La saga de Clément Bouhélier aura, avec le temps, trouvé et étoffé sa place tant dans ma bibliothèque que sur le blog : quatre chroniques (les deux tomes de Bans et barricades, le diptyque Une cité en flammes et Le combat des ombres et bientôt Histoires au crépuscule), un diorama discount (l’attaque du train) et bien sûr l’incontournable livre de recettes.
Mais voilà, la saga est finie. Revenir dessus, peut-on ? demanderaient les petits pédestres.
Une suite ? La trajectoire des personnages et des enjeux est bouclée. Et vu l’état des protagonistes à l’issue du cycle, leur âge aussi pour certains, ils sont usés jusqu’à la corde, on ne les voit pas remettre le couvert dans Olangar, le bataillon des éclopés. Pour dire quoi de plus de toute façon ?
Une préquelle ? L’éternelle tome zéro écrit en dernier au mépris de tout ordre mathématique. En littérature comme au cinéma, la plupart des préquelles sont à chier. Dans le pire des cas, il ne s’agit que de capitaliser sur le succès d’une licence en jouant les prolongations faciles sans sa fatiguer. Au mieux, on a droit à une genèse de tout un tas de trucs qu’on avait imaginés soi-même sur la base des infos du cycle lui-même, quand ça ne fait pas redite avec ce qu’on sait déjà. Une préquelle sur la guerre contre les orcs, par exemple, ne ferait que répéter en plus long ce que les premiers chapitres de Bans et barricades racontent déjà.
Les spin-off consacrés à tel ou tel personnage ? Torgend, hors jeu, son passé est raconté par le menu au gré du cycle à travers les nombreux souvenirs qu’il évoque. Evyna, hors jeu aussi mais pour la raison inverse, elle est très jeune quand commence Bans et barricades et on ne voit pas trop comment nourrir un roman entier avec le peu de vécu qu’elle a eu avant. Baldek, pourquoi pas mais pour y gagner quoi ? Sa trajectoire, on la connaît. Raconter sa jeunesse prolétaire, son engagement dans le mouvement ouvrier et son ascension au sein de la Confrérie, oui, il y a de quoi dire, mais est-ce que ça apporterait quelque chose qu’on ne sache pas déjà (surtout si on a déjà lu Germinal) ? Restent pas mal de personnages secondaires qui offrent pas mal de possibilités, mais plutôt au format de la nouvelle dont ils seraient le héros. Y a peut-être que Silja qui pourrait se prêter à l’exercice du roman avec éventuellement du consistant à raconter.
Après, on peut toujours imaginer des tas d’histoires, mais ailleurs (chez les elfes ou chez les orcs, deux peuples au sujet desquels il reste beaucoup à découvrir), avec d’autres personnages, voire en d’autres temps (en évitant la fausse bonne idée de la Révolution à Olangar qui risque de faire doublon avec B&B, puisque ce serait la même histoire avec des revendications politiques et démocratiques à la place du socio-économique). La nouvelle s’y prête bien, mieux que le roman.
En attendant, j’ai imaginé le guide touristique. Notez que j’ai rien inventé, c’est plusieurs bouquins que j’ai qui m’y ont fait pensé (un numéro hors série de Casus Belli consacré à la ville de Laelith, Tout Ankh-Morpork de Terry Pratchett et Constantinople by night, supplément du jeu de rôle Vampire: the Dark Ages).
Les grands et petits lieux d’Olangar, son histoire, ses figures marquantes, ses anecdotes, ses bonnes adresses, tout, tout, tout, vous saurez tout sur les moindres détails de la cité.
Après, est-ce que ce genre de bouquin dans le cadre précis de cette série aurait un intérêt littéraire ou éditorial ?…
Toujours est-il qu’il est déjà dans ma bibliothèque.