Chroniques de livres, avis, critique, analyse, avec une bonne dose d’humour par-dessus. Les romans de littérature de genre (fantasy, fantastique, science-fiction, polar) se taillent la part du lion, mais j’aime aussi varier les plaisirs, les genres (Japon, histoire, politique, romance, jeunesse, vieux classiques), les formats (nouvelle, essai, BD, jeu de rôle).
“Il” est revenu et pour une fois on ne parle pas d’un clown cabriolant. Simetierre, le roman, raconte grosso modo qu’il vaut mieux laisser les morts reposer en paix plutôt que vouloir coûte que coûte les ramener à la vie. Simetierre, l’épopée cinématographique… ben pareil en fait.
Se replonger dans les vieux machins, c’est pas toujours une bonne idée. Y a pas long, en attendant la nouvelle version de Simetierre au cinéma, j’ai relu le roman de Stephen King. Un bon bouquin, mais la deuxième lecture n’est plus aussi emballante que la première, parce que quand tu creuses un peu – ce qui est raccord avec le thème fossoyant – tu vois des défauts qui t’avaient échappé. (Au passage, le film de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer est une purge barbante dans laquelle il n’y a rien à sauver, passez votre chemin.) Rituel de chair, même combat. Je l’ai lu pendant mes vertes années de lycéen, quand il venait de paraître dans la regrettée collection Terreur de Pocket. Pour ceux qui ne seraient pas nés comme moi au Moyen Âge, il vient de ressortir chez Bragelonne. Verdict de la relecture : j’aurais dû le laisser dormir dans ma bibliothèque. Il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas réveiller (ce qui est raccord bis avec la thématique de Simetierre).
Vindicta, le premier roman de Cédric Sire ! Faut reconnaître, ça fait toujours quelque chose de voir un auteur se lancer dans l’arène de l’édition, tel un lemming dans la grande aventure de la vie ou un nouveau-né sur le bord d’une falaise. À moins que ce ne soit l’inverse… N’empêche, le nom sur la couverture et la photo sur la quatrième me titillent (et Grosminet). Comme un air de déjà-vu. Ni une ni deux ni trois ni quatre ni cinq ni six […] ni trois mille cent quarante-sept […] ni et cetera desunt, je saute sur mon bigophone pour appeler Bill Tremendous, mon contact à la CIA. Icelui me sort : Oh yeah Cedouic Saïeur I know him. Là-dessus, il se marre comme un bossu avant de raccrocher. Merci du renseignement… Paraît qu’il vaut mieux s’adresser au grand patron qu’à ses saints. Aller plus haut, aller plus haut dans la hiérarchie, en un genre d’altius, altius, altius, si l’on en croit Tina Arena de Coubertin. Au point où j’en suis rendu, pourquoi pas ? Faute de ligne directe avec les suprêmes sphères divines, je recours à un savoir occulte, comme le coup de pied du même nom : les runes. Résultat du tirage : ᛚᛟᛚ. Les dieux vikings ont le sens de l’humour et du lol. Mort de rire, bravo les gars… Mes recherches se poursuivent jusqu’à ce que, d’une méthode farfelue l’autre, je trouve enfin la solution ! Comment ? Un magicien ne dévoile jamais ses tours. Accroche-toi à ton slip, parce que la révélation va te couper les guiboles. Cédric Sire est en réalité Keyser SözeSire Cedric ! Eh oui. On est plus d’un à s’être fait enduire d’erreur – c’est comme induire mais en double couche – par l’ordre inversé des termes et l’accent à géométrie variable. Maintenant que nous savons (de Marseille), les questions pleuvent. À quand un thriller parfum pomme sous le nom d’Éric Cidres ? Ou une pub pour Pliz sous celui de Sédric Cire ? Angelizer battra-t-il le record de glissade sur table de Marie-Pierre Casey ?
Après Tony Stark, les X-Men, le désert, la mer de nuages et Gandalf, voici donc, enfin, le vrai bruit de la vraie eau. Un comble quand on sait à quel point je déteste la flotte et encore plus le bruit. Celui-ci, de barouf aquatique, fera figure d’exception. C’est du bon et même mieux que ça. Mon compteur de lecture affiche treize bouquins de Sophie Jomain. Je connais son écriture, je l’ai vue évoluer, je l’ai décortiquée pour mes chroniques. C’est en connaissance de cause que je peux affirmer haut et fort que ET TU ENTENDRAS LE BRUIT DE L’EAU EST SON MEILLEUR ROMAN (j’avais prévenu : haut et FORT – on m’appelle monsieur Littéral, maintenant tu sais pourquoi).
Et tu entendras le bruit de l’eau Sophie Jomain HarperCollins / Harlequin
Sur le millier d’auteurs que j’ai lus, une main suffit à compter ceux dont chaque bouquin aura été une leçon, aussi bien de lecture que d’écriture. Avec Un jour comme les autres, Colize conserve son titre et sa place sur ma main de gloire.