Il court bien des rumeurs au sujet des Halliennales. Le fait que j’inonde chaque semaine les forums complotistes de théories plus perchées les unes que les autres n’y est sans doute pas étranger.
La légende du festival installé sur un cimetière indien ? C’est bibi.
L’installation des stands par les mêmes aliens qui ont bâti jadis les pyramides d’Égypte ? C’est moi aussi.
Les fées et farfadets planqués sous les tables pour donner du bonheur aux auteur(e)s pendant les dédicaces ? Une de mes grandes révélations sur les sites “bien informés”. Maintenant, tu sais pourquoi tout le monde a le sourire jusqu’aux oreilles.
Les chemises de Maxime Gillio tissées en poil de licorne ? Bon, sur ce coup-là, on était plusieurs mais je ne balancerai pas mes complices.
Tiens, puisqu’on parle de Gillio, lui et ses liquettes font partie de l’équipe qui organise le salon. Il va nous raconter comment ça se passe dans l’arrière-boutique et démêler la légende de la vérité (ou l’inverse).
(Ellipse narrative sur les salutations et ronds de jambe.)
Un K à part : Comment sont nées les Halliennales ?
Maxime Gillio : En 2004, la ville de Lille était capitale européenne de la culture. Afin de pérenniser les actions menées à l’époque, l’association lille3000 a été créée, qui initie dans l’agglomération des actions culturelles thématiques tous les trois ou quatre ans. En 2012, le mot d’ordre était “fantastique”. La commune d’Hallennes-lez-Haubourdin a donc voulu créer son salon du livre fantastique, mais ne sachant comment faire, a contacté un important éditeur de la région, chez qui j’étais directeur de collection en freelance (ils ont eu du bol, j’ai été viré au bout de trois mois…).
C’est donc avec David Boidin et Benjamin Berdeaux, mes associés au sein de la société eXquisMen, que nous avons conçu et lancé la première édition des Halliennales en 2012.
En 2015, la transition s’est opérée. eXquisMen s’est dissous (et dix sous, c’est pas cher), j’ai créé Orcus Événements qui a repris le dossier, mais comme je perdais cinq kilos par jour à l’idée de m’occuper du bouzin tout seul, Sophie Jomain a proposé de m’aider, et s’est imposée très vite comme la cheville ouvrière de l’organisation.
Fred : Aujourd’hui, le festival, c’est quoi, c’est qui, ça mobilise combien de personnes ?
Maxime : Ah, enfin des chiffres ! Les Halliennales, c’est un an de travail, deux personnes référentes à la mairie d’Hallennes (Patricia Vanhoucke, adjointe à la culture, et Rébecca Natur, chargée de communication), une armée d’une vingtaine de bénévoles le jour du salon, deux policiers municipaux, tous les services techniques de la ville, le personnel de cantine, des roues entières de brie Président au buffet du midi, les espaces verts, des journalistes, une licorne unijambiste, des blogueurs partenaires, une communauté de quelques milliers de fans sur Facebook, un webmaster, un jockey manchot, des navettes, la librairie La Mare aux Diables qui nous suit depuis cinq ans, un marché fantastique, une centaine d’auteurs, un mirliton à poils durs, de la bonne humeur et de la chaleur, et trois auteurs qu’on n’invitera plus jamais.
Fred : Selon toi, qu’est-ce qui fait l’identité des Halliennales ?
Maxime : L’ambiance. C’est un peu tarte à la crème, mais c’est tellement vrai. Il y a du stress en amont, des discussions parfois animées, tout ce que tu veux, mais le jour du salon, le maître mot est : qualité de l’accueil et chaleur de toute l’équipe. Tout le monde s’accorde à le dire. Bon, après, on pourra toujours dire que nous organisons comme des dieux, ce sera vrai, mais je n’ai pas envie qu’on dise qu’on se la pète.
Fred : Ton meilleur souvenir toutes éditions confondues ?
Maxime : Je garde un souvenir ému de l’année où nous avions reçu Stephen King et JK Rowling. Le samedi soir, nous organisons toujours un petit repas avec les auteurs qui repartent le lendemain. Ce soir-là, l’ambiance était excellente, et tu sais comment c’est, avec la tension qui redescend et les bières des 3 Brasseurs. Bref, j’étais assis à côté de JK Rowling qui, à mon avis, commençait à être ronde comme une queue de pelle. D’un coup, elle se penche vers moi et me dit, avec son petit accent de Gloucestershire :
« Wow, Maxaïme, ce salon, c’est le best event que j’ai fait de ma life ! Pour remercier toi, je vais te mettre dans un prochain livre mien ! »
J’étais super flatté, tu penses, mais Stephen King, qui était juste en face, se lève avec fracas et, prenant l’assemblée à témoin, s’exclame :
« Bullshit ! Max, c’est mon poteau ! C’est moi que je vais le mettre dans un de mes books ! » (Oui, Stephen a toujours un peu de mal avec les subordonnées quand il a un coup dans le nez…)
Comme ils étaient sur le point de se mettre sur la gueule pour se disputer le droit de me citer dans leurs livres, j’ai joué les Salomon :
« Joanne, Stephen, je leur ai dit, ne vous disputez pas ! Vous savez, nous sommes tous des sœurs et frères de plume, autour de cette table. »
Pour appuyer mes dires, je leur ai montré Lovecraft en train de faire un chifoumi avec Stan Lee.
« Alors soyez gentils, inutile de me citer. Vous n’avez qu’à créer des personnages qui vous font penser à moi, mais pas la peine de leur donner mon nom. »
C’est ainsi que, quelques mois plus tard, Joanne a créé le personnage d’Hagrid, et Stephen celui de Mister Slip.
Je crois que c’est ça, mon meilleur souvenir des Halliennales.
Fred : Je comprends mieux pourquoi on appelle ça le “festival de l’imaginaire”. Tes attentes pour l’édition de cette année ?
Maxime : Faire encore mieux que les années précédentes, et moins bien que la prochaine.
Quand ? Samedi 5 octobre 2019 de 10h à 18h.
Où ? Complexe Pierre de Coubertin – 59320 Hallennes-Lez-Haubourdin
Pourquoi ? Parce que c’est bien (en plus, l’entrée est gratuite).