Combien d’histoires on a lues en se disant qu’elles démarraient plutôt bien avant de partir en sucette ou en couille ?
Tel sera le thème du jour.
Des ouvrages pas foncièrement mauvais mais trop bancals voire branlants pour remporter les suffrages et rester dans les annales.
L’étudiante perverse
Félix Navarrin
Média 1000
Celui-ci aurait pu être très bon dans son genre, et puis non, il s’effondre dans la dernière ligne droite, à quelques mètres de la ligne d’arrivée. Tout du long, l’étudiante perverse du titre donne libre cours à son penchant pour la domination, mélange de séduction, manipulation et tyrannie. Son amant régulier est à sa botte, sa femme de ménage aussi, ainsi que deux élèves à qui elle donne des cours particuliers – dans tous les sens du terme – de latin, et leur mère, et la femme de son directeur de thèse, et la tête, alouette. Bref, elle n’arrête pas. Et puis d’un coup, au dernier chapitre, débandade totale. Voilà notre étudiante soumise et humiliée, et elle aime ça. Ce qui n’a aucun foutu sens. Ce virage à 180 degrés dans sa psychologie sort de nulle part et contredit tout ce qui nous a été raconté du personnage depuis le début. C’est sur une impression de ratage qu’on referme le bouquin. Ou comment un seul chapitre raté peut torpiller quatorze autres qui tenaient la route.
La répétitrice
Christian Defort
Média 1000
Josiane part en Angleterre pour jouer à la prof particulière. Alors on a un peu tous les clichés : le manoir, le lord britannique, la femme de chambre, le thé avec le petit doigt en l’air et bien sûr l’éducation à l’anglaise à grands coups de savate. Faudra donc aimer le fétichisme des fessées pour apprécier ce bouquin. Le sexe plus classique est quasi absent, qui aurait pu apporter un peu de variété. Ici, on se contente d’enchaîner les raclées et les limites du thème apparaissent vite : c’est répétitif, même sur un format assez court de 124 pages. Pas pour rien si, sur le sujet, d’autres ont préféré la nouvelle pour éviter que leur récit ne tourne en rond. Parmi ces autres, on citera Pierre Dumarchey, aka Sadie Blackeyes, aka Pierre Mac Orlan. Il est d’ailleurs mentionné dans le bouquin qui n’est ni plus ni moins qu’un pastiche de ses travaux. Certes bien fichu le pastiche, mais on se demande quand même l’intérêt de réécrire ce qu’un autre a déjà raconté.
Une blonde pas comme les autres
Frédéric Mancini
Média 1000
Christophe est un queutard invétéré. Il se tape son épouse, la voisine, des prostituées, la femme de ménage, et passe les deux tiers du bouquin à se faire tripoter la nouille par la meuf de son meilleur pote.
Ses frasques ne poseraient pas de problème si le titre et la quatrième de couverture n’annonçaient pas un personnage qui brille par son absence tout du long. Je cite la quatrième : “il recueille sous une pluie battante une magnifique blonde” (la fameuse pas comme les autres du titre). La rencontre censée être le point de départ de l’histoire n’en sera in fine que la conclusion torchée, puisque cet événement arrive à la page 100 d’un livre qui en compte 120. Dans le genre tardif, ça se pose là.
Tromperie totale sur la marchandise, puisqu’on te vend un livre dont le contenu, au demeurant très moyen, est sans rapport avec la promesse initiale.
Transgenre
Sofia Azuria
Média 1000
Transgenre offre un récit à deux visages : d’un côté, le témoignage de Sofia Azuria sur sa transition de genre et son parcours de vie, de l’autre, du boulard mettant en scène la même Sofia, parce qu’on est dans du Média 1000 et que l’éditeur donne avant tout dans le porno de gare. En fait, le récit serait meilleur sans les scènes de cul, pas terribles dans l’ensemble, servies en prime par une narration plutôt poussive. Reste le témoignage au long cours, très sympa à lire quant à lui, où l’autrice raconte sa transition, son cheminement intérieur, ses interrogations, ses choix. Dans quel mesure se situe-t-on dans l’autobiographie, la fiction ou un mélange des deux ? On ne le saura jamais. En tout cas, le propos sonne assez juste pour donner l’impression d’être authentique. Pas tout récent avec pas mal d’allusions aux années 80-90, mais beaucoup de choses restent d’actualité et se recoupent avec ce que d’autres peuvent raconter aujourd’hui sur leur transidentité. Pas de prise de tête, mais de la décomplexion, du recul, de l’auto-dérision, ça passe bien et on sourit souvent à la lecture de certaines anecdotes ou réflexions. On sent à certaines ellipses que le texte original a été tronqué pour y glisser du cul à la place, mais on y perd plus qu’on y gagne. Clairement, ce témoignagne aurait mérité un format narratif plus classique, débarrassé des scènes olé-olé qui n’apportent pas grand-chose. On aurait eu un récit de vie complet, plus intéressant que cette version-ci.
N’hésitez pas à aller titiller d’autres zones érogènes du blog :
– festival de la demi-molle
– florilège Esparbec
– fantaisies inavouables
– né sous X
– pan-pan cul-cul
– cul à thème
– camion, pouet-pouet