The Order… Croisement improbable d’Indiana Jones et la Dernière Croisade, Les Aventures de Rabbi Jacob et The Benny Hill Show. Coscénarisé par Jean-Claude Van Damme.
Tout est dit.
Le film s’ouvre en 1099 sur la sanglante prise de Jérusalem. La ville ne devait pas être bien grande à l’époque, vu que les armées chrétienne et musulmane réunies totalisent une vingtaine de figurants. À la suite du terrible carnage, fatigué de se verser le sang, un Croisé du nom de Charles Le Vaillant (interprété par Van Damme) fonde un ordre religieux. Comme c’est un guerrier plutôt qu’un penseur, sans imagination ni vocabulaire, il l’appelle juste “l’Ordre”. Simple. Efficace.
Dix siècles plus tard, Rudy Cafmeyer (interprété lui aussi par Van Damme) vole un œuf de Fabergé dans un musée à Odessa. Les vigiles interviennent, flingue au poing, avec au passage du dialogue culte et intello comme on aime :
— C’étaient des coups de fusil ?
— Non, j’ai pété.
Là-dessus, baston entre Jean-Claude et les gardiens du musée. Puis la police arrive. Re-baston. Notre Arsène Lupin du dimanche parvient à s’enfuir avec son butin.
Téléportation, New York. Rudy essaie de fourguer son œuf dans une boîte de strip-tease. Quelques fesses passent pour remplir le quota. Baston. Rudy finit au poste.
Téléportation, Tel Aviv. Le père de Rudy a disparu lors de fouilles archéologiques, le fiston part à sa recherche. Poursuite en voiture… baston… poste de police.
Au passage, JCVD croise Charlton Heston. On n’a pas le temps de se demander comment Ben Hur a atterri dans cet invraisemblable projet filmique qu’il meurt.
Puis Rudy met la main sur les parchemins de la secte. Poursuite. Baston. Police.
À peine un pied hors du commissariat, JC se retrouve au centre d’un festival de péripéties qui s’enchaînent à un rythme frénétique. Voiture piégée, flics véreux, évasion bidon, déguisements, poursuites, explosions, carambolages, révélations délirantes, fanatiques religieux, fusillades, encore des poursuites… Vingt minutes non-stop de pur délire d’action qui ne s’arrête que lorsque Rudy prend une balle dans le bide (snif…).
Sitôt remis, Rudy enfile un nouveau déguisement et infiltre l’Ordre.
Les scénaristes continuent à placer tous les ingrédients qui leur viennent en tête : une ancienne prophétie, une vieille carte, des passages secrets, les retrouvailles de Rudy et de son père, une énoOorme bombe, un trésor légendaire, la préparation d’un attentat en vue de déclencher la Troisième Guerre mondiale… Du plan mégalo à la James Bond aux vieux souterrains piégés empruntés à Indiana Jones, tout y passe. Pour une fois, on ne peut pas reprocher l’absence d’idées pour remplir une heure trente de film, c’est l’inverse.
Il ne manquait qu’un duel à l’épée. L’oubli est réparé lors de l’affrontement final entre Rudy et Cyrus, le chef de l’Ordre (incarné par Brian Thompson).
Tout est bien qui finit bien.
Téléportation, New York pour le final : Jean-Claude embrasse (enfin !) Sofia Milos, la vedette féminine avant de s’enfuir avec la carte des mystérieuses cités d’or. Yeah !
The Order se voulait une comédie d’action mêlant le talent de Jean-Claude pour les arts martiaux à sa passion pour De Funès. Mais les éléments comiques se limitent à deux ou trois passages (THE poursuite, la dernière scène, le pot-pourri du générique de fin) et une paire de répliques. Il en reste donc de l’action à la tonne dans ces aventures de rabbi Jean-Claude. Le film n’en reste pas moins un énorme gag de scènes construites sur un modèle unique (déguisement-poursuite-bagarre-police) avec quelques allusions franchouillardes à son modèle (course en DS).
L’ensemble est bon enfant et sans prise de tête, c’était son parti pris, et ça fait plaisir de voir Jean-Claude s’éclater. Le délire de péripéties est volontaire, en grande partie assumé (enfin, je crois). Mais l’ensemble fleure bon le nanar avec ses moyens limités, ses incohérences énormes, son scénario flamboyant de n’importe quoi, ses répliques à deux balles et la candeur touchante des scénaristes qui essaient de caser la maximum d’idées en un minimum de temps.
J’ai vu le film en VF (a priori québécoise d’après certaines intonations). Le doublage est savoureux de nullité. Intonations qui ne reflètent pas la situation, accents “couleur locale” forcés qui sonnent faux, doubleurs pas inspirés qui se contentent par moments de débiter un texte lu péniblement…
En tout cas, excellent nanar, car avec tout ce qui se passe, on ne s’ennuie JAMAIS, et qu’est-ce qu’on se marre !
La palme ultime de la rigolade revient à une course-poursuite folle où Van Damme, déguisé en rabbin, tente d’échapper à une horde de police en plein quartier musulman, avec une bande sonore sous acide (musique juive traditionnelle + orientale + classique + cirque). Improbable scène cartoonesque imprégnée de l’esprit de saint Benny Hill…