J’ignore ce que les scénaristes et le réalisateur avaient consommé avant de se lancer dans le projet, toujours est-il que cette substance envoie planer très, très, très haut. Ne vous fiez pas au titre français qui sonne faux. Le titre original, Botched, signifie “mal fait, bâclé” et colle mille fois mieux tant au contenant qu’au contenu.
Tous les coups dans lesquels s’embarque Richie (Stephen Dorff) ont tendance à partir en sucette. Sa carrière de voleur est une succession de coups foireux (botched, donc, d’où le titre).
Le film, lui, est un grand festival de n’importe quoi, dont certains éléments semblent volontairement ratés (botched, toujours).
Botched a un petit côté nanar d’horreur assumé. À mon avis, le réalisateur a bien dû comprendre qu’avec les trois francs six sous qu’on lui donnait comme budget, il ne fallait pas voir trop grand et que se prendre au sérieux risquait de tourner au ridicule.
Le cadre se résume à quelques pièces et couloirs qui sentent bon la production fauchée. Les effets gore, eux, sont plutôt bien fichus techniquement, sanglants à souhait pour les amateurs. Certains effets par contre sont nullissimes au dernier degré. Il y a une séquence avec un rat en peluche qui atteint des sommets de nanardise, et comparé au reste, on voit que c’est bidon exprès (botched…).
Côté scénar, le film est un vaste fourre-tout parodique. On trouve pêle-mêle une histoire de braqueurs, une prise d’otages et une course-poursuite à huis clos avec un tueur sanguinaire. Tous les clichés possibles et imaginables sont casés : jumeaux diaboliques, braqueurs bras cassés (un cerveau, une brute, un froussard), personnages hétéroclites et caricaturaux (fanatiques religieuses, journaliste, agent de sécurité qui se prend pour un commando de marine…), un méchant tueur (Ivan le Terrible en armure avec un katana, arme russe bien connue), un étage qui porte le numéro 13, des pièces secrètes pleines de cadavres ou de trophées du tueur, une vieille relique, l’éternelle donzelle qui se promène avec son chemisier au trois quarts ouvert et qui embrasse le héros au moment le moins opportun…
Bref, un festival. Sans voler très haut, le film est assez sympa dans son délire. L’histoire enchaîne les retournements de situation volontairement peu crédibles et gros comme une maison. Ses personnages sont des monuments de n’importe quoi, mais chose rare, de n’importe quoi réussi. Petit bémol, quelques temps morts plombent un peu le tout, et comme toujours dans la catégorie loufoque, certaines vannes ou situations tombent à plat ou volent trop bas pour faire rire.
Enfin dans l’ensemble, sans être un chef-d’œuvre de drôlerie, il tient sa place dans la catégorie comédie gore (Severance, Dead and Breakfast, Bienvenue au Cottage). Réussir un film faussement raté est très difficile et Botched s’en sort plutôt bien. Sans atteindre le niveau d’un Shaun of the Dead, on reste dans le même esprit de détournement d’un genre et de ses clichés.
À voir au 13ème degré.