Un battle pack de luxe sorti à l’automne 2024 pour la pas du tout modique somme de 40€. Bon point tout de même pour ce deux-en-un prêt à l’emploi avec à la fois des Impériaux et des Rebelles, la boîte 40755 se suffit à elle-même pour jouer à Star Wars. À petite échelle, certes, mais au moins on a tout ce qu’il faut pour en faire quelque chose dès le départ.
Lego réédite ici deux vieux sets de 2008, les 7667 et 7668, en proposant des finitions plus détaillées grâce aux pièces qui ont vu le jour depuis ces temps jadis.
En contrepartie, l’effectif de chaque camp se voit amputé d’une figurine, passant de quatre à trois. Si ça ne gêne pas trop du côté des Rebelles qui étaient tous interchangeables, c’est un peu plus dommage pour l’Empire, puisqu’on perd le pilote en uniforme noir pour se contenter de stormtroopers basiques.
Lego, du pognon à ne plus savoir quoi en faire, mais toujours rogner, rogner, rogner…
Si la boîte est sympathique pour ceux qui se lancent dans l’univers de Lego Star Wars, elle ne propose rien de révolutionnaire. Les figs sont des classiques et tout amateur de la gamme croule déjà sous les modèles fournis ; les vaisseaux peuvent être reproduits sans peine via les instructions sur le site du fabricant, pour peu qu’on ait une petite réserve de pièces en rab.
Perso, je l’ai achetée parce que je n’avais pas les deux engins, que j’aime bien, surtout le speeder rebelle, et parce qu’il me manquait trop de pièces pour les refaire moi-même, mes réserves de noir et de gris ayant fondu dans les derniers développements de ma Batcave.
Pour être sûr de vendre ce set dont l’intérêt intrinsèque est faible pour ceux qui pratiquent la gamme depuis perpète, Lego y a donc intégré une minifig exclusive pour les 25 ans de la gamme. Les anniversaires Star Wars, j’avoue ne pas m’en soucier, il y en a tellement que ça finit par ne plus rimer à rien. Un coup, c’est les 30 ans de tel film, ensuite les 40 de tel autre, et des films, la licence n’en manque pas. Si on ajoute en plus les commémorations de produits dérivés… Trop d’événements tue l’événement, au bout d’un moment, plus rien d’extraordinaire ne ressort dans ce battage ininterrompu.
Bref. Pour le coup, la figurine est celle de QT-KT. Alors, ça me fait marrer de voir tout un tas de collectionneurs de Lego Star Wars, dont on attendrait qu’ils soient un peu au courant de ce qui est censé être leur univers de prédilection, ne rien connaître en vérité au sujet. De toute évidence, c’est de la collec’ pour la collec’ sans s’intéresser le moins du monde au contenu, aux personnages, au récit… Au mieux, on a droit à une petite référence à la présence du droïde aux côtés d’Aayla Secura durant la guerre des Clones, mais la plupart du temps, j’ai surtout lu des commentaires à côté de la plaque, qui passent carrément pour déplacés quand on connaît l’histoire du personnage de QT-KT, alias Qutee. Même Lego n’y échappe pas. “Une figurine de droïde QT-KT célébrant le 25e anniversaire de Lego Star Wars”, dixit le site officiel de la marque. Sauf que ce n’est pas du tout ce que symbolise le personnage, qui n’existait même pas quand la gamme a été lancée en 1999. Et s’il y a un bien UN personnage dans TOUT l’univers de Star Wars sur le dos duquel il fallait éviter de capitaliser pour rentrer du pognon en repoussant les limites de l’indécence, c’est bien celui-ci, eu égard à ses origines.
Or donc, R2-KT a été créée en 2005 par le R2-D2 Builders Club, une communauté de fans de Star Wars qui fabriquent des reproduction de robots. Ils ont conçu un R2-D2 rose et l’ont offert à Katie Johnson, une enfant de 7 ans qui adorait Star Wars et la couleur rose, par ailleurs fille d’Albin Johnson, le co-fondateur de la 501e Légion, et atteinte d’un cancer du cerveau. Le robot est ensuite apparu dans le film d’animation La guerre des clones en 2008 et la série animée éponyme, rebaptisé pour l’occasion QT-KT (cutie Katie), afin d’éviter la confusion avec le R2 originel.
Ce qui était un hommage à une enfant malade (et morte depuis) est devenu un objet de merchandising pour Lego dans l’objectif de fourguer une boîte qui leur serait restée sur les bras.
Propre.
Belle mentalité.
Ou pas.
Et là-dessus, on en rajoute une couche avec les spéculateurs. La boîte semble plutôt bien marcher… en tout cas pour la revente. Dur de la trouver complète d’occasion, QT-KT et son socle sont le plus souvent retirés pour être revendus à part. Soit des sets incomplets affichés à 20€ et le droïde rose vendu à côté pour la même somme. Alors j’ai pas fait math sup ni prépa HEC, y a peut-être une super astuce comptable qui m’échappe, mais faudra qu’on m’explique où est le bénéfice de scinder un set à 40€ en deux éléments à 20€…
Sinon, le set en soi est très chouette, même si à mon avis trop cher de 5-10€ pour son contenu (merci le matraquage de la fig exclusive). Pour ma part, avec ou sans robot rose, je l’aurais acheté. Son acquisition aura été l’occasion d’apprendre quelque chose, à savoir toute l’histoire derrière le personnage de QT-KT, ce qu’il symbolise, sa dimension humaine, laquelle pointe aux abonnés absents, tant dans la boîte elle-même que dans les intentions du fabriquant et des revendeurs du marché secondaire.
Au moins, c’est une boîte qui en dit long sur la stratégie commerciale de Lego et le rapport de la marque à l’humain, sur l’inanité des anniversaires à répétition, sur la collectionnite de fans qui ne savent rien sur rien, sur la spéculation qui tourne à vide… Du non-sens à tous les étages.
C’est ça aussi, Lego et les gens qui gravitent autour…
J’en serais presque à vous conseiller de jouer plutôt aux Playmobil…