Tu aimes les films sur gladiateurs ? les péplums ? les corps huilés des dieux et déesses en pleine orgie sur le mont Olympe ? Ou, telle Isis, tu préfères te lancer dans la quête du membre coupé d’Osiris, que d’aucuns qualifient d’ancêtre du godemiché ? Ça tombe bien, puisqu’aujourd’hui on va parler mythologie. L’égyptienne, la grecque et la romaine, le tiercé des classiques dans l’ordre.
C’est parti pour un bon gros coup de mythe !
Mythologie grecque et romaine
Pierre Commelin
France Loisirs
Base incontournable, l’ouvrage de Commelin a connu depuis sa sortie en 1907 plus de rééditions que Briarée ne peut en compter sur ses doigts. Clair, précis, synthétique, pratique, abordable à tout âge, quasi exhaustif, compact, il a tout pour plaire. Trente-six ans que je trimballe mon exemplaire – toujours en parfait état – et je replonge encore le nez dedans assez souvent.
Il nous propose quoi, l’ami Pierrot ? Les divinités originelles sorties tout droit des premiers vers de la Théogonie d’Hésiode, la clique olympienne des divinités majeures, un paquet de dieux et déesses un cran en dessous dans la hiérarchie de l’organigramme, les entités spécialisées dans tel ou tel domaine, marin, champêtre, sylvestre, funéraire… À ce panthéon pléthorique viennent s’ajouter une flopée de créatures mythiques et personnages issus des poèmes homériques et du corpus de légendes. Tout le monde y passe, jusqu’aux divinités allégoriques et aux oracles !
L’index en fin d’ouvrage lui permet de fonctionner comme un dictionnaire qui aurait troqué son ordre alphabétique pour un classement thématique.
Une bible (enfin, façon de parler), un must-have !
La mythologie, ses dieux, ses héros, ses légendes
Edith Hamilton
Marabout
Pointure de l’hellénisme, Edith Hamilton a sorti en son temps une Mythologie saluée par la critique en ceci que 1) elle s’appuyait sur la doc de première main, à savoir les textes grecs et latins originaux, pas des versions ayant subi les fantaisies des traducteurs, et que 2) elle a su rendre l’esprit originel des légendes en analysant leur dimension mythique et en captant la mentalité antique à moult siècles de distance.
L’ouvrage est excellent, complémentaire avec la Mythologie grecque et romaine de Commelin. On trouvera ici moins d’entrées type dictionnaire sur telle ou telle divinité et davantage de récits mythiques racontés en détail. Les deux titres vont donc de pair et se nourrissent l’un l’autre.
Contes et légendes de l’Égypte ancienne
Marguerite Divin
Fernand Nathan
Cette collection “Contes et légendes de…” a bercé mes années collège des années 80. À eux deux, le CDI de mon bahut et l’annexe de la bibliothèque municipale près de chez moi les avaient tous ou à peu près.
Le tome consacré à l’Égypte est due à la plume très littéraire de la bien-nommée Divin. Écrire de la mythologie avec un nom pareil, on ne peut que saluer la cohérence. Un livre que j’aime beaucoup, avec une grosse quinzaine d’histoires dont certaines communes avec Les plus belles légendes de l’Égypte ancienne de Géraldine Harris (chez le même éditeur – Fernand “Poil dans la main” Nathan – qui ne se foulait donc pas trop sur ses compilations).
Les plus belles légendes de l’Égypte ancienne
Géraldine Harris
Fernand Nathan
Vingt et quelques légendes en version courte pour aborder la mythologie égyptienne, passer en revue le panthéon, les tartes à la crème sur le sujet (Osiris, le jugement des morts, la barque de Rê) et aussi quelques histoires beaucoup moins connues, le tout ponctué d’illustrations magnifiques qui étaient la marque de fabrique de cette collection.
Sous le signe d’Isis et d’Osiris
Veronica Ions
Robbert Laffont
L’ouvrage est sorti en 1987, juste avant l’invention de la femme. À l’époque, on parlait des “grands mythes de l’Homme” (le nom de la collection), alors qu’aujourd’hui on dirait “les grands mythes de l’humanité”, histoire de ne pas mettre sur la touche la moitié du genre humain. Ce qui fait de son autrice, Veronica Ions, l’Ève de la fin du XXe siècle.
Que trouve-t-on dans la musette du couple phare de l’Égypte mythique ? Un passage en revue des différentes cosmogonies égyptiennes, variables d’une région l’autre. Bien vu ! Cette approche change de la vision monolithique trop souvent présentée, alors que la mythologie égyptienne n’a rien de figé, avec plusieurs versions pour chaque mythe, qui en plus évoluent dans le temps. Un tableau synoptique en fin d’ouvrage résume cette dynamique en mettant en relation chronologie, événements politiques et sociaux majeurs et évolution religieuse dans les mythes comme dans les cultes.
Après la mise en bouche cosmogonique, la direction adoptée est plus classique, avec un passage en revue du panthéon égyptien, des pharaons divinisés et des animaux sacrés.
La dernière partie est consacrée au culte d’Osiris et tout ce qui touche à l’au-delà et l’après-vie.
L’ensemble est pourvu d’une riche iconographie qui illustre et aère le texte.
Contes et légendes tirés de l’Iliade et l’Odyssée
Gisèle Chandon
Fernand Nathan
Première fois que j’ai mis le nez dans ce bouquin, j’étais en sixième, c’était au siècle dernier (mais après Verdun quand même). En soi, l’ouvrage est bien fichu pour proposer une version courte de l’Iliade et de l’Odyssée à destination d’un jeune public. Après, on peut s’interroger sur l’intérêt de la démarche : tant qu’à mettre le nez dans les poèmes homériques, autant lire les poèmes homériques, pas des résumés. D’autant que les textes sont accessibles – au moins en français, en grec du VIIIe siècle, c’est une autre paire de manches. Enfin bon, je suppose que ça permet aux éditeurs de vendre le double d’exemplaires, version courte et version longue… Toujours est-il que si vous avez peur que votre gamin se perde dans la version classique des textes, cette édition raccourcie est une bonne solution de repli.
La mythologie grecque, Du premier homme à l’apothéose d’Héraclès
Pierre Chuvin
Champs Flammarion
Le titre est quelque peu trompeur. En guise de mythologie grecque, on aura surtout le mythe d’Héraclès. Chuvin synthétise la notion de mythe, saute vers les enfers, fait un petit tour par Argos pour parler du premier homme qui justifie le sous-titre de l’ouvrage, et ensuite il n’y en aura plus que pour Hercule pendant les trois quarts restants du bouquin, les ancêtres, la vie et l’œuvre du Schwarzenegger antique. On n’est donc pas du tout dans un ouvrage généraliste de mythologie comme le titre le laisse entendre. Ce qui n’empêche pas le travail de Chuvin de mériter le détour avec une excellente analyse, très pointue, de la figure d’Héraclès, beaucoup plus complexe que ce que l’imaginaire collectif en retient aujourd’hui.
Les Grecs et l’irrationnel
Eric Robertson Dodds
Champs Flammarion
Des mondes grecs, nous avons hérité quatre choses : les mythes, la philosophie, la physique et une immonde salade de légumes baptisée macédoine. Dodds s’intéresse ici aux trois premiers legs et analyse le lien qu’entretenaient les Grecs avec le rationnel et l’irrationnel. Ces Grecs qui croyaient autant aux centaures qu’au théorème de Pythagore, donc quelque chose d’assez thomiste avant l’heure, toutes proportions gardées, où science, raison, foi, superstition, peuvent cohabiter dans le même individu et dans la même société. C’est cette société sur laquelle se penche Dodds, ses différentes strates, ses points de vue différents entre des élites rationalistes et les croyances populaires, son évolution à travers le temps depuis l’époque archaïque jusqu’au IIIe siècle après l’invention du pin’s (en clair et en gros, la période couvre un millénaire).
L’ouvrage est complémentaire avec Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? de Paul Veyne, les deux proposent une lecture stimulante.
Les plus belles histoires de la mythologie romaine
Kerry Usher
Fernand Nathan
Des trois que je possède de cette collection – Grèce, Égypte et donc Rome – c’est celui-ci que j’aime le moins. Il est bien, c’est pas le problème, mais je préfère les deux autres. La couv’ riche en couleurs froides y est pour quelque chose, et pareil pour la mythologie et la religion romaines, plus froides et ritualistes. Le volume est moins axé légendes aventureuses que mythes fondateurs, entre l’Énéide et la fondation de Rome, grandes figures de la royauté, de la République et de l’empire. Ce qui n’empêche pas l’ouvrage d’être bien fichu et superbement illustré, donc bonne pioche.
Formes médiévales du conte merveilleux
Jacques Berlioz, Claude Brémond & Catherine Velay-Vallantin (dir.)
Stock
Retour aux sources du conte merveilleux au programme ! Nécromants en goguette, saint Georges tatanant du lézard, le petit chaperon rouge en balade forestière, Robert le Diable, le langage des oiseaux, Berthe et son arpion XXL… Ce livre propose une vingtaine d’histoires telles qu’on se les racontait au Moyen Âge, en tout cas sur le fond. Pour la forme, elles sont traduites en français moderne et, ce qui ne gâche rien, accompagnées de commentaires historiques et littéraires sur leur origine, leurs variantes, leur destinée. Du conte old school, bien avant que le corpus ne soit tripatouillé par les frères Grimm et guimauvisé à l’envi par les studios Disney.
D’autres titres mythiques sur le blog en complément :
– Bottéro, Jean : L’épopée de Gilgames
– Gibson, Michael : Les plus belles histoires de la mythologie
– Muchembled, Robert : Une histoire du Diable
– Veyne, Paul : Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?
Beaucoup de choses très, très, très tentantes là-dedans !
Le Commelin est toujours sur mes étagères, après moult déménagements et prêts, ce qui est une performances, et je tâcherai de mettre la main sur le Hamilton – pour commencer.
Peut-être avez-vous lu le « Dictionnaire amoureux des Dieux et des Déesses », de Catherine Clément ? Plutôt synthétique, mais tendant à l’éclectisme, avec une pincée d’humour (et de solides connaissances.)
En plus, Catherine Clément a une jolie plume, ce qui est de plus en plus rare.
@Zazie : Le dictionnaire amoureux de Catherine Clément, ça me dit quelque chose, je dois l’avoir dans ma bibliothèque.
Edit : vérification faite, j’ai confondu avec le dico de Jacques Lacarrière sur le même sujet. Je note la référence de Catherine Clément, merci. 😉