Disseclaimeur, qui fera office de préliminaire :
Là, on va parler littérature “adulte”, avec des zizis, de la touffe et des trucs olé-olé. Si tu as moins de 18 ans, je t’enjoins de lire un autre article de ce blog. Déconne pas, paraît que ça rend sourd…
L’Art de la Fessée
Jean-Pierre Enard & Milo Manara
Glénat Drugstore
Quatrième de couv’
L’Art de la fessée ou la rencontre des mots de Jean-Pierre Enard, écrivain sensuel de grand talent, et des dessins de Milo Manara, le maître incontesté de la bande dessinée de charme. Un ouvrage dans lequel le lecteur entrera, complice, dans les secrets de l’intimité d’un homme et d’une femme tous deux adeptes de jeux sensuels et sexuels tels que les affectionnait le divin marquis de Sade, auquel le livre rend ouvertement hommage. Entre luxure et raffinement, les nombreuses illustrations de Manara stimulent les sens et révèlent des plaisirs insoupçonnés…
Le parcours de Jean-Pierre Enard laisse rêveur. Le gars a été inventeur de gadgets pour Pif ! T’imagines ? Si peu d’élus… Encore mieux qu’auteur de blagues Carambar… Je tuerais pour voir figurer cette mention sur mon CV.
Dans la série “les lectures de ma jeunesse”, le bonhomme a aussi bossé pour Le Journal de Mickey et la Bibliothèque rose… avant d’œuvrer dans un autre genre de rose qui le rapproche de Manara.
Est-il besoin de présenter Milo Manara et ses célèbres Vénus ? Je l’ai découvert avec Le déclic, quand j’étais jeune au siècle dernier. Depuis, il figure parmi les dessinateurs les plus représentés dans ma BDthèque. J’adore son style et voilà tout.
L’Art de la Fessée, que dire que le titre ne contienne déjà ? De la fessée comme pratique sexuelle, un programme qui claque.
Le livre est court, une petite centaine de pages, illustrations comprises, assez pour brosser le sujet sans s’appesantir outre mesure. À la fois nouvelle, journal, traité d’initiation, L’Art de la Fessée joue de la mise en abyme, enchâsse à sa trame exposés, témoignages, théories et pratiques. De la fesse comme s’il en pleuvait… Le tout avec une grande légèreté là où d’autres auteurs auraient la main lourde.
Je ne saurais dire lequel du texte ou du dessin m’a le plus frappé. Une chose est sûre, la plume d’Enard et le crayon de Manara s’accordent à merveille. L’un et l’autre louvoient dans la partie la plus intéressante du genre, cette zone floue qui sépare le cul en deux. Non, pas la raie, pignouf… Je te parle de la frontière nébuleuse entre érotisme et pornographie, gentillets bisouillis et double fist anal.
Le meilleur morceau, parce que le plus difficile à maîtriser, un art en somme. Pas qu’il n’existe aucune bonne littérature en matière d’érotisme ou de pornographie. Y en a, comme la pomme. J’en reparlerai un de ces quatre. M’enfin, faut bien admettre qu’une grande majorité de tâcherons pourrissent le domaine, qui se cantonnent dans l’excès hardcore ou nunuche. Pour citer le grand penseur médiéval Karadoc de Vannes, “c’est de la merde”. Pour un qui tient la (bi)route, t’as vingt pisse-copies qui visent à côté…
Revenons-en au sujet, pas si éloigné, le fion.
Pas question ici d’infliger la souffrance, de tabasser sa femme, d’élever ses gamins au knout. Non, dans cette version bis d’Objectif Lune, le plaisir réciproque reste le maître mot. “L’art de la fessée, c’est la légèreté, l’ironie, le jeu… La vie conçue comme un opéra-comique… Tout est faux mais au moins rien ne fait mal pour de vrai.”
L’Art de la Fessée, au-delà de la pratique érotique qu’il met en scène, chante une ode au popotin. Une célébration du cul et… du cul. Du plaisir charnel, si tu préfères, des fois que l’astuce polysémique t’ait échappé. De la chère à la chair, ce que notre bon vieux Karadoc disait du gras vaut pour la fesse : le cul, c’est la vie.
Enard frappe un grand coup, parce que gras, il ne l’est jamais. Polisson, coquin, cru aussi (ou disons réaliste) mais grossier ou vulgaire jamais. Tout comme le dessin de Manara parvient à se montrer explicite sans se départir de la classe ou du charme qui ont fait sa renommée.
Un bon texte bien illustré qui fait le tour de son sujet, que demande le peuple ? (Le premier qui répond “du pain et des jeux” va s’en prendre un, de pain…)
Découverte décontractée des joies du joufflu… l’occasion, pourquoi pas, de s’y mettre… une belle invitation à s’occuper de ses fesses…
Le déclic, purée, ça ne me rajeunit pas, je l’avais trouvé dans la biblio de mon grand frère, curieuse comme j’étais, j’y ai jeté un coup d’oeil et n’en ai pas perdu une miette ! 😉
Bon article comme toujours !
Comme tu dis, ça ne nous rajeunit pas. En vérifiant les dates pour la rédaction de mon laïus, je suis tombé sur le cul (sic) en voyant que le premier tome du Déclic datait de 1984.