Corsaire le plus célèbre de la galaxie, icône emblématique de ma génération, Albator a marqué son temps et les esprits. Souvent cité sur le blog, le fiston balafré de Leiji Matsumoto méritait bien son portrait.
Préambule onomastique
Avant d’attaquer la genèse du héros corsaire, réglons la question de son nom. Albator s’appelle ハーロック en VO, soit Hārokku en transcription Hepburn, ce qui donne Harlock ou Herlock selon les versions. En français, il devient Albator, paraît-il pour éviter une proximité phonétique entre Harlock et Haddock de Tintin. La querelle d’érudits sur la paternité du nom, je m’en tamponne, vous la trouverez sur le Net. Pour moi, la démarche entre juste dans la catégorie “nous, Français, soi-disant hommes d’arts et de lettres, n’avons en vérité aucun respect pour le travail des autres et n’hésitons pas à bidouiller leurs œuvres”.
Je pense au cas d’école d’Alfred, prénom utilisé pour désigner deux personnages différents, Yattaran et Toshirō. Ce même Toshirō qui selon les VF s’appelle donc Alfred… ou Toshirō… ou Professeur. Quand on parle de manque de cohérence… Parce que pour couronner le tout, d’une VF l’autre, les noms des personnages oscillent entre les versions francisées et les versions originales.
D’autant que rien ne justifie la plupart des changements. Passer de Emeraldas à Esméralda, quel intérêt à part décaler une lettre ?… Toshirō est certes un nom japonais, mais pas compliqué à retenir pour un jeune public français a priori capable d’assimiler trois malheureuses syllabes (soit autant que dans Al-ba-tor). Surtout pour le baptiser Alfred, prénom désuet dans les années 70 et pas parlant pour un gamin de l’époque. Et si passer de Yūki à Nausicaä, vous appelez ça simplifer, je ne peux plus rien pour vous.
En attendant, après une enfance baignée dans cette onomastique à la ouanegaine, ça m’a fait tout drôle la première fois que je me suis retrouvé confronté à la VO…
Ah, tant qu’on y est, la dénomination de “corsaire” est impropre. Le terme original utilisé est 海賊, pirate. Albator est à son compte, pas mandaté par une instance quelconque via lettre de course. Et “petit” détail, partout sur son vaisseau on trouve des tibias surmontés d’un crâne. Le Jolly Roger est le pavillon pirate par excellence, alors que les corsaires utilisent le pavillon national ou celui de la marine de guerre de leur pays.
Pour avoir vérifié les occurrences du mot japonais pour corsaire, il en existe à peu près zéro en rapport avec Albator. Alors oui, corsaire sonne très romantique et propre sur soi, renvoie à nos héros nationaux d’antan comme Jean Bart ou Surcouf. Mais non.
L’auteur en deux mots
Leiji Matsumoto…
L’auteur en plus de deux mots
Matsumoto Akira (松本 晟) a vu le jour au Japon en 1938. Comme nombre de mangakas nés à cette époque, la guerre marquera son œuvre. Et comme Miyazaki (cf. Le vent se lève), l’aviation et les pilotes formeront un thème central explicite ou camouflé sous de la SF, Matsumoto père étant pilote dans l’armée de l’air impériale.
Matsumoto junior se met rapidement au dessin, domaine dans lequel il excelle au point de se voir publié dès ses seize ans (蜜蜂の冒険, Les aventures d’une abeille, 1954). Sitôt sorti du lycée, il part s’installer à Tōkyō où il gagne sa vie en pondant des shōjo (mangas pour adolescentes). Il y rencontre Maki Miyako (牧 美也子), mangaka elle aussi, qu’il finira par épouser en 1964. Comme beaucoup de Japonaises, la jeune épouse prendra sa retraite sitôt mariée, laissant en plan son personnage de Licca-chan, l’équivalent nippon de Barbie, encore populaire aujourd’hui.
En 1965, Matsumoto change de cap et de nom par la même occasion. Il devient Matsumoto Reiji (松本 零士), ou Leiji Matsumoto pour l’Occident (à mon sens incorrect, mais je ne vais pas me lancer dans un débat sur la transcription). Il s’oriente vers le shōnen (manga pour ados mâles) à travers une production axée science-fiction. Il prend très vite l’habitude de croiser ses œuvres par le biais de personnages récurrents d’un manga à l’autre. Pour ne citer que ses séries les plus connues, Space Battleship Yamato, Galaxy Express 999, Gun Frontier et bien sûr Harlock. À peu près toute son œuvre a fini adaptée à l’écran, parfois au point de le happer dans l’animation.
De la saga Harlock et de sa cohérence
La saga est copieuse : Harlock apparaît dans une bonne vingtaine d’œuvres où il tient un rôle plus ou moins important, le double si on compte la totalité de ses occurrences. Il voit le jour en… dur à dire en fait, aussi bien dans le calendrier de l’univers de Matsumoto que dans le nôtre. Sans date de naissance officielle, l’exercice biographique s’annonce périlleux…
Matsumoto a une façon bien à lui d’utiliser son personnage, plus unitaire que globale. Les histoires où Albator apparaît en personnage principal sont pour la plupart indépendantes, pas reliées entre elles par une continuité chronologique, voire contradictoires. Pour certaines, on n’est même pas sûr qu’il s’agisse de lui ou de son père, Great Harlock. Suffit de voir son vaisseau qui varie sans cesse d’une histoire l’autre – il serait plus juste de parler de “ses vaisseaux” –, parfois sans explication, pour comprendre le caractère protéiforme et nébuleux du bonhomme.
Là-dessus, Harlock joue les guests dans d’autres travaux de Matsumoto, qui aime bien le réemployer soit comme personnage secondaire soit en simple caméo. Autant d’apparitions en marge qui viennent s’ajouter au corpus principal, souvent par le biais de liens indirects et de références lointaines.
Le résultat est ce qu’on appelle en langage technique “un beau bordel” incohérent au dernier degré. Harlock semble disposer d’une faculté d’ubiquité dans le temps et dans l’espace qui rend caduque toute tentative d’établir un schéma rationnel, propre, normé.
Cette œuvre albatorienne foisonnante, ce grand Tout arachnéen où chaque élément fini par être relié aux autres grâce à des fils ténus, est comme une mosaïque : des morceaux de tailles et de formes différentes, dont certains se touchent et d’autres non, pour former un motif d’ensemble qu’on ne découvre qu’en prenant de la hauteur.
Cette volonté de rassembler différents travaux sous la même bannière à tête de mort n’a rien de gratuit. Pour Matsumoto, mettre en scène des histoires indépendantes permet de donner à chacune une portée propre. Mais comme ces récits prennent place au sein d’une bibliographie plus large où sa patte d’auteur est partout présente, ils se retrouvent tous reliés autour de sa personne, de son style, de sa carrière, donc avec une portée globale. Matsumoto ne fait jamais que rendre explicite ce lien macroscopique en jetant des ponts à l’échelle microscopique de ses récits.
Le mangaka ne cache pas le côté artificiel des passerelles qu’il crée entre ses travaux. Pour le justifier, il recourt à la bonne vieille excuse des univers parallèles, explication qui en vaut bien une autre. Il a aussi utilisé l’argument du temps non linéaire et de la boucle temporelle, qu’on peut traduire par “rien à secouer de la chronologie”. Parce que c’est ça, au fond : on s’en tamponne. Quand certains se demandent comment établir une biographie rigoureuse d’Albator et une chronologie précise de ses aventures, la vraie question serait plutôt de savoir pourquoi on le ferait. Est-ce que ça a un intérêt ? un sens ? Chercher une cohérence parfaite à l’ensemble relève du vain exercice qui n’a d’intérêt que si on aime s’arracher les mouches et enculer les cheveux ou l’inverse.
Matsumoto dit lui-même que les liens entre ses travaux ne sont pas à prendre au sens littéral. Que ces rattachements ne soient pas toujours logiques, cohérents, solides, importe peu. Ce n’est pas le but. Matsumoto met en scène des personnages récurrents qui ont valeur d’archétype. Si je devais comparer, je citerais le Champion Éternel dans le Multivers de Michael Moorcock, ou pour les amateurs de références classiques, les douze mille légendes mettant en scène Héraklès, chacune avec x versions différentes. Harlock, même combat : dans tel univers à tel date, il est comme ceci. Dans un autre univers, c’est différent, et puis voilà.
Dans un effort de cohérence, Matsumoto, en plus de nombreuses explications données en interviews, tente dans le second voyage de Galaxy Express 999 et dans L’Anneau des Nibelungen de relier pour de bon et de façon aussi explicite que possible son “Leijiverse” autour de ces notions d’archétype, de figure récurrente, de schéma qui se reproduit à l’identique depuis très très longtemps avec, au premier rang des éléments communs, un lien indéfectible entre un avatar de Harlock/Albator et un avatar de Toshiro/Alfred.
La saga avant la saga
Si la chronologie narrative relève du foutoir total, il n’en va pas de même pour son pendant IRL. Chaque œuvre étant datée, dessiner la frise chronologique des mangas, OAV et films d’animation n’a rien d’un exercice insurmontable. Encore que… La facilité prévaut pour les séries principales, on n’en dira pas autant des apparitions occasionnelles, surtout celles qui précèdent l’acte de naissance officiel d’Albator dans son premier manga à lui, rien qu’à lui. L’indisponibilité des publications les plus anciennes, épuisées depuis belle lurette, complique recherches et vérifications, sauf à connaître un collectionneur fou ou à claquer des fortunes sur le marché du livre ancien.
Citer tout ce qui se rapporte de près ou de loin à Albator reviendrait à recopier 90% de la biblio de Matsumoto. Il a donc fallu procéder à un choix dans cet univers très vaste, développé par l’auteur depuis une soixantaine d’années. Je me contenterai des apparitions d’Albator himself, sans m’embarquer dans les Herlock-likes. À bien des égards, tout ce qui tourne autour de la saga Space Battleship Yamato n’est jamais que du Harlock sous un autre nom. Idem le spin-off de Queen Emeraldas, encore qu’il constitue un cas très particulier à travers son lien indissociable avec la série originelle. Idem bis, le très flagrant Submarine Super 99 (潜水艦スーパー99) qui est à Harlock ce que le Canada Dry est à la bière.
Avant la naissance d’Albator en tant que tel, plusieurs prototypes du personnage traînent dans les mangas de Matsumoto. La plus ancienne version est le capitaine Kingston (キャプテン・キングストン) créé en 1953.
La première apparition d’un Harlock (ファントム・ハーロック, Phantom Harlock) remonte à 1968 dans deux histoires : 冬眠惑星 (Tomin Wakusei), où le personnage n’a ni balafre ni bandeau sur l’œil, et 光速エスパー (Kōsoku Esupā).
Le plus connu des proto-Albator (ou le moins inconnu) est Walter von Harlock ou Phantom F. Harlock II, ancêtre allemand du célèbre pirate balafré, qu’on peut voir en 1969 dans le manga パイロット262 (Pilot 262, en référence au Messerschmitt Me 262). Matsumoto considère Pilot 262 comme la première histoire de Harlock et la matrice du personnage. Les racines germano-aviatrices d’Albator reviennent plusieurs fois par la suite (アフリカの鉄十字, Afurika no tetsujūji, La Croix de Fer d’Afrique, 1969 ; ザ・コクピット, The Cockpit, 1975).
En 1970, on trouve dans la série Sexaroïd une histoire intitulée 大海賊ハーロック (Dai-Kaizoku Captain Harlock) mettant en scène un Phantom Harlock à la tête du Death Shadow. Y voir la première véritable apparition d’Albator prête à débat. Il pourrait tout aussi bien s’agir de son père, Great Harlock. Je penche plutôt pour cette seconde option, même si rien de précis ne permet de trancher dans un sens ou l’autre. C’est plus une déduction intuitive au regard des développements ultérieurs des personnages du père et du fils.
1972 voit la publication de 思春期100万年 (Shishunki 100 man-nen) qui appartient à l’univers de Gun Frontier (ガンフロンティア) lancé la même année et dont la publication se poursuit jusqu’en 1975 pour le premier volet. Gun Frontier met en scène dans un univers de western Harlock et son pote Tochirō. C’est la première mention du lien unissant les deux personnages. Le manga sera adapté en série animée en 2002.
Ici et là se glissent quelques titres sur lesquels j’ignore tout hormis qu’ils existent. En vrac, L夫人漂流記 (L fujin hyōryūki, 1970), 悪魔博士恐怖の脳改造 (Akuma hakase kyōfu no nō kaizō, L’effroyable lavage de cerveau du docteur diabolique, 1971, tout un programme), 近眼人類詩集 (Kingan jinrui shishū, 1973, avec les histoires ガンマンは夕陽に死んだ et 宇宙船希望8号の帰還), ワダチ (Wadachi, 1973), スタンレーの魔女 (Sutanrē no majo, La sorcière du Mont Stanley, 1973), 機械化都市ーテクノロジラスー (1975), キリマンジャロの鳥人 (1975).
Le rythme des apparitions s’accélère à la moitié des années 1970. La figure d’Albator prend de plus en plus d’importance et se rapproche de celle qu’on connaît aujourd’hui. On verra Harlock traîner ses guêtres dans un univers rendu familier par ses multiples caméos antérieurs.
En 1975, année charnière, sortent à la suite 宇宙戦艦デスシャドー (Uchū senkan desushadō, Space Battleship Death Shadow), わが青春のアルカディア (Waga Seishun no Arukadia, L’Arcadia de ma jeunesse), エメラルダス (Emeraldas, courte histoire qui sera développée dans la série Queen Emeraldas) et ダイバー0 (Diver Zero). Sans être de l’Albator pur jus, Space Battleship Yamato (宇宙戦艦ヤマト), qui sort la même année, reste dans un esprit très proche.
Enfin, nous voici en 1977, année où paraît le “premier” volume d’Albator. Guillemets de rigueur, on est loin du parfait inconnu sorti de nulle part après dix ans à voir le gugusse grenouiller par la bande dans les univers de Matsumoto.
A priori la liste des œuvres pré-Albator que je viens de citer doit être exhaustive ou au pire complète à 90%. Si j’en ai oublié… Ben tant pis, vous avez déjà de quoi lire avec ces titres et vous pouvez toujours apporter votre pierre à l’édifice via les commentaires.
On peut aussi ergoter sur l’année ou le récit qui voit apparaître Albator pour de bon. Je laisse ce genre de conflit stérile à ceux que ça amuse. J’ai collé l’ensemble dans les prototypes, partant du principe que le manga dédié à Albator marquait le point zéro et que toute parution antérieure relevait du brouillon, du prototype, de la bande-annonce, de ce que vous voulez. C’est un parti pris qui se défend et qui, j’en suis conscient, a ses faiblesses. M’enfin, fallait bien poser une borne quelque part.
La saga Harlock
On vient de le voir, Albator ne se limite pas à Albator, loin de là. Même lorsqu’il aura son propre manga, Harlock continuera à rendre visite à ses petits camarades dans d’autres histoires, en caméo, guest-star ou personnage secondaire.
En 1977 paraît le manga 宇宙海賊キャプテンハーロック (Uchū kaizoku Captain Harlock, Capitaine Harlock, le pirate de l’espace) ou plus simplement Capitaine Albator. Cinq volumes étalés jusqu’en 1979 racontent les aventures spatiales du borgne balafré aux prises avec les Sylvidres. On attend encore la fin. L’engouement pour la série a vu une adaptation rapide à l’écran, au point de happer Matsumoto qui n’a jamais terminé le manga.
L’adaptation porte le même titre en japonais et se voit baptisée en VF Albator, le Corsaire de l’Espace ou Albator 78. À la différence de la version papier inachevée, la série comporte un dénouement au terme de ses 42 épisodes dirigés par Rintarō.
Albator devient une star en France. Je le connaîtrai un peu plus tard puisqu’à cette date, tel le siècle d’Hugo, j’avais deux ans. Comme Goldorak, l’anime fait l’objet de polémiques, par rapport à la violence supposée ou réelle de ce qu’il présente. Les autres valeurs véhiculées par le dessin animé (courage, héroïsme, amitié, sacrifice, liberté…) passent inaperçues, comme d’hab’ quand on ne voit que ce qu’on veut voir.
1978 voit aussi la sortie au cinéma de 宇宙海賊キャプテンハーロック アルカディア号の謎 (Uchū Kaizoku Captain Harlock Arcadia Go no Nazo), un nom à rallonge pour un moyen-métrage de 34 minutes. Cette version allongée d’un épisode de la série est connue en français sous le titre Albator : Le mystère de l’Atlantis.
Cette triple mouture manga-OAV-ciné marque la naissance officielle d’Albator. Y voir une œuvre “post-Star Wars” comme d’aucuns l’ont fait relève à mon sens de la débilité profonde. Le manga est contemporain de l’Épisode IV (1977), ce qui enterre illico la notion de “post”. La gestation du personnage et de son univers dure depuis belle lurette. Les apparitions de Harlock ou de ses avatars dans un cadre SF remontent à un bail quand A New Hope arrive sur les écrans. Faut surtout replacer ces deux œuvres – qui n’ont aucun rapport entre elles – dans le contexte des années 70 qui voient un boom du space opera aussi bien en littérature (romans, nouvelles, mangas, BD) qu’à l’écran (films, séries, animation).
À peine nanti de son propre espace, Albator poursuit ses apparitions. En 1977, Matsumoto démarre une nouvelle série de manga (encore…), Galaxy Express 999 (銀河鉄道999), dont le premier jet l’occupe jusqu’en 1981. Un second voyage verra le jour entre 1996 et 2005. Le manga sera adapté en série TV (113 épisodes entre 1978 et 1981) dont 3 épisodes auront droit à une version longue pour la TV. S’ajoutent trois fils d’animation en 1979 (銀河鉄道999, Galaxy Express 999), 1981 (さよなら銀河鉄道999 アンドロメダ終着駅, Adieu Galaxy Express 999) et 1998 (銀河鉄道999 エターナルファンタジー, Galaxy Express 999 : Eternal Fantasy). Et enfin, en 2004, une seconde série d’animation intitulée Space Symphony Maetel (宇宙交響詩メーテル ~銀河鉄道999外伝~). C’est bien la seule partie d’Albator qui manque à ma collection, pas lu, pas vu, pas pris.
En parallèle, Matsumoto développe le personnage d’Emeraldas, alter-ego féminin d’Albator qu’il avait déjà esquissé dans un manga court. En 1978 commence la publication de Queen Emeraldas (クイーン・エメラルダス) qui deviendra une série animée vingt ans plus tard.
En 1982, sort ce qu’on considère comme la meilleure histoire d’Albator, LE monument. D’abord le film d’animation L’Atlantis de ma Jeunesse (わが青春のアルカディア, Waga Seishun no Arukadia), 2h10 de pur bonheur. Puis sa suite Albator 84 (わが青春のアルカディア 無限軌道SSX, Waga seishun no Arcadia – Mugen kidô SSX), série d’animation en 22 épisodes, située avant Albator 78 dans la chronologie de l’univers (pratique pour s’y retrouver…). Albator y affronte les Humanoïdes et les collabos Terriens.
Il faudra attendre deux ans avant de voir cette merveille en France, d’où le titre 84 et non 82… alors que la série de 1978 n’a été diffusée qu’en 1980 mais s’appelle quand même 78. Le film a quant à lui été massacré en version française, découpé en 5 épisodes pour sa diffusion télé, censuré comme pas permis (au revoir les racines allemandes d’Albator) et diffusé après la série alors qu’il se situe avant. Aucun respect, je vous dis…
La série marche moins bien que prévu au Japon et se voit amputée de la moitié des épisodes prévus. Elle n’est pas exempte de défauts, le premier étant sa pure vocation commerciale pour surfer sur le succès d’Albator 78. Matsumoto a un peu traîné les pieds et a surtout concentré ses efforts sur le film associé. Pourtant, cet opus 84 reste LE truc qui m’a fait triper quand j’étais gamin, période qui s’étend de mes 8 ans à maintenant.
Ensuite, Albator prend quelques vacances. Il ne réapparaîtra sur papier qu’en 1990 pour partir en quête de l’or du Rhin dans L’Anneau des Nibelungen (ニーベルングの指環), adapté au petit écran sous le titre Harlock Saga (ハーロック・サーガ ニーベルングの指環). Depuis Albator 84, on l’avait croisé ici et là en OAV dans Galaxy Express, Queen Emeraldas ou encore Fire Force DNA Sights 999.9 (火聖旅団 ダナサイト999.9), mais jamais dans une série rien qu’à lui. Alors, ce come-back ?
La série animée reste inachevée et ne reprend que le début du manga, qui n’a lui-même jamais eu de conclusion. La faute à une publication difficile, étirée dans le temps sur toute la décennie 90 et passant par plusieurs médias (du magazine de voitures d’occasion au web).
Il s’agit de l’adaptation SF de l’opéra bien connu de Wagner. De la balle quand on est comme moi à la limite de l’orgasme dès les premières notes de la Chevauchée des Walkyries. Sans doute l’opus le plus prometteur de Matsumoto et aussi le plus faiblard. Matsumoto voulait par son biais régler les incohérences de son œuvre en convoquant la totalité de son univers dans un seul manga et en expliquant une fois pour toutes son histoire de boucle temporelle. Sauf que la saga n’a jamais eu de conclusion et laisse beaucoup de questions en suspens. Qui plus est, la version animée est assez ennuyeuse avec des passages très confus, il faut le reconnaître.
Dommage pour une œuvre qui s’annonçait comme centrale, (re)fondatrice et synthétique. Harlock Saga aurait devenir un Atlantis de ma jeunesse bis s’il avait reçu l’attention requise.
À noter qu’il s’agit à l’heure actuelle de la dernière apparition sur papier de Harlock à la fois dans son univers à lui et dans une aventure inédite. En-dehors, on peut le croiser dans le second voyage de Galaxy Express 999. À domicile, on le verra dans Albator SSX Dimension Voyage (キャプテンハーロック~次元航海~), un reboot du manga de 1977 lancé en 2014 pour fêter les soixante ans de carrière de Matsumoto, qui en confie le dessin à Kōichi Shimahoshi.
Hors Matsumoto, on citera aussi Capitaine Albator : Mémoires de l’Arcadia, série 100% française dont les trois tomes forment une histoire complète et inédite. Elle a été réalisée par Jérôme Alquié avec l’aval de maître Leiji et publiée en 2019-2020.
Côté animation, on retrouve Harlock en 2001 dans la série d’animation Cosmowarrior Zero. Le titre français – La jeunesse d’Albator : Cosmowarrior Zero – prend des allures d’escroquerie quand on sait que l’OAV met au premier plan le personnage de Zero.
À l’origine, Cosmowarrior Zero (コスモウォーリアー零) était un jeu vidéo. Il a été adapté en une série de 13 épisodes sous le titre éponyme, auxquels se sont ajoutés deux autres, regroupés en tant que Young Harlock o Oe ! Cosmowarrior Zero Gaiden (ヤングハーロックを追え! コスモウォーリアー零外伝). Le “young Harlock” n’a rien à voir avec la soi-disant jeunesse d’Albator puisqu’il n’est pas question de sa biographie de bambin ou d’adolescent. C’est juste que l’histoire prend place avec un Albator à ses débuts, située avant Albator 84 dans la chronologie de l’univers. Une simple indication temporelle et à peu près rien de concret à se mettre sous la dent question background du corsaire balafré.
J’avoue ne pas avoir accroché des masses à cet opus. Un Albator en retrait alors que le titre l’annonçait sur le devant de la scène, déjà, ça représente beaucoup d’attente pour peu de présence. Zero a un côté tête-à-claques insupportable. Simple projection d’Albator en plus jeune, il fait double emploi avec son alter-ego adulte. Enfin, Harlock lui-même n’apparaît pas sous son meilleur jour.
En 2002, Endless Odyssey (Space Pirate Captain Herlock Outside Legend – The Endless Odyssey en “japonais”) est la dernière série d’animation en date mettant en scène notre fameux pirate.
Opus assez particulier, car il bénéficie d’un design très moderne qui fait passer les anciens graphismes pour du cartoon. Il a autant de points forts que de faiblesses. Par exemple, l’histoire à tendance à se traîner avant qu’Albator n’affronte les Noos. Son caractère ne s’est pas arrangé avec le temps, limite devenu glacial (tendance amorcée dans Cosmowarrior Zero).
Enfin, en 2013 sort un projet dont on entendait parler depuis des années : Albator, le film.
Space Pirate Captain Harlock était attendu comme LE film d’animation à la gloire du corsaire balafré. Le résultat a été un bide incapable de rembourser son budget. Après un démarrage exceptionnel au Japon le week-end de sa sortie, le soufflé est retombé aussitôt pour devenir un échec retentissant. Le film a quand même obtenu du succès en France et en Italie où Albator bénéficie d’un énorme capital sympathie. Il y avait beaucoup d’attentes autour de ce long métrage, sans doute trop pour ne pas causer de déceptions. Sans parler des défauts inhérents au film lui-même, à commencer par son histoire confuse et pas exemptes de longueur.
Depuis, le capitaine corsaire se montre discret…
Récapitulatif chronologique
1953 : création du capitaine Kingston
1968 : 冬眠惑星 (manga)
1968 : 光速エスパー (manga)
1969 : Pilot 262 (manga)
1969 : アフリカの鉄十字 (manga)
1970 : Dai-Kaizoku Captain Harlock (manga)
1970 : L夫人漂流記 (manga)
1971 : 悪魔博士恐怖の脳改造 (manga)
1972 : 思春期100万年 (manga)
1972-75 : Gun Frontier (manga)
1973 : 近眼人類詩集 (manga)
1973 : スタンレーの魔女 (manga)
1973 : ワダチ (manga)
1975 : The Cockpit (manga)
1975 : 機械化都市ーテクノロジラスー (manga)
1975 : キリマンジャロの鳥人 (manga)
1975 : Space Battleship Death Shadow (manga)
1975 : L’Arcadia de ma jeunesse (manga)
1975 : Emeraldas (manga)
1975 : Diver Zero (manga)
1977-79 : Capitaine Albator (manga)
1977-1981 : Galaxy Express 999 – premier voyage (manga)
1978-79 : Albator 78 (série animée, 42 épisodes)
1978 : Albator : Le mystère de l’Atlantis (moyen-métrage d’animation)
1978 : Queen Emeraldas (manga)
1978-81 : Galaxy Express 999 (série animée, 113 épisodes et 3 téléfilms d’animation)
1979 : Galaxy Express 999 (film d’animation)
1981 : Adieu Galaxy Express 999 (film d’animation)
1982 : L’Atlantis de ma Jeunesse (film d’animation)
1982 : Albator 84 (série animée, 22 épisodes)
1990 : L’Anneau des Nibelungen (manga)
1994 : The Cockpit (série animée, 3 épisodes)
1996 : Galaxy Express 999 – second voyage (manga)
1998-99 : Queen Emeraldas (série animée, 4 épisodes)
1998 : Galaxy Express 999 : Eternal Fantasy (film d’animation)
1998 : Fire Force DNA Sights 999.9 (film d’animation)
1999 : Harlock Saga, L’Anneau des Nibelungen (série animée, 6 épisodes)
2001 : Cosmowarrior Zero (série animée, 13 épisodes) + Young Harlock o Oe ! Cosmowarrior Zero Gaiden (série animée, 2 épisodes)
2002 : Gun Frontier (série animée, 13 épisodes)
2002 : Endless Odyssey (série animée, 13 épisodes)
2004 : Space Symphony Maetel (série animée, 13 épisodes)
2013 : Space Pirate Captain Harlock (film d’animation)
2014 : Albator SSX Dimension Voyage (manga)
Fin du premier volet, la suite au prochain numéro avec les personnages, les vaisseaux, les génériques et les grands thèmes d’Albator.