Florilège en vrac de films policiers ou à suspense, pleins de flics ou voyous, tueurs en série ou à gages, crimes, enquêtes, poursuites, fusillades… pour le meilleur et pour le pire.
Quai des Orfèvres
Henri-Georges Clouzot (1947)
Comme le Corbeau, Quai des orfèvres est un incontournable de Clouzot. Le visionner est pour ainsi dire une obligation. Pas juste parce que c’est un classique du cinéma français. Pas tant non plus pour le côté policier, qui est bon mais pas si central en vérité. Surtout pour la galerie de personnages et leurs relations. N’importe lequel d’entre eux a plus d’épaisseur que la plupart des protagonistes des films cités dans ce florilèges de chroniques. Une autre catégorie d’acteurs aussi. À elle seule, l’interprétation de Jouvet reste une grande leçon de cinéma.
French Connection
William Friedkin (1971)
Relative déception… Pas que le film soit mauvais, loin de là. Les acteurs, Gene Hackman en tête, rien à redire. Le scénar, pour l’époque, n’était pas encore un millionième polar sur fond de trafic de drogue. Et les scènes les plus connues – poursuite infernale dans New-York et cache-cache dans le métro – restent d’anthologie.
Donc techniquement, très bien. Sauf que les codes narratifs ont changé depuis un demi-siècle et que le film a pris un méchant coup de vieux. Notamment les scènes de filature qui deviennent assez vite chiantes par leur longueur et leur répétition. Ce qui donne aujourd’hui l’impression d’un rythme en dents de scie et de scènes pas super utiles une fois compris le principe que le boulot de flic, c’est beaucoup de surveillance et de filatures.
L’enquête corse
Alain Berberian (2004)
Mine de clichés sur la Corse, censés donner lieu à des gags hilarants. J’ai bien dit “censés”. Genre de Bienvenue chez les Ch’tis en version méridionale et pas drôle du tout. Mou, linéaire et gentillet : tout nase.
Le suspect idéal
Jonas & Josh Pate (1997)
Un Usual Suspects du pauvre. Une réalisation brouillonne et une intrigue inutilement tarabiscotée plombent ce qui aurait pu être un excellent thriller psychologique. Reste Tim Roth, que j’adore. Marrant de se dire que quelques années plus tard il atterrirait de l’autre côté de la table d’interrogatoire dans la série Lie to me.
Taken 2
Olivier Megaton (2012)
Le même film que le premier – qu’était déjà pas bien terrible – en moins bien. Une suite dans toute sa non-splendeur, donc.
48 heures chrono
Morgan O’Neill (2012)
Titre VF repompé sur la série avec Jack Bauer pour donner une illusion de tension, à mille années-lumière du titre original, The Factory, plus près de son sujet.
Partant d’une idée très originale (un type kidnappe, séquestre et assassine des prostituées), l’intrigue emmène le spectateur dans une suite de scènes sans intérêt et prévisibles, peuplées de personnages pour lesquels la notion d’archétype a été inventée. Le scénariste pousse le vice jusqu’à coller une de ces coïncidences honteuses qu’on n’oserait imaginer : le psychopathe de service kidnappe par erreur la fille du flic qui enquête sur ses crimes ! Gonflé…
Quant à la fin soi-disant renversante, on la voit arriver avant même la moitié du film, sitôt qu’on sait que les nanas sont séquestrées dans le but de les engrosser et de récupérer leurs marmots. Comme on nous avait balancé d’entrée que la partenaire du flic en question est stérile et aimerait des enfants… Bonjour le suspense…
À la fin, le flic tue le psychopathe. La fliquette tue le flic. La fille du flic est sauvée. La fliquette se barre comme une fleur avec les marmots. Les gentils gagnent… plus ou moins… les méchants, pareil.
Pour couronner le tout, la VF est immonde. Comme tout le film en fait.
Cogan: Killing Them Softly
Andrew Dominik (2012)
D’accord, il y a Brad Pitt. Sinon, je me suis royalement fait chier pendant une heure et demie.
Headhunters
Morten Tyldum (2011)
Hodejegerne de son petit nom norvégien, un excellent thriller bourré d’humour noir. Rien à jeter. À l’opposé du film américain standard et de ses travers habituels (histoire tenant sur un confetti, prévisible, ne mettant en scène que les archétypes de gentils/méchants, gendarmes/voleurs, et reposant sur la poudre aux yeux pour masquer la misère à coups de pyrotechnie explosive, fusillades et courses poursuites). À voir !
Face à face
Carl Schenkel (1992)
Polar moyen qui a pris un coup de vieux. En dépit d’une flopée de rebondissements d’une pertinence discutable, on n’est pas tendu dans son fauteuil. Même un gosse est capable de deviner très vite l’identité du coupable. D’ailleurs, à l’époque de sa sortie, j’avais deviné et j’étais qu’un gamin.
Witness
Peter Weir (1985)
Si le début s’est mangé dans la face un giga coup de vieux car très daté années 80, la suite n’a pas pris une ride. Forcément, ça se passe dans la communauté Amish, donc que le film se déroule au XVIIe siècle ou en 2050, le contexte reste intemporel. Sympathique thriller, à la limite du documentaire sur les Amish.
Les Sentiers de la Perdition
Sam Mendes (2002)
Du bon film noir, bien fichu. Mais qui ne risque pas de se perdre vu qu’il ne s’aventure jamais hors des sentiers battus. Pour amateurs de classicisme.
Traffics
Alan White (2014)
Qu’est-ce qui ne va pas dans Traffics (ou Reclaim, de son petit nom en VO) ? Cochez la ou les bonnes réponses.
a – Le rythme palpitant digne d’un épisode de Derrick.
b – La réalisation digne d’un sous-téléfilm de M6.
c – Le scénar formaté selon le schéma narratif le plus basique qu’on puisse imaginer.
d – Le casting peu inspiré juste venu cachetonner.
Si vous avez répondu a, b, c et d, vous avez tout bon.
La Cadillac de Dolan
Jeff Beesley (2009)
DTV adapté de la nouvelle éponyme de Stephen King.
L’intrigue s’attarde trop sur ce dont on n’a rien à foutre (la femme du héros, sa vie, son œuvre) et pas assez sur son objet même (la vengeance). Rien que le choix de la méthode est plié en vitesse alors qu’il s’agit d’un élément central. Pourquoi le trou dans la route ? comment en arriver à cette idée ? Expédié. On se contentera donc de regarder Machin faire des trucs pour se venger de Bidule, soit pour l’essentiel déambuler et creuser. Ennuyeux.
La nouvelle de King fait partie de ses textes très délicats à adapter et ni le réalisateur ni le scénariste n’avaient les épaules assez larges pour le projet.
L’interprète
Sydney Pollack (2005)
Lourd, lent, mou, pompeux, péteux.
The Numbers Station
Kasper Barfoed (2013)
Ou Code ennemi en VF, avec John “DTV” Cusack. Énième histoire d’agent de la CIA aux mains sales mais qui a des remords confronté à un énième traître à base d’une énième fuite. Et donc un énième film très moyen.
The Equalizer 1, 2 et 3
Antoine Fuqua (2014, 2018 et 2023)
The Equalizer n’est pas un documentaire sur le mixage de musique. Non, c’est l’histoire éternelle d’un ancien agent de la CIA, machine à tuer invincible, qui s’est rangé des voitures et qui, bien sûr, se retrouve plongé dans l’univers de violence qu’il voulait laisser derrière lui.
Film trop long, qui se perd en scènes annexes pour appuyer des points qu’on avait compris d’emblée. Ce film, on l’a déjà vu mille fois et il n’apporte rien au genre. Fuqua le bien nommé a encore accouché d’une bouse digne des dragées homonymes.
Le deuxième opus est pire. Le troisième est en dessous de tout.
Mon voisin le tueur 1 et 2
Jonathan Lynn (2000) ; Howard Deutch (2004)
La comédie de gangsters américaine dans toute sa non-splendeur. Gags potaches et lourdingues à deux ronds cinquante, même pas dignes d’un Benny Hill. On voit Amanda Peet à poil dans le premier, c’est tout ce que j’ai retenu du diptyque.
22 Jump Street
Phil Lord et Christopher Miller (2014)
Là on touche le fond de la nullité en matière de comédie policière.
L’Ombre du Mal
James McTeigue (2012)
Après un V pour Vendetta qui m’a laissé une impression mitigée, le navrant Ninja Assassin, de quoi James McTeigue allait-il accoucher ? The Raven… devenu en français L’ombre du mal, perdant au passage la référence au célèbre poe-ème. Au final, un Sleepy Hollow ou un From Hell du pauvre, plombé par un scénario gruyère qui n’exploite jamais à fond son matériau de base.
Hollywood Buvard, l’intégrale :
– épisode 1 : polars
– épisode 2 : morts-vivants
– épisode 3 : action
– épisode 4 : monstres
– épisode 5 : fourre-tout
– épisode 6 : super-héros
– épisode 7 : Asie
– épisode 8 : film noir