Nettoyer ses Lego, c’est bien gentil, encore faut-il les mettre quelque part après l’opération. Organiser tout ce bazar de briques n’a rien d’une mince affaire, c’est pourquoi je vais vous révéler le grand secret du rangement et du classement des Lego, tel qu’il m’a été transmis par des moines shaolin du temple de Bri-Khet, en Thaïlande, au terme de nombreuses années d’enseignement.
La méthode ultime, elle est simple : classez vos briques de façon à vous y retrouver.
Voilà.
Y a je ne sais combien de milliers de références de pièces, de toutes tailles, formes, couleurs : à partir de là, vouloir pondre un classement précis au poil de fion tient du délire. D’autant que derrière, en fonction du stock de chaque AFOL, en quantité, en types, en coloris, telle ou telle façon de procéder vendue comme la meilleure pourra se révéler tout à fait pertinente ou pas du tout.
Va donc falloir forger votre propre système de classement, dont les grandes lignes sont assez simple à définir (forme/couleur le plus souvent) et dont le détail demandera de tâtonner un peu.
Dès lors que vous mettez tout de suite la main sur la pièce que vous cherchez, c’est que vous avez trouvé la bonne méthode, la vôtre, celle qui convient à votre réserve de briques et à votre caractère.
Je vais partir de mon expérience, vu que je n’ai que celle-là sous la main. À prendre non pas comme la Grande et Unique Vérité mais comme une piste pour guider vos propres réflexions et choix.
De base, je suis quelqu’un d’ordonné. Le fait d’être autiste y est peut-être pour quelque chose… ou peut-être pas, des tas de neurotypiques sont ordonnés. Au-delà du trait de caractère, j’adore classer, ranger, organiser, et ça, tant l’engouement que la place qu’il occupe dans mon mode de vie, c’est clairement un trait autistique dans mon cas (et un trait comique, aussi, quand on sait que dans d’autres domaines, je déteste l’ordre et pourrais donner des leçons d’anarchisme à Bakounine).
Donc ordonné. Mais.
Parce que quand je regarde par exemple ma bibliothèque, on y trouve pour le gros des ouvrages tous les auteurs et autrices classés par ordre alphabétique de noms de famille… avec quelques entorses ici et là pour tenir compte du facteur d’encombrement de tel ou tel bouquin, qui se retrouve décalé par rapport à l’ordre canonique. À cela, ajoutons que certaines portions de ma bibliothèque sont réservées à des thèmes (comme le Japon, l’art de la guerre, l’Histoire). Soit l’utilisation simultanée de méthodologies différentes.
Combiner, c’est ce qui définit ma façon de classer et ça se retrouve dans tout ce qui répond à un classement dans ma chambre (bouquins, magazines, fringues, Lego, bibelots…). L’organisation de mes répertoires sur le PC obéit aussi à cette logique. À l’arrivée, je sais où se trouve chaque objet, chaque fichier, chaque brique.
Approche spécifique, que j’ai reprise pour les Lego quand je m’y suis remis. Ne pas hésiter à hybrider les systèmes, parce qu’on arrive vite aux limites du classement “évident” par type de pièces et par couleur, à la fois trop simpliste et trop complexe. Du pragamatisme pour tenir compte de la réalité des pièces possédées qui fait parfois voler en éclats les beaux systèmes abstraits. Et surtout, faire preuve de souplesse. Trop de rigueur tue la rigueur, au point de n’avoir aucun sens et de devenir un obstacle. Enfin, adapter sans cesse le classement à la situation.
Quand j’ai repris les Lego, je repartais de zéro. Là, c’était facile, j’avais rien à classer.
Tout ce que je possédais, c’étaient un Y-Wing et un TIE-Fighter, hors concours, puisque destinés à zoner sur une étagère.
Les premières briques ont été récupérées en farfouillant le grenier et la cave des parents, où traînaient une poignée d’éléments rescapés de ma jeunesse. Là-dessus sont venues s’ajouter quelques pièces de rab de sets achetés en magasin de jouets et prévus pour être conservés en l’état. Soit pas grand-chose. Tout tenait en vrac dans une boîte à chaussures plus vide que remplie, et qui ne se remplissait pas vite, vu que les briques dont j’avais besoin, je les achetais d’occase sur Bricklink, donc juste ce qu’il me fallait, zéro surplus.
Ensuite, profitant de quelques offres et promos dans le Maxi Toys à côté de chez moi, j’ai mis la main sur une paire de petits sets très bon marché à recycler pour les pièces. Ce magasin refilait aussi assez souvent des petites boîtes et polybags en cadeau. Les briques ont petit à petit commencé à s’accumuler, il a fallu organiser ce vrac. Comme je bosse plutôt par couleur pour mes MOC, c’est sur ce critère que j’ai basé mon premier classement (et qui reste plus ou moins le fil directeur de ma méthode actuelle), en réutilisant tous les petits sachets récupérés lors de mes commandes sur Bricklink. Ainsi débuta la période où on me vit bramer “un sac en plastique”, tel Looping dans L’Agence Tous Risques (saison 1, épisode 3, Les gladiateurs). Dans chaque sachet, toutes les briques de la même couleur. Simple. Et efficace au vu de mon inventaire de l’époque. Puis la réserve continuant à croître et prospérer, il a fallu dissocier le contenu de certains sachets en subdivisant par taille entre les plus gros morceaux d’un côté, les toutes petites pièces de finition de l’autre, et le reste entre deux. C’était donc assez fouillis dans le détail mais bien suffisant pour ce que c’était faire.
S’il s’est affiné par la suite, c’est resté grosso modo la base du système de classement que j’utilise encore aujourd’hui.
Vous voyez les Réplicateurs dans Stargate ? Ben je l’ai vécu. Les briques ont continué à s’accumuler et de plus en plus vite, vu que ma mère a rejoint la partie. Forte de ses contacts et bonnes adresses, elle m’a ramené et me ramène encore pas mal de boîtes à des prix invraisemblables. Dans ses meilleurs jours, elle peut partir avec 10€ en poche et revenir avec une demie-douzaine de sets, entre des fins de stock soldés une misère à Monoprix, des lots de vrac dénichés pour une bouchée de pain en solderie, des sets compatibles vendus à pas cher dans des enseignes discount… Soit des centaines et des centaines de briques. Auxquelles sont venus s’ajouter ses bonnes affaires en brocante : des briquettes par cartons entiers. Je me suis retrouvé avec des arrivages de 10, 12, 15 kilos de Lego.
Conseil en passant : que ce soit pour le nettoyage ou le classement, procédez au fur et à mesure pour éviter de finir avec un tas jusqu’au plafond, dont le traitement sera repoussé ad æternam, parce que plus y en a, moins on a envie de s’y mettre… et moins on s’y met, plus y en a.
En quelques mois, j’ai été submergé par un tsunami de briquettes à ne plus savoir où les mettre. Au sens le plus littéral. Pas la place dans ma chambre pour tout caser. La question du rangement est devenue problématique. Mon classement grossier par couleur et par pièce d’à peu près la même taille était quant à lui dépassé.
(Intensité dramatique à son comble…)
J’ai traité les deux problèmes en même temps.
Premier volet de l’opération Briquarossa : l’invasion de la pièce d’à côté comme espace de stockage. Dans le même temps, investir dans des boîtes. Là, vous avez deux options : opaques ou transparentes. Transparent, c’est l’idéal, puisque par définition on voit ce qu’il y a dedans, donc on n’a pas besoin de les étiqueter – étiquettes qui à terme finiront couvertes de râtures au gré des changements de contenu – ni de toutes les ouvrir pour découvrir les pièces qu’on cherche dans la dernière – c’est toujours dans la dernière. Après, si on opte pour le transparent, faut un meuble pour ranger les boîtes à l’abri de la lumière (le blanc n’aime pas les rayons du soleil). Les boîtes que je possède sont vendues en lot de 3 sur Amazon, avec assez souvent des promos dessus, c’est pas la ruine.
Ensuite, tout en repensant le classement des briques, j’ai aussi pensé à celui des boîtes. Ben oui, parce que quand tu commences à parler en caisses, t’es bien obligé de mettre en place une organisation générale. Vu mon inventaire et l’usage que je fais des briques, j’ai mixé une répartition par quantité, couleur et utilité.
Au niveau des emballages, il a aussi fallu passer à la taille au-dessus : les sacs congélation.
Le noir, c’est ce que j’ai le plus et qui me sert le plus, donc une boîte dédiée. Les deux gris (dark bluish gray et light bluish gray), même topo, donc leur boîte à eux, dans laquelle les pièces des deux teintes sont regroupées, la nuance de ton les différenciant assez pour se permettre de les mélanger sans les confondre. Le blanc, même si je m’en sers un peu moins, a eu de facto besoin de sa caisse perso rien qu’à cause de la quantité de briques.
Dans mon monde, y a quatre couleurs : noir, gris, blanc, autre. Toutes les autres teintes sont donc regroupées ensemble sans se casser la tête. Fourre-tout qui paraîtra des plus chaotiques, mais à l’usage j’ai constaté que ça me convenait. Si j’ai besoin de telle pièce rouge, je la trouve tout de suite au milieu de ses sœurs vertes, bleues, jaunes, orange, marron…
Je reviendrai sur le détail interne plus loin, mais chaque boîte est ensuite subdivisée par sachets organisés par type/taille de pièces.
À force de récupérer des boîtes, les trois premières sont devenues six, puis neuf, pour arriver aujourd’hui à seize.
Pour m’y retrouver, toutes ces boîtes sont toujours disposées de la même façon et rangées aux mêmes endroits.
Les trois grosses boîtes bleues contiennent les briques de construction, vont dans une armoire dans ma chambre, avec toujours au-dessus celle qui contient le blanc, le gris et le noir et en dessous les autres couleurs. Chacune de ces quatre teintes comporte trois sachets : les briques fines (1x…), les grosses briques (2x…), les briques inclinées (qui ne me servent pas des masses et ont surtout atterri là faute de place ailleurs).
Une boîte solitaire renferme des pièces mises de côté pour la Batcave et va donc dans le meuble sous ladite Batcave, à portée de main pour bosser sur le chantier. Dedans, des sachets avec ici le Batman (pièces tampographiées d’une chauve-souris, batarangs…), là les ordinateurs, ailleurs des accessoires pour meubler les salles, des éléments tampographiés, des briques qui serviront peut-être ou peut-être pas. C’est là aussi que je stocke les morceaux de récup de minifigs, ainsi que leurs armes, outils et ustensiles.
Le trio de boîtes grises accueille les pièces dont je me sers le moins souvent, voire qui ne serviront jamais (et que je vendrai peut-être un de ces quatre pour libérer de l’espace). On y trouve un carton plein de bidules Technic que j’utilise très peu, hormis les pins, un carton de briques blanches trop jaunies pour être employées et d’antiques light grey, un carton de pièces abracadabrantes qui ne vont nulle part ailleurs (Bionicles surtout, morceaux de bateau City, nez d’avions…).
S’ajoute une pleine boîtes de pneus (les lots de brocante sont redoutables pour ça…).
Le gros morceau, c’est le bloc de huit. De haut en bas et de gauche à droite :
1) Petites pièces (1×1, 1×2, éléments de finitions) et tiles colorées
2) Plates fines (1x…) et petites plates (2x…) colorées
3) Grosses plates (que j’appelle “plaques”), plates biscornues (ailes, coins), arches, briques rondes colorées
4) Pièces colorées diverses (fauteuils, volants, contenants, capots, garde-boue, charnières…)
5) Noir
6) Gris
7) Blanc
8) Huisserie (portes, fenêtres), vitrerie, pépinière (arbres, plantes, fleurs)
Chaque colonne est disposée au plus pratique, édifiée selon un rang descendant d’utilité (en clair, plus on se rapproche du fond, moins ça sert).
Chaque boîte contient bien sûr un paquet de sachets où les pièces sont dispatchées par type de façon assez globale. Par exemple, toutes les briques transparentes 1×1 sont dans un sachet rien qu’à elles, mais j’y ai mis aussi bien les rondes que les carrées, les lisses comme celles avec un tenon, toutes couleurs confondues. Alors oui, j’aurais pu répartir chaque forme, chaque couleur, chaque texture dans son petit emballage perso. Trop de précision tue la précision, j’aurais perdu plus de temps à manipuler cette myriade de sachets que je n’en passe à en vider un seul d’un coup, choper les briques qu’il me faut, tout remettre en deux coups de poignet. Si c’est pour chercher un sachet parmi deux cent cinquante autres, je ne vois pas où le gain de temps par rapport à chercher une brique parmi deux cent cinquante.
Donc je suis arrivé à une organisation à la ouanegaine, assez précise pour ne pas galérer mais pas trop pour ne pas devenir contre-productive. Plutôt lâche pour les briques mais très rigoureuses dans la gestion des boîtes. Souple, toujours, pour pouvoir être évolutive.
Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’au-delà du classement des briques, dès lors que vous en accumulez pas mal, la question du rangement (et de la place disponible) devient tout aussi cruciale. Une bonne organisation des boîtes, c’est déjà la moitié du boulot de fait.
Et surtout, bien avant de se préoccuper des formes, tailles et couleurs de briques, ce qui compte le plus, c’est l’usage. Je peux me permettre de rester vague sur le tri par couleur, puisque je me sers surtout de noir et de gris, dans une moindre mesure de blanc. Donc pourquoi se casser la tête à détailler un super tri de la mort qui tue des plates rouges, vert pomme, jaunes, bleues, tan, etc. parmi lesquelles je ne pioche qu’un coup de temps en temps ? D’autant que dans certains cas, je me retrouverais avec des sachets contenant trois, quatre, cinq briques…
Votre classement, faites-le pratique. Précis et à portée de main pour les pièces qui vous servent souvent. Dans le fond et plus vague pour les briques peu utiles. À l’arrivée, perso, je sais où se trouve chaque pièce et je sais même à peu près en quelle quantité de tête, sans avoir codé de base de données maison pour dresser un listing exhaustif (j’avoue, être le fils caché de Rain Man et Adrian Monk m’aide beaucoup).
Après, chacun son truc, si vous vous sentez à l’aise avec un classement ultra rigoureux, où chaque brique de chaque taille et de chaque couleur aura sa place désignée, bien séparée du reste, allez-y.
L’important, c’est de s’y retrouver, peu importe le système de classement. Dès lors qu’on ne passe pas vingt minutes à dénicher la bonne brique dans le bon sachet de la bonne boîte, la méthode est bonne.
À la limite, si votre kif c’est de farfouiller, tout balancer en vrac dans une énorme caisse, tout retourner chaque fois jusqu’à dégoter LA brique, ça se tient aussi.
C’est des Lego, c’est prévu pour se faire plaisir. Le reste, en vrai, on s’en fout.