Qui n’a jamais entendu parler de l’Eldorado ? La quête de ce lieu mythique a lancé sur les routes et les mers des dizaines d’aventuriers. Marco Polo, Magellan, La Perlouse, Indiana Jones… Un vrai défilé de mode, entre perruque poudrée et fedora. En vain. Les gais compagnons du couvre-chef sont tous rentrés bredouilles, la queue entre les jambes. Quand j’ai voulu les interviewer sur le sujet, ils m’ont claqué la porte au nez. Sujet sensible…
C’est du côté des shorts moulants qu’il faut se tourner pour obtenir des réponses. Lara Croft n’ayant pu se libérer pour une bête raison juridique de marque déposée, sa cousine germaine Lara Krauft se chargera de présenter le mythe de l’Eldorado.
Un K à part : Bonjour, Lara.
Lara Krauft : Ponchour.
K : J’ai dit cousine germaine, pas germanique, tu n’est pas obligée de prendre un faux accent allemand.
Lara : Ach, d’accord. Salut, mon Fredounet.
K : Ça démarre bien, je regrette déjà… Commençons par la question rituelle de la présentation.
Lara : Je m’appelle Lara, j’ai 33 ans et je porte des petits shorts. Dans la vie, je suis archéologue. Une vraie archéologue, je veux dire, pas comme la cousine qui fait la star sur les écrans et qu’on ne voit jamais mouiller la chemise sur le terrain. J’ai trouvé le Graal, moi, monsieur ! On peut le voir exposé au musée d’Hallennes-lez-Haubourdin, merci qui ?
K : Tu évoques l’or et ça tombe bien, c’est le sujet du jour : l’Eldorado.
Lara : L’or ! Tu ne vas pas me dire que tu crois à ces fariboles de villes 24 carats perdues en pleine jungle sud-américaine ? C’est du pipeau ! Tu imagines la réverbération avec le soleil qu’il y a là-bas ? À l’époque on n’avait pas encore inventé les lunettes de soleil, tous les habitants seraient devenus aveugles.
K : En effet, vu sous cet angle… hum… inattaquable… hum… on y croit tout de suite moins au mythe des cités d’or.
Lara : Mes confrères sont passés à côté de l’essentiel ! Y compris la cousine, comme toujours. Sortie du pan-pan et des roulades, elle ne brille pas plus que les villes d’or imaginaires. Même niveau déplorable que Christophe Colomb qui cherche les Indes du mauvais côté de la carte et les conquistadors en quête de pagodes birmanes au milieu de l’Amazonie. Rien que des amateurs, des rigolos, des fantaisistes.
K : J’ai hâte d’entendre ta théorie farfel… euh… scientifique.
Lara : Il n’y a jamais eu de cité d’or à découvrir. Des siècles de recherches dans le vent à cause d’une bête erreur de traduction. En vérité, l’Eldorado est une dorade.
K : Une dorade ?
Lara : Oui, le poisson.
K : Je sais ce que c’est, merci. D’un coup le mythe s’effondre… Et cette illumination t’est venue comment ?
Lara : En lisant Moby Dick. Melville avait compris, lui. Son roman est une allégorie de la quête d’El Dorado, la mère de toutes les dorades. Il l’a juste remplacée par une baleine pour impressionner le chaland. Forcément, un petit poisson, niveau tension dramatique, ça l’aurait fait moyen.
K : “Forcément”, comme tu dis. L’évidence même… Et tes recherches avancent ?
Lara : Mieux que ça, j’ai mis la main dessus ! J’ai trouvé l’Eldorado ! Je l’ai même ramenée.
K : Ah ok, je comprends mieux l’odeur bizarre que je sens depuis le début de cet entretien.
Lara : Regarde !
K : C’est marrant, on dirait de la peinture dorée… ou pas. Tu peux ranger tes flingues, c’est bon…
Merci, Lara, pour cette interview pleine de révélations fracassantes. J’espère que tu seras des nôtres sur le stand du blog le samedi 5 octobre 2019 aux Halliennales.
Lara : À bientôt, mon Fredounet.