 2022.

Mitsubishi Zero Cobi A6M3 A6M5

Alors ce Zéro…
Une boîte de x centimètres de long sur y de large et z de haut, pesant un certain nombre de grammes. Imprécis, certes, mais j’ai autre chose à foutre de mon temps que mesurer et peser des boîtes de jouets.
En quelques chiffres : référence 5729 au prix public de 30€ pour 1 figurine et 347 pièces (soit une fois et demi plus de briques que la version 5515 qui en comptait 250). L’engin est annoncé à l’échelle 1/32 (à titre de comparaison les minifigs Lego sont à l’échelle 1/42), avec des dimensions de 27 cm du nez à la queue pour 38 cm d’envergure et 11,5 cm de haut. C’est – attention spoiler ! – ce qu’on obtiendra au final, avec une hauteur variable : 11,5 cm quand l’appareil est posé sur ses trains d’atterrissage, 6 cm à plat trains rentrés, 16 cm sur son socle de présentation.

Briques Cobi plates tiles

À l’ouverture de la boîte, on trouve, classique, un livret d’instructions et des sachets pleins de briques. Du gris, et rien que du gris, avec en prime un peu de noir pour le socle et certaines pièces de l’appareil. Mais pas de rose Barbie, bleu fluo, vert pomme, ou autres couleurs fantaisistes qu’on ne verra certes pas à l’arrivée parce que camouflées dans la structure mais qui font tache au montage. Niveau qualité de plastique et de moulage, rien à redire, tout est au top, propre, solide et les briques s’emboîtent au poil de fion, sans avoir besoin de forcer parce que tenons trop gros ni de les maintenir en continu pour éviter qu’elles ne se barrent parce que tenons trop petits.
Le montage ne pose aucune difficulté particulière. Les avions de chasse, faut avouer, c’est pas ce qu’il y a de plus palpitant à construire, la symétrie des engins rendant l’opération répétitive. À plus forte raison un Zéro, appareil dont la spécificité est de n’avoir rien de particulier avec sa silhouette épurée et monochrome, sans ailes “cassées” à la Corsair ou à la Stuka ni bariolage à la Dewoitine D.520 ou à la Spitfire. Avion simple, montage simple.
Dans le cas présent, je ne me suis pas ennuyé, parce que c’était mon premier Cobi et que le montage était en mode découverte. Découverte de pièces que je n’ai pas l’habitude de voir chez la concurrence, avec notamment des plates impaires à 5 ou 7 tenons, des tiles pourvues de tenons permettant un lissage par en dessous, des plates avec des tenons sur les deux faces ou encore un système malin pour ajouter des tenons à des pièces qui en sont dépourvues. À noter l’absence de stickers, toutes les pièces à motifs sont tampographiées.

Avion Zero Cobi ailes fuselage

Découverte aussi d’une logique de construction un peu différente. Les instructions sont claires, mais pour le positionnement de certaines pièces, on doit parfois se référer au numéro suivant afin de vérifier l’emplacement exact de telle brique qu’on était parti pour mettre un tenon trop à droite ou à gauche. Alors, perso, ça ne me gêne pas, au contraire. Quand je construis du Lego, je trouve les vieilles notices, qui te demandaient d’être attentif et de comparer les différentes étapes pour trouver toi-même quelles pièces ajouter et où, plus stimulantes que les actuelles, qui te prennent trop par la main. Là je dirais qu’on est entre les deux (de l’ordre d’un quart old school, trois quarts neo-style) et ça me va très bien. On n’est pas perdu et on n’a pas non plus l’impression d’être pris pour un demeuré.
Donc montage des ailes en parallèle, puis corps de l’appareil (cockpit, bloc moteur, fuselage, queue), ensuite on assemble le tout, et hop. Enfin on termine par le socle. Montage ni trop long ni trop rapide, on n’en chie pas pendant des heures sans non plus torcher le truc vite fait et finir frustré sur un “déjà ?”.

Zero japonais Cobi WW2

Une fois terminé, l’engin a fière allure ! Il a aussi le bon goût d’être costaud et de supporter la manipulation. Autant dire que si vous voulez jouer avec, vous pouvez, sans risquer de péter des pièces ou d’en semer dans toute la baraque. Bon, par contre, faut pas se leurrer, sur le long terme du jeu, il me semble évident que le tube de Pitot (le bidule en forme d’antenne au bout de l’aile gauche) finira perdu et l’hélice cassée, la base des pales étant assez fine. Mais il faudra quand même un bon moment et des gamins brise-fer avant que l’appareil ne finisse à l’état d’épave. Même la petite roulette à l’arrière tient bien, alors qu’en général, c’est le genre de bitonio qui se barre à tout bout de champ.
Ladite roulette arrière tourne, idem les roues des trains (à noter que les trains peuvent être repliés et dépliés sans forcer et sans vous rester dans la main), l’hélice tourne aussi, les volets à l’arrière des ailes sont inclinables comme on veut et la verrière du cockpit est amovible pour pouvoir glisser le pilote derrière le manche à balai ou le retirer de l’appareil (faut bien qu’il se repose un peu, le gars). Soit un paquet de petits machins mobiles qui font toujours le bonheur des gamins.

Minifig pilote avion japonais Zero

Seul manque, l’absence de bombe ou de torpille, ce qui est dommage pour un chasseur-bombardier, dont on se contentera ici du seul rôle de chasseur (ce qui correspond quand même à sa principale fonction).
Bien vu d’avoir fourni de quoi monter un socle. Il n’était pas indispensable, puisque le Zero peut être exposé sur une étagère en appui sur ses trains, mais j’aime bien ce petit bonus qui permet de le présenter en vol, trains rentrés. Avec en prime, la plaquette tampographiée affichant le nom de l’appareil.

Avion Mitsubishi A6M2 Zero Rei Sen Cobi 5729

Mayday! Mayday! Mayday!

Le sans-faute ?
Pour ma découverte de Cobi, j’ai été gâté en rencontrant un souci de taille. Arrivé à l’assemblage de la queue, je tombe sur deux ailerons gauches et zéro droit. D’habitude, l’absence de droite et une orientation tout à gauche ne me dérangent pas, mais là quand même c’était problématique.
Bien entendu, fallait que ça tombe sur une pièce bien visible, bien spécifique, pas une briquette basique que tu peux remplacer en tapant dans ton stock ou en improvisant une bidouille maison.
Pour un premier set, c’est ballot d’être tombé sur une boîte défectueuse. ‘Fin bon, ça arrive, j’allais pas en faire une maladie.

Construction avion Zero A6M ailerons queue avion
“Maintenant elle va marcher beaucoup moins bien, forcément.”

Au moins, la review du set sera on ne peut plus complète, puisque je vais pouvoir vous parler du SAV de Cobi. À quelque chose malheur est bon, comme on dit.
Or donc, j’ai contacté la maison-mère en Pologne via le site cobi.eu qui existe en version trilingue (polonais, allemand, anglais). Tout en bas de la page d’accueil, on trouve un menu Customer service comportant la ligne salvatrice : Missing bricks. En cliquant dessus, on atterrit sur un formulaire où on vous demande de :
– renseigner le numéro du set concerné ;
– uploader des photos du livret d’instructions là où ça coince (perso, j’en ai fourni trois : l’étape du montage des ailerons arrière, la construction en cours avec mes deux ailerons gauches, la liste des pièces avec leur numéro de série en fin de livret où j’avais entouré l’aileron droit manquant) ;
– fournir une brève description du problème (en anglais dans mon cas, vu que mon allemand est rouillé et que mon polonais se limite à “merci”) ;
– donner vos coordonnées pour l’envoi de la pièce manquante.
Formulaire ergonomique, simple et clair, la démarche ne pose pas de difficulté. Un premier mail pour confirmer que la réclamation est enregistrée, un second pour annoncer que la Très Sainte Notre-Dame de la Brique a entendu ma prière (en clair, réponse favorable du SAV), un troisième, cette fois de la poste polonaise, pour m’informer que le paquet est en route et me transmettre le numéro de suivi. Ensuite, y a plus qu’à attendre le facteur. Pièce reçue une petite dizaine de jours après l’envoi de ma réclamation, donc un délai court pour le traitement du litige et l’acheminement de la pièce à travers l’Europe.
Alors c’est sûr qu’on préférerait qu’il n’y ait pas de problèmes, mais là au moins je sais que le SAV est réactif et communique bien, ce qui pousse à la confiance.

Avion Zero Mitsubishi A6M Cobi 5729

Au final, beau modèle, excellente qualité, petit prix, un achat que je ne regrette pas, bien au contraire. J’ai même acheté trois autres boîtes Cobi, c’est dire si la marque m’a convaincu !

Pendant la Troisième Guerre mondiale, le commandant des Marines Fred “Papy” Un K à Part était à la tête d’une escadrille de pilotes de chasse. Celle-ci était composée de marginaux et d’aventuriers qui devinrent les terreurs de la Picardie maritime. On les appelait “Les Têtes de Brique”.

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