Critiques express (72) Dis camion… Pouet ! pouet !

Littérature érotique

Ah, cet humour franchouillard des années 80… Moi qui ai pourtant toujours eu l’humour d’un collégien, voire d’un enfant de trois ans, je trouvais ça affligeant déjà à l’époque. Enfin bon, on ne va pas réécrire l’histoire d’un certain “humour” à la française…
Tant qu’à parler de beaufitude, sortons quelques romans de gare du placard pour rester au diapason…

Chauds les fantasmes Claude Delbouis Média 1000

Chauds les fantasmes !
Claude Delbouis

Média 1000

Un paquet de scènes de boule accrochées ensemble par un prétexte narratif, le tout est censé former un roman. Spoiler : non. Ça fait juste un paquet de scènes de boule sans lien entre elles, avec un gros artifice d’écriture bien visible et pas convaincant.
Muriel est étudiante en sociologie et sort d’une rupture qu’elle a du mal à avaler. Sa coloc lui souffle l’idée d’une enquête sur les pratiques sexuelles insolites pour savoir si le problème vient d’elle ou de son ex. (Y a rien de logique dans ce que je viens d’écrire et c’est pourtant ce que raconte le bouquin…)
S’ensuivent des rencontres, des témoignages, autant de vignettes olé-olé indépendantes les unes des autres et mises à la suite à la va-comme-je-te-pousse. Un soumis qui joue les dominatrices, une meuf qui s’enfile des légumes, un souvenir scabreux de la coloc en plein milieu comme un cheveu sur la soupe, les fantaisies de Muriel en boîte… D’un coup sort une histoire de succession pour prendre la relève d’une domina à la tête de son donjon. Muriel découvre qu’elle a un tempérament de soumise… tout en s’éclatant à l’occasion dans la domination, parce que, c’est définitif, y a zéro logique tout du long.
Ni queue ni tête, une construction narrative de flemmard, des scènes de cul à la qualité aléatoire, ils seraient plutôt tièdes, les fantasmes.

Une grosse vicieuse bien docile Christian Defort Média 1000

Une grosse vicieuse bien docile
Christian Defort

Média 1000

Le titre est à lui seul un poème, c’est ce qui m’a poussé à le lire. Un truc aussi WTF d’entrée de jeu pouvait donner quelque chose de bien. Ça n’a pas été le cas.
Defort reprend la même non-construction narrative que dans Chauds les fantasmes ! pas si bouillants au final. Même auteur sous un autre nom, même méthode : des scènes de cul éparses, une vague histoire pour les gouverner toutes et dans les ténèbres les lier.
Sarah tire le diable par la queue. Jusqu’au jour où elle se dit : pourquoi se contenter du diable ? Lucille, sa coiffeuse biclassée maquerelle, décide de la prendre en main et l’engraisse pour en faire, je cite, “une grosse dondon”, parce que les hommes aiment les femmes rondes. Son processus de transformation est expédié par l’auteur, alors que c’est justement ce qu’il aurait fallu raconter, en s’attardant dessus, en développant la progression de Sarah. Mais non. Pif, paf, pouf, fini. On n’aura ensuite qu’une succession de scènes de fion mettant en scène Sarah et ses clients, comme autant de tableaux indépendants. Lesdits clients ont des fantasmes pas ordinaires, on ne peut pas leur enlever ça, entre la domination des uns et la soumission des autres, les fessées, les lavements, l’infantilisation… Mais à aucun moment, les rondeurs de Sarah ne sont indispensables. Elle pourrait être maigre comme un clou, chaque scène serait identique au mot près.
Fiasco total sur la narration qui ressemble juste à une succession de niveaux dans un jeu vidéo, aucune exploitation de son thème central, ne reste qu’une scène ici ou là à sortir des sentiers battus et un titre rigolo. C’est peu.

La femme du notaire Michel Bazin Média 1000

La femme du notaire
Michel Bazin

Média 1000

Je n’attendais rien de ce titre, l’intitulé n’annonçant pas du palpitant. Bon ben ça allait à peu près, rien de flamboyant, mais pas non plus aussi médiocre que je l’imaginais.
On démarre sur du classique : un vieux notaire barbant et désagréable, sa femme Lucie pas très emballée au plumard par ce vieux sagouin, l’ennui bourgeois dans toute sa splendeur soporifique. Suite à une engueulade, la madame trompe le monsieur avec un marchand de tableaux et découvre dans la foulée que son mari s’adonne à tout un tas de cochoncetés avec la bonne et le majordome. Des domestiques, des notables et des toiles de maître, bienvenue dans un monde de droite…
Grâce à la magie du scénario, la miss devient alors assoiffée de sexe et tout le monde y passe, de son amie d’enfance à la femme de chambre, d’un pote de son amant à un sculpteur de godes (un beau métier peu commun). C’est davantage la déferlante ininterrompue à laquelle se livre la femme du notaire qui retiendra l’attention, plutôt que le contenu lui-même des scènes, assez commun dans l’ensemble et pas très bien raconté par l’auteur. Celui-ci a du mal à capter le temps fort de chaque coucherie et se plante chaque fois en s’attardant sur un moment sans intérêt pour survoler l’important. Ainsi, quand Lucie vit sa première expérience anale, en double pénétration par-dessus le marché – sa première aussi ! que de découvertes ! –, alors qu’elle s’y refusait avec son mari et était quelque peu anxieuse de la chose avec son duo d’amants, l’affaire est expédiée en quelques lignes ou deux, quand il aurait fallu s’attarder plus avant sur ces sensations inédites pour elle et le plaisir qu’elles lui procurent. Non, torché.
Un bon point à souligner qui relève le niveau : à peu près tout le monde dans l’ouvrage est bisexuel. Les femmes, c’est une tradition dans le genre pour les sempiternelles scènes lesbiennes, mais bien plus rare chez les hommes. On aura donc droit pour une fois à des mecs qui s’enfilent, ça change. Comme quoi, même le roman de gare le plus quelconque offre parfois des surprises…

De vraies poupées Frédéric Mancini Média 1000

De vraies poupées
Frédéric Mancini

Média 1000

Mouais, bon…
À vouloir traiter le thème des poupées sous tous leurs aspects, Mancini mélange des facettes qui n’ont rien à voir entre elles. En résulte un roman divisé en deux parties bien distinctes, qui ne collent pas trop l’une à l’autre.
Le premier volet tourne autour des poupées version jouets pour enfants, les modèles en celluloïd de 30, 40, 50 cm de haut. Elles sont utilisées par la copine du narrateur pour mettre en scène des dioramas suggestifs qu’elle reproduit ensuite dans sa vie sexuelle. À mon sens, il s’agit du segment le plus intéressant du roman, qui fait la part belle au fantasme et au cérébral, sur un concept original ou à tout le moins pas courant du tout.
La deuxième moitié sera plus classique autour de la version jouet pour adultes. On y croise les immondes baudruches des années 80, poupées gonflables les moins excitantes du monde, plus proches de l’accessoire de cirque à la tronche clownesque que d’une illusion de partenaire humain. Le bouquin doit dater un peu parce qu’il n’y a pas un mot sur la version contemporaine, les sex dolls en silicone presque aussi vraies que nature. En lieu et place, on aura une version hybride de poupée en latex, ultra réaliste dans son aspect extérieur mais légère comme une plume parce que toujours gonflable comme son ancêtre. Rien de bien palpitant de ce côté-là, puisqu’on ne verra que du cul classique pour l’occasion, lequel prend dans un village d’adeptes des poupées, contexte si délirant qu’il ressemble plus à de la parodie qu’à du porno.
Bilan mitigé, avec une seconde partie moyenne, et un trop grand décalage avec la première moitié. Les deux approches des poupées sont trop éloignées pour former un tout, sauf peut-être à développer une évolution de l’intérêt du narrateur en guise d’interlude. Ici, le revirement tient en une ligne, il ne peut pas fonctionner sur la base d’une simple phrase de transition.

Littérature érotique escarpin talon aiguille

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