Aujourd’hui, deux chroniques cinéma pour le prix d’une avec La Chute de la Maison Blanche et White House Down, sortis l’un et l’autre en 2013. La mode cette année-là était de faire péter la baraque présidentielle. Pourquoi pas ?
La Chute de la Maison Blanche
Antoine Fuqua
Une merde patriotique de plus.
Le mont Clichés culmine très haut et l’ascension promet d’être longue. Un traître qu’on repère dès sa première apparition après trois minutes de film, un gamin dont on se doute tout aussi vite qu’il fera figure de demoiselle en détresse (ou damoiseau pour le coup), un président américain pétri d’honneur, de courage et de vertu sacrificielle, des méchants Coréens, un super agent à la fois rongé par un passé douloureux et capable de cramer à lui seul quarante terroristes sans s’essouffler.
Le reste à lavement l’avenant : scénar tenant sur une tête d’épingle, dialogues plats comme la poitrine de Jane Birkin, personnages monolithiques, acteurs à chier. Tout est CGIsé à mort et ça se voit, surtout dans le cas du sang et des explosions.
Le film s’achève sur un discours présidentiel que n’auraient pas renié Reagan ou Bush. On dirait une de ces grandes œuvres réac avec Chuck Norris (Invasion USA, Delta Force), moins le côté nanar et sa dose de comique involontaire. Ici, ni humour ni dérision ni second degré, rien qui prête à sourire.
Antoine Fuqua porte bien son nom. Ce film de propagande lui ouvre une suite de carrière en or chez le fabriquant de dragées laxatives du même nom.
White House Down
Roland Emmerich
Du bourrinage plein de grosses ficelles. Le héros s’appelle John, porte un marcel, se trouve au mauvais endroit au mauvais moment et affronte des hordes de terroristes. Non, je ne parle pas de Die Hard. Un bon point quand même, les terroristes ne sont pas Iraniens, Afghans, Palestiniens ou autre clichés barbus portant turban, AK-47 et ceintures d’explosifs. Ils ne sont pas non plus Coréens ou Chinois. Non, madame, ils sont Américains, ce qui évitera les messages xénophobes subliminaux ou assumés. Après, les méchants restent très cliché avec la gueule de l’emploi. La preuve, ils portent des tatouages et ont une sale gueule.
Le héros est propre sur lui quoique mésestimé de tous. Tout le monde le déteste ou l’ignore, à commencer par sa fille qui l’appelle par son prénom au début du film… et l’appellera bien sûr “papa” à la fin. je ne vais pas épiloguer sur les détails divers et variés. Tout est cliché, convenu, téléphoné. Un exemple, le traître, on le démasque en une seconde quand il part bosser sans son pin’s à la bannière étoilée qu’il pose près du portrait de son fils… qu’on suppose mort, à juste titre, et qu’on suppose être le motif de sa trahison, à juste titre aussi. C’est plus des grosses ficelles mais des câbles d’amarrage ! Ce qui rend l’exposition assez chiante. Il faut vingt-cinq minutes avant que l’attaque ne commence, juste pour nous exposer des évidences qu’on a déjà vues dans 8537 films auparavant.
Par contre, quand l’action commence à péter, il n’y a plus un temps mort pendant plus d’une heure trente. Ça tire, ça pète de partout, c’est irréaliste au dernier degré mais on s’en fout. Y a zéro tension, parce qu’on sait que John s’en sortira, que sa fille s’en sortira, que le président s’en sortira. Mais on s’en fout. C’est toujours comme ça de toute façon. White House Down ne vend pas autre chose… encore que.
Donc en soi, bien foutu et assez prenant malgré un début longuet. Là où j’ai été surpris en bien par rapport à La Chute de la Maison Blanche, c’est qu’on nous épargne les conneries habituelles. Pas de grand discours patriotique sur fond de drapeau américain et de clairon. Pas de mention du 11 septembre. Ouf. Le président tient même un discours qui a valu au film de se faire descendre aux USA alors que le propos relève de la stricte vérité et du secret de polichinelle. Il n’est pas question de déployer des troupes pour une “guerre juste” contre le terrorisme. Du tout. Le président veut au contraire les rappeler pour empêcher le complexe militaro-industriel de s’engraisser via la spirale conflictuelle qu’il entretient en sous-main. Enfin un discours qui ne soit pas du God bless America über alles ! Rarissime dans ce genre de film, à plus forte raison lors d’une attaque de la Maison Blanche qui est quand même “un peu” le bastion de l’impéralisme américain. Par-dessus le marché, White House Down, contrairement à son immonde confrère La Chute de la Maison Blanche, ne se prend jamais au sérieux. Le film abonde en feintes moisies, vannes à deux balles, phrases qui tuent et éléments humoristiques qui rappellent les plus belles heures du genre (Commando, Piège de Cristal et autres mines de punchlines).
Bref, du bon film d’action et moins con que la moyenne.