À Angélique,
ma super-héroïne qui ne manque pas de mordant.
L’été… la plage… la chaleur… les corps huilés… les dunes où s’entremêlent les couples bricoleurs qui liment au papier de verre… drame du sable qui colle aux capotes et n’est pas ton ami…
L’été, c’est aussi exhiber un corps de rêve en maillot de bain. S’étaler au soleil pour nourrir son cancer de la peau… draguer au bar du camping une fois la nuit tombée et revenir avec une chouette collection d’IST après un coup vite fait dans les gogues.
Mais avant ça, pour séduire, encore faut-il avoir suivi un RÉGIME, avec capitales de rigueur vu comment le truc semble méga importantissime. 194 millions de résultats sur Google pour “régime de l’été”, trois mois que les magazines radotent sur la perte de poids pré-estivale ! Entre nous, la plupart des astuces minceur, c’est du flan, il n’en existe que trois efficaces à 100% :
– l’amputation (plutôt bras ou jambes, je déconseille la tête) ;
– la gastro (avec en prime musculation des abdos grâce aux crampes intestinales) ;
– n’en avoir rien à foutre (ce qui reste la meilleure option).
Imagine Quasimodo croisé avec Freddy Krueger… C’est bibi ! Si comme moi tu ne peux pas trop miser sur le physique pour emballer, il va falloir te rabattre sur d’autres solutions. Mettons de côté les plans B débiles comme le taser, le GHB, la Ferrari ou les implants mammaires, et concentrons-nous sur le secret ultime de la séduction : les livres !
Si le doute t’habite quant à l’efficacité de mon régime estival à base de papier, sache qu’il marche pour de vrai ! J’ai rencontré ma chère et tendre grâce à lui. Elle lisait une BD de Catwoman, je lisais Batman, depuis on gothamcityse ensemble. Sauf que notre rencontre a eu lieu dans une salle d’attente de dentiste en hiver, mais bon, tu remplaces la moquette par du sable, les édentés par des palmiers, et hop, illusion parfaite.
Fort de mon expertise dans ce domaine et soucieux de tes ratiches branlantes, je t’ai mâché le travail avec une liste de conseils de lecture made in K. Que du livre slim, rien que les bouquins guère épais de ma bibliothèque, ce qui exclut Tolstoï.
Les lectrices du blog complèteront cette liste avec un dictionnaire. Pas que je remette en cause vos connaissances en vocabulaire, je pense avant tout à votre tranquillité : un bon gros dico constitue une arme fatale contre les importuns. Un guignol vous demande votre 06 ou s’il peut vous enduire les totottes de crème solaire ? BIM ! Trois mille pages dans les gencives, calmé direct.
Petits livres à emmener en vacances
Guérilla dans le désert
T. E. Lawrence
Mille et une nuits
Cet ouvrage sent bon le sable chaud. Pas sûr qu’on puisse en dire autant du manuscrit, vu que l’auteur souffrait de dysenterie carabinée.
Quarante pages au long desquelles Lawrence d’Arabie expose les tactiques de la guerre dans le désert pendant la révolte arabe contre les Ottomans entre 1916 et 1918. Au programme, l’usure, le mouvement, le terrain et l’espace comme principaux acteurs d’un affrontement asymétrique.
Court et dense, un petit bouquin pêchu qui ouvre la porte à d’autres lectures stratégiques, à commencer par les références citées dans le texte de Lawrence (Guibert, Maurice de Saxe, von Moltke, Clausewitz…).
Érotique chinoise (Alka Pande)
Érotique japonaise (Lance Dane)
Guy Trédaniel
L’été, l’air est chaud, les corps aussi. La température monte “et le désir s’accroît quand l’effet se recule”, comme disait ce coquinou de Corneille (dans Polyeucte pour ceux auraient séché les cours de français au collège). Bref, ça va tringler sec pendant les vacances.
J’avais acheté ces deux petits bouquins en même temps, un coup double, si j’ose dire. Ils valent surtout pour les images, qui brossent le portrait des représentations picturales érotiques en Chine et au Japon. Le texte n’est pas magique. Côté Chine encore, ça va, mais celui sur le Japon est un blabla généraliste, hors-sujet, très image d’Épinal dans l’âme. Une chance que l’iconographie soit abondante, même si desservie par le petit format.
Ailleurs sur le blog
Si tu préfères les romans et fictions courtes, j’en ai chroniqué qui occuperont tes vacances entre deux baignades/coups de soleil/barbecues.
Pour les globe-trotters partis à l’étranger et confrontés aux joies de la tourista : Le monde merveilleux du caca de Terry Pratchett. Pour ceux qui aiment lézarder, rien de tel que Noces d’écailles d’Anthelme Hauchecorne et Loïc Canavaggia.
Si tu veux cuire dans une chaleur désertique, Ceux des profondeurs de Fritz Leiber ; si tu préfères te rafraîchir en bord de mer, Et tu entendras le bruit de l’eau de Sophie Jomain.
En complément, tu peux aussi jeter un œil à la série d’articles Les auteurs en vacances de l’an dernier et aux Lectures de vacances d’il y a deux ans. Tu y trouveras une tonne de références proposées par des experts sur la question.
Les vacances d’Un K à part
Mon conseil maison, ce serait Le prisonnier de Thomas Disch, court roman adapté de la série éponyme. La lutte d’un gus pour préserver son identité et sa liberté, c’est pile de saison. Pamphlet contre les totalitarismes qui ne se cachent pas d’en être, Le prisonnier est aussi une réflexion sur les emprises insidieuses de la société moderne, où tu n’es qu’un numéro de sécu, d’allocataire, de compte client. Et pas de bol, le numéro 1, c’est pas toi.
Une lecture de circonstance en prévision de la dictature estivale. Le diktat des petits culs à glisser dans les maillots de bain et des gros muscles à faire rouler sur la plage, ou quand le canon de beauté devient un boulet.
Si tu ne reviens pas bronzé(e), tout le monde s’imaginera au mieux que tu as passé juillet-août au fond de la soute d’un vaisseau spatial à te faire sonder l’anus par des petits gris. Au pire, on te considérera comme un pauvre, incapable de te payer des vacances, autant dire la mort sociale.
En septembre, grand concours de bites à qui sera parti le plus loin, se sera offert le voyage le plus cher, aura l’anecdote la plus WTF à raconter. Une chance que les séances diapo soient passées de mode… Encore que…
– Oh, regardez (et likez), ça c’est moi.
– T’es parti où ?
– Dans ton cul ! On s’en fout, l’important, c’est moi.
Les selfies de vacances ont pris la relève, pas sûr qu’on y ait gagné au change.
Perso, je vais profiter de l’été pour passer du temps dans ma meuf (ou autre préposition : avec, sur, sous, etc.). Destination idyllique pas ouverte au tourisme de masse (c’est que moi) mais un peu quand même (j’ai de grands pieds, un grand nez et de grandes mains, je te laisse tirer la conclusion qui s’impose sur la “masse” en question).
Je relirai The Dark Knight de Frank Miller et prendrai le temps de méditer sur les choix qui n’ont l’air de rien sur le moment et se révèlent après coup des tournants de ta vie. Deux mille bouquins dans ma bibliothèque, j’en aurais choisi un autre, ma rencontre avec Catwoman n’aurait jamais eu lieu. Ça fout les jetons quand on y repense…
Quarante et quelques années qu’Edward Lorenz a donné à la météo son effet papillon. En 2019, la littérature a gagné grâce à moi son effet chauve-souris.
Bonnes vacances à toutes et à tous, bonne lecture et n’oubliez pas votre dictionnaire.
Magnifique !
Bonnes vacances, elles sont bien méritées. 🙂
Merci et bonnes vacances à toi aussi. 😉