J’avais du temps à tuer, je me suis posé devant une chaîne de streaming. J’ai regardé des trucs, j’en suis ressorti en me disant que j’aurais aussi bien pu faire autre chose. Sur quatre films, deux que j’avais vus (Copycat et Protection rapprochée), quelconques en leur temps, n’ont pas bonifié avec l’âge ; quant aux deux autres (Un homme en colère et A working man), l’un était mouais bof et l’autre pas mal sans non plus atteindre des sommets.
Copycat
Jon Amiel (1995)
Si les années 90 ont vu exploser le nombre de films sur les tueurs en série, le thème n’était pas neuf et déjà pas mal abordé par le cinéma des années 60-70. Vieux sujet mais nouvel angle d’approche, ceci explique l’exploitation à outrance qui démarre au cours des années 80 pour atteindre des sommets lors de la décennie suivante. L’expression “tueur en série” se fixe dans le vocabulaire pour désigner les intéressés, les méthodes modernes de profilage criminel prennent forme, des unités spécialisées commencent à voir le jour parmi les forces de l’ordre, autant d’éléments de l’IRL qui permettent aux représentations cinématographiques d’avoir du grain à moudre. Autant que le thème sera vite rincé, vu que tout le monde va se lancer dedans (et continuer jusqu’à aujourd’hui sans qu’on sache trop pourquoi, tout ayant déjà été dit et redit depuis belle lurette).
Or donc Copycat sera un de ces innombrables métrages des années 90, noyés parmi la multitude. Des qualités, comme son casting (Sigourney Weaver et Holly Hunter, y a du level). Des défauts, comme sa paresse d’écriture (le tueur entre où il veut, quand il veut, parce que c’est dans le scénario) et sa faculté à s’embarquer dans des chemins de traverse vers des scènes dont on ne sait pas trop ce qu’elles viennent foutre là. Des bonnes idées mais mal ou pas assez exploitées, comme le duo féminin plutôt que l’éternel binôme de mecs ultra-virils ou la fascination morbide qu’exercent les serial killers sur leurs adeptes.
Pas mauvais, pas transcendant non plus, on comprend que Copycat n’ait pas fait date, parce que trop moyen et convenu en tout.
Sécurité rapprochée
Daniel Espinosa (2012)
Je ne sais pas si j’ai déjà vu un seul bon film avec Ryan Reynolds. Je suis à peu près sûr que non.
Alors, ici, il se passe des trucs tout du long, donc on ne peut pas dire qu’on s’ennuie. Après, on n’est pas non plus scotché de tension dans son fauteuil, vu que tout est prévisible de A à Z, les péripéties, les trahisons, les réactions des personnages. Ces derniers peinent à intéresser le spectateur à leur sort, Ryan Reynolds trop lisse dans rôle de bleu, Denzel Washington trop osefiste dans son rôle de briscard qui a tout vu, tout fait, et n’en a plus rien à foutre de rien.
Montage épileptique de caméra à l’épaule pour faire comme si c’était vrai alors que ça pique juste les yeux, cadre original d’Afrique du Sud mais ça pourrait aussi bien être ailleurs vu le peu d’exploitation du contexte de ce pays en particulier, codes du genre connus et maîtrisés mais servis en l’état sans rien apporter qui sorte un peu du sentier balisé.
Thriller lambda dont on peut faire l’économie.
Un homme en colère
Guy Ritchie (2021)
Remake de l’excellent film Les convoyeurs de Nicolas Boukhrief avec Albert Dupontel, Un homme en colère a bénéficié de plus de moyens mais de moins d’écriture et a perdu en route ce qui faisait le cœur de son modèle : les personnages. Ici, il n’y en a que pour celui incarné par Jason Statham, tous les rôles secondaires sont anecdotiques. On se retrouve avec un convoyeur mystérieux qui est censé enquêter sur ses collègues, sauf que les collègues en question se contentent d’une présentation expresse et de trois, quatre secondes de présence par-ci par-là. Ajoute à cela le fait que le perso de Statham dispose de moyens illimités (couverture en béton, argent infini, équipe à ses ordres, bride lâchée par les autorités), ce qui tue dans l’œuf toute difficulté qu’il pourrait rencontrer, donc toute tension. Bilan des courses : ça se laisse regarder en se disant que ça aurait pu être mille fois meilleur.
A working man
David Ayer (2025)
Scénariste : Sylvester Stallone. Interprète principal : Jason Statham. Sur des bases pareilles, on sait à quoi s’attendre et ce ne sera pas du cinéma art et essai.
Bon ben j’aurais passé un moment sympa au final à voir ce truc déjà vu un milliard de fois. Un ancien militaire rangé des voitures reprend du service pour savater de vilains gangsters, v’là le pitch qui ne remportera pas l’Oscar du scénario le plus original de l’année. Jason Statham traverse le film en dégommant tout et tout le monde sur son passage, comme dans tous les titres de sa filmographie. Rien qui ne soit vu et revu, y a rien à en attendre, mais ça, on le sait avant de s’aventurer dedans. Venir reprocher à A working man d’être trop comme ci ou pas assez comme ça, c’est verser dans la pure mauvaise foi ou avoir des attentes pas du tout pertinentes pour ce genre de métrage. À l’arrivée, il fait son taf de film d’action sans prise de tête, pur divertissement bourrin avec quand même un peu d’enquête dedans.
Hollywood Buvard, l’intégrale :
– épisode 1 : polars
– épisode 2 : morts-vivants
– épisode 3 : action
– épisode 4 : monstres
– épisode 5 : fourre-tout
– épisode 6 : super-héros
– épisode 7 : Asie
– épisode 8 : film noir
– épisode 9 : pan, pan !
– épisode 10 : vous venez de le lire, je ne crois pas utile de mettre un lien qui vous mènera là où vous êtes déjà.



