Cyborg 2: Glass Shadow, qu’on trouve aussi sous les titres de Cyborg 2 tout court, Glass Shadow tout seul ou, exception culturelle française, Cash Reese : Glass Shadow, a pour particularité d’être le premier film où l’actrice Angelina Jolie tient un rôle principal.
Un film épique à sa façon…
L’histoire :
En 2074, la compagnie Pinwheel Robotics fabrique un cyborg féminin, dont les courbes de rêve dissimulent un explosif appelé “glass shadow”. De son petit nom Casella “Cash” Reese (Angelina Jolie), l’accorte machine de mort doit se rendre dans les locaux de la Kobayashi Electronics, une firme concurrente, et tout faire sauter à commencer par elle-même. Envoyer une kamikaze contre des Japonais, y en a qui ont le sens de l’ironie…
Les concepteurs de Reese ont cru bon de la douer d’émotions pour faciliter son infiltration comme une humaine lambda. Un choix pas malin qui va amener Reese à refuser de se sacrifier. S’ensuivent son évasion du labo, sa poursuite par ses créateurs, de la bagarre, une histoire d’amour, bref les péripéties habituelles.
La production :
Sorti en 1993, Glass Shadow devait à l’origine être un stand-alone movie (NdT : un tient-tout-seul film) de science-fiction, production fauchée (5,5 millions de dollars) et tournée à la va-vite pour surfer sur le succès rencontré en 1991 par un autre robot humanoïde, Terminator 2 (100 millions de dollars de budget, pas tout à fait la même échelle).
Des bidouillages au niveau de la prod et du scénar transforment le script en Cyborg 2. Le premier du nom, daté de 1989, était déjà une monstruosité, elle aussi écrite à la va-vite (une semaine chrono), elle aussi fauchée (un demi million de dollars de budget), elle aussi rapiécée (en recyclant des éléments d’une suite des Maîtres de l’Univers et d’un projet sur Spider-Man). Mais, dans la tête des producteurs, un point joue en faveur de ce Cyborg que tout le monde considère comme un mauvais film : il mettait en scène Jean-Claude Van Damme. Et Jean-Claude, au début des années 90, il est au top de sa gloire, entre autres grâce à Universal Soldier (oh, de la SF, comme par hasard…).
Vu la puissance musculaire de chacun des loustics, racoler sur le dos de Schwarzie ou JCVD aurait été osé. Les deux en même temps, fallait vraiment être fatigué de vivre…
Or donc, c’est décidé, Cyborg 2: Glass Shadow s’inscrira à la suite de son prédécesseur sans lien réel autre qu’un flashback sorti de nulle part pour mieux y retourner. Zéro point commun entre les deux œuvres dans la chronologie, les personnages, l’univers SF…
Mon avis éclairé :
Ayant vu le premier opus avec l’inénarrable Jean-Claude Van Damme dans le rôle titre, je m’attendais à tout, à commencer par le pire. Je n’ai pas été déçu du voyage. Enfin, si, beaucoup.
J’ai vu un paquet de nanars désopilants au second, troisième, millième degré. D’autres qui te laissent rêveurs, parce qu’ils avaient un vrai potentiel sur le papier et auraient pu donner de bons films, entre les mains de réalisateurs et scénaristes compétents, avec un budget correct et/ou un casting professionnel.
Là non.
Cyborg 2 n’a rien d’un nanar, c’est juste une daube.
On touche ici à la quintessence du pathétique. Amateur de séries Z et fan d’Angelina Jolie, j’ai vite atteint mes limites dans les deux domaines. Je vous raconte pas la lutte pour tenir jusqu’au bout du film, ennuyeux au premier degré, pas drôle au second. Les combats sont minables et patauds, les dialogues pitoyables, y a pas un pet de tension. L’intrigue bancale nous promène dans des décors en carton-pâte pour le peu qu’on entr’aperçoit au gré des scènes nocturnes, illisibles faute d’éclairage suffisant. Pas un acteur qui ne joue comme une savate, un vrai club de bras cassés entre les cabotins qui feraient passer Jerry Lewis pour un modèle de retenue, les adeptes du non-jeu plus imperturbables que Buster Keaton, Jack Palance et Billy Drago venus cachetonner sans conviction, la débutante Angelina Jolie…
Rien qui ne soit à gerber. La principale intéressée partage d’ailleurs mon avis, confiant en 2001 au New York Times à propos de ce film : “After I saw it, I went home and got sick.”
Qu’est-ce que mon Angie chérie est allée faire dans cette galère ? Erreur de jeunesse ? pari perdu ? un cap ou pas cap qui aurait mal tourné ? Mystère. Seul point sur lequel cette abomination filmique prêche en sa faveur : Cyborg 2 permet de voir qu’elle a travaillé son jeu d’actrice. Mais après. Tu mates Gia, Une vie volée, Un cœur invaincu, voilà, quoi, rien à redire, de l’excellent boulot. Mais ça… Rien de juste, tout dans l’expressivité marquée du visage comme aux grandes heures du muet, sauf qu’à l’époque du parlant, c’est de l’excès, du surjeu. Au moins, la performance est encourageante pour les acteurs en herbe : on peut mener une carrière très haut en partant de très bas.