Fog
James Herbert
Pocket Terreur
Un tremblement de terre… un brouillard jaunâtre… et c’est parti pour la version littérale de l’avertissement qu’on trouve sur les paquets de clopes : fumer tue ! Celle-ci, de fumée, elle ne rigole pas. Ceux qui la respirent perdent tout sens commun et deviennent des fous furieux assoiffés de violence, qui n’ont de cesse de trucider leur prochain.
Assez proche dans l’esprit de pas mal d’histoires de zombies, dont les protagonistes sont moins de vrais macchabées revenus d’entre les morts que des “infectés” rendus ultra violents par l’ingestion de telle substance ou la contamination par tel virus, Fog a des airs de précurseur de 28 jours plus tard et de la kyrielle de clones enfantés par les copistes de Danny Boyle.
Paru en 1975, il faut attendre 1990 pour voir le roman paraître en France dans la regrettée collection Terreur de Presses Pocket. Je crois que c’est un des premiers que j’ai lus.
Si Fog n’est pas de la “grande littérature”, c’est sans doute parce que personne n’est capable de définir ladite grande littérature, concept éthéré qui sert à caser qui on veut en laissant les autres auteurs à la porte, parce qu’ils feraient tache. Alors, c’est sûr, dans Fog, ça tache. Meurtres, bastons, pas un chapitre sans voir des cohortes de gens se faire déglinguer. Du mauvais genre à l’état pur pour une bonne série B qui fait le taf.
Pas trop de surprises à attendre de l’intrigue, classique dans ce type de récits horrifiques (on citera par exemple le Cellulaire de Stephen King) où un type tente d’aller du point A au point B en échappant à mille embûches sur sa route. Ici, c’est Holman qui s’y colle, d’abord coincé dans un hôpital (comme le héros de 28 jours plus tard…) et ensuite lâché dans la nature et immunisé aux brumes de la mort. Ses pérégrinations ne sont qu’un prétexte pour l’auteur à étaler des scènes bourrines et gore dans un environnement où tout n’est que chaos et destruction. Pas la peine de chercher de réflexion sur le sujet d’un retour à l’état brut et sauvage de l’humanité, il n’y en a pas. Dommage, ç’aurait été l’occasion. ‘Fin bon, on retrouve quelque part cette ambiance de fin du monde de La nuit des morts-vivants, où chacun se retrouve livré à lui-même en pleine anarchie, entre baraques incendiées et menaces mortelles à chaque coin de rue. Cette surenchère dans l’ultraviolence finit par la désamorcer : on atteint un niveau tel qu’on touche au too much, trop exagéré pour être malsain, trop mis en scène pour être autre chose que, justement, de la mise en scène, factice.
Les personnages vont et viennent. Enfin, ils vont, surtout, très peu en reviennent. Beaucoup servent le temps d’un chapitre et disparaissent, dézingués une fois que leur présence n’est plus utile. Pas développés, n’ayant d’autre raison d’exister que justifier telle ou telle scène, on ne s’intéresse ni ne s’attache à eux. La seule qui m’ait vraiment marqué est Mavis au chapitre X, mais ça doit beaucoup à une scène de sexe et au fait que j’étais jeune ado la première fois que j’ai lu ce bouquin.
Sans voler très haut, Fog a le mérite de ne pas se montrer prétentieux et de remplir son contrat : charcuter des gens et divertir. Comme le texte est plutôt court, il évite de se perdre en sous-intrigues secondaires et blablas soporifiques, on n’a donc pas le temps de s’ennuyer. Si on cherche une lecture pas trop exigeante mais qui fonctionne bien, c’est une bonne pioche.