“I’m not Batman because I like being Batman.
I’m Batman because I’m Batman.”
Batman/Catwoman: The Wedding Album – The Deluxe Edition
Tom King, Mikel Janin, Joëlle Jones, David Finch
DC Comics
Première chronique de l’année 2020, on démarre avec un bouquin offert par ma chère et tendre à Noël. Ce choix n’a rien d’anodin, manière de démarrer l’année sous les meilleurs auspices (au lit) et de commémorer à quelques jours près l’anniversaire de la rencontre entre BatFred et CatAngélique.
En attendant que DC adapte nos aventures sur papier et grand écran, voici celles de nos homologues de fiction : Batman/Catwoman: The Wedding Album – The Deluxe Edition, soit en français Chauve-souris-homme Chatte-femme : le mariage album, la de luxe édition.
J’ai donné le titre en français pour que les non-anglophones puissent comprendre de quoi il retourne grâce à ma superbe traduction pas du tout littérale. Sachez cependant que cet album n’est édité qu’en langue états-unienne.
On zappera tout autant la mention “Deluxe”, qui différencierait la présente édition d’une version standard. Il n’existe que celle-ci. Argument commercial à deux ronds pour te vendre du pseudo collector…
De quoi ça parle ? Du mariage de Batman et Catwoman, c’est marqué dessus comme le Port-Salut. On se situe ici dans le DC Universe Rebirth initié en 2016. Cet album joue la partition de l’anthologie en regroupant sur ses octante premières pages des morceaux piochés dans les numéros 24 (Every Epilogue Is a Prelude, avec la demande en mariage de monsieur B à mademoiselle C), 44 (Bride or Burglar, qui voit Catwoman choisir sa robe de mariée) et 50 (The Wedding, le grand jour). S’ajoute un volet artwork d’une soixantaine de pages avec les couvertures alternatives du n°50, les croquis de la robe de Catwoman par la talentueuse Joëlle Jones, quelques archives tirées de comics antédiluviens et l’inutile script du n°44.
L’intérêt de cet album sera variable. Si vous achetez déjà la série Batman à l’unité ou les volumes regroupés dans Batman Rebirth, gardez vos sous, cet album est un pur objet marketing et ne contient rien de neuf. Si vous ne possédez rien de tout ça, The Wedding Album est une chouette compilation qui en met plein la vue.
Côté scénario, du bon et du moins bon.
Attention, ça va spoiler dans 3… 2… 1…
Le numéro 50 avait fait polémique avant même sa sortie en juillet 2018, vu que la fin avait été révélée par le New York Times. Ledit numéro avait été survendu par DC à coups de superlatif. On nous promettait l’événement marital le plus marquant de toute l’histoire de l’humanité, à faire passer Harry et Meghan pour des miséreux dans une kermesse de village… et à l’arrivée, pas de mariage. Entre les attentes et la réalité, il y avait de quoi être déçu. Mais bon, là, le souci vient surtout d’une promotion foireuse de l’éditeur, en décalage complet avec le propos du scénariste.
Vu le récit mis en place par Tom King au long des numéros, cette fin était la plus logique. Le Batman qu’il développe est plus hermétique au bonheur que l’intégrale de la collection Tupperware. Le caped crusader (un croisé sans croix, z’ont le sens de l’humour chez DC…) n’est même pas sûr d’avoir droit au bonheur, il ne sait pas comment être heureux, il ne peut de toute façon pas l’être. Trop brisé. Et c’est là que, si le dénouement dans son ensemble est cohérent, la chute est WTF. Bane conclut que “the bat is broken”. Comment tu veux briser un homme qui est déjà détruit, et qui en plus tire sa force de sa douleur ?
Le meilleur moyen de se débarrasser du chevalier noir, c’était de le laisser se marier et roucouler peinard, il se serait retrouvé hors jeu. Parce qu’un Bruce Wayne à peu près apaisé ne pourrait plus être Batman, donc adios la chauve-souris et le rempart contre le crime à Gotham. Le plan des super-vilains occupe les trois places du podium en matière d’incohérence, de contradiction et de débilité.
Le final aurait gagné en tragique en économisant cette intervention externe pour jouer le moteur narratif artificiel. Sans manipulation pour amener Selina à prendre la décision de ne pas se marier pour que Batman reste Batman, son geste de super-héroïne – sacrifier son amour – n’en aurait eu que davantage de poids et de sens.
Le final laisse mi-figue mi-raisin, sans marquer de fin d’ailleurs. Selina se jette dans le vide depuis un toit, Bruce Wayne itou… ce qui n’empêchera pas ce dernier de revenir dès le numéro 51, frais comme une rose. Ils n’ont pas dû tomber de bien haut…
Donc pas de mariage, why not? Après, le défi narratif d’un Bruce Wayne apprenant à être heureux dans les bras de Selina aurait pu être plus intéressant qu’une absence de changement, mais c’est comme ça. Pour la fin heureuse, on peut toujours se rabattre sur d’autres histoires où le Dark Knight et Catwoman finissent par convoler bras dessus bras dessous (par exemple DC Super Stars #17 de décembre 1977).
Sur le sujet, une de mes prochaines lectures sera Batman : À la vie, à la mort, futur cadeau promis par ma chère et tendre. La plus belle histoire d’amour entre Batman et Catwoman, à ce qu’il paraît…
La principale qualité de ce Wedding Album réside dans le festival graphique qu’il propose. Une foule de noms sont venus apporter leur touche, soit dans les inserts du numéro 50, soit dans les couvertures alternatives : Frank Miller, Lee Bermejo, Neal Adams, Tim Sale, Jim Lee, David Finch, Natali Sanders, Josh Middleton… Mention spéciale au travail magnifique de Joëlle Jones qui reste selon moi la meilleure illustratrice de mamie Catwoman depuis la création du personnage en 1940.
Pour l’album d’un non-mariage, il est là, l’intérêt majeur : le dessin et les images. Du grand art, qui vaut l’investissement.
Batman & Catwoman sur Un K à part :
– Catwoman : l’encyclopédie de la féline fatale (chronique)
– La batcave (Lego)
– The Wrong Dark Knight Rises (montage)
– Catlady : Dans la chaleur de la nuit (chronique)
– Le P’tit Baigneur (montage)
– Vador Begins (montage)
– Les BatCat en petites briques (Lego)
Si seulement je pouvais te rendre la pareille en écrivant un article sur le cadeau que tu m’as offert pour Noël… ^^
@Anjlic : Ouais, hein ? Ben on va plutôt éviter et garder pour nous l’épopée de ta grenouillère cul nu. 😀