Clyde Vanilla est une série audio de science-fiction humoristique co-écrite par Antoine Daniel et MetaWendoh qui sortira… quand elle sortira.
Voilà, on a fait le tour de la question. A la prochaine, les gens !
Une série audio, qu’est-ce que ça fout là ?
Si tu n’as pas passé les quinze dernières années en prison ou en exil sur Pluton, tu as sans doute entendu parler du Donjon de Naheulbeuk. Saga MP3 célébrissime, aujourd’hui déclinée sur papier (BD et romans). J’en avais touché un mot là et la chronique d’ensemble des romans devrait voir le jour pour courant juin.
Naheulbeuk est issu du monde du jeu de rôle médiéval-fantastique, qui descend lui-même de la littérature heroic-fantasy. On en dira autant de Reflets d’acide, ou, pour la SF, d’Adoprixtoxis et Les Aventuriers du Survivaure. Tout est lié et pas si éloigné des lettres.
Si tu préfères les arguments plus livresques et plus classiques, il existe un marché du livre audio. Eh oui, tu peux lire un bouquin avec les esgourdes ! C’est pas beau, ça ?
Une série audio a donc sa place sur un blog littéraire. (Sinon, il me reste l’argument comme quoi je parle de ce que je veux, façon inélégante mais efficace de clore le débat.)
Une série audio, why not? Ça nous changera de What the cut (non, je ne ferai pas de vanne du type “Antoine Daniel qui sort quelque chose, ça changera tout court”).
Attention, j’adore What the cut. Oui, vulgarité, vole pas haut, machin tout ça. Alors, déjà, la série n’a jamais prétendu vendre une version YouTube de Sartre ou Proust. De deux, quand tu vois le nombre d’abonnés… Je sais, de Pétain à Loft Story, on peut trouver douze mille exemples de trucs moisis auxquels des gens adhèrent en masse. Mais là, les gens restent présents sur la durée, même avec des sorties espacées et plus rien de nouveau depuis un an et demi sur la chaîne principale. Faut croire qu’il y a une demande profonde (DTC ?) pour ce genre de vidéos. Et puis, la série fonctionne (en termes de rythme et de montage par exemple, j’en connais quelques-uns qui devraient y prendre des leçons). Enfin, je raffole des vannes bite-couilles-nichons, de l’humour absurde et des vidéos improbables qui abondent sur le oueb. Les pierres angulaires de la chaîne. Tu dis prout, je rigole. A mon âge, c’est consternant, mais je ne vais pas me désoler de me marrer, y a bien assez de choses comme ça sur lesquelles chialer à côté.
Pour peu qu’on accroche à ce type d’humour, What the cut était une bonne série, point.
Mais c’est pas plus mal de tourner la page à moins de vouloir tourner en rond. Pas sûr qu’on se serait autant fendu la poire au bout du 175e épisode.
Tels des petits Cthulhu, d’aucuns rêvent et attendent le retour de WTC. Compare le premier épisode et les numéros 34 à 37. Tu sens à peine que le gars Daniel passe à autre chose et que, tôt ou tard, il allait basculer vers le full narratif et le full créatif. Et l’intro du 37, putain ! Tu m’étonnes que derrière, Antoine et Daniel – son symbiote capillaire – aient eu envie de dépasser la review rigolote pour des projets plus amples ou à tout le moins différents. Clyde Vanilla, donc.
Accessoirement, Tonio aura eu le grand mérite de ne pas se foutre de la gueule de ses abonnés (en dépit des insultes qui ouvrent les épisodes, lol, mdr, xptdr, vpc, ππkk). Pas de What the cut merdiques histoire de meubler la chaîne et rentrer du pognon facile. Mine de rien, une remise en question que tous les YouTubers n’auraient pas envisagée.
Et pour les abonnés de la chaîne, un entraînement à la patience qu’aucun maître shaolin ne rivalise avec (une faute de grammaire s’est peut-être glissée dans cette phrase, sauras-tu la trouver). Note que ce ne sera pas la première fois qu’on voit des retours en force après une longue absence. Au hasard, Karim Debbache et ses acolytes avec l’excellente chaîne Chroma.
Gros challenge en perspective pour Clyde Vanilla.
Au-delà des fanboyz dégueulant de superlatifs, des nostalgiques du “c’était mieux avant” et des “va te pendre” des haters (tout ça avant même d’avoir écouté le premier épisode), va falloir que la série (re)conquièrerisse son public (Bescherelle, mon ami…).
Pas facile de passer après un mastard comme Naheulbeuk, il y aura forcément comparaison entre les deux.
Pas évident non plus de débarquer après la grosse vague des sagas audio dont certaines remontent au Néolithique d’Internet (rappelons qu’une année numérique équivaut à 7,34 ans IRL, tout date très vite). Vague qui reste relative en comparaison de l’über-méga-big-bang qu’a connu la vidéo. En clair, la majeure partie des internautes n’est pas/plus habituée aux sagas audio. Sauf peut-être les fossiles qui ont connu le monde d’avant l’informatique, celui des feuilletons radio. Quelque part, c’est assez marrant quand on voit la somme technologique phénoménale déployée autour du ternet et le retour aux sources du premier média virtuel de masse qu’est la radiophonie…
Encore, je ne parle que de la réception, il y aurait matière à vingt-cinq thèses sur les contraintes d’écriture liées au format. L’audio, par définition, tu ne peux t’appuyer ni sur le texte ni sur l’image. Ça semble une grosse lapalissade (et c’en est une), n’empêche ce n’est pas pour rien si on n’a jamais été envahi de séries audio comme on l’est de chaînes YouTube. Pour poser sa webcam et montrer sa bite, y a toujours plus de monde que pour s’aventurer sur des chemins plus difficiles (et je ne parle pas de mon anus).
Clyde Vanilla s’annonce comme une grosse prise de risques. Rien que pour ça elle m’intéresse. Après, à voir si ce sera bon et si j’aimerai. M’enfin, rien que la démarche de renouvellement et le pari qu’elle représente auprès du public, respect. J’ai pas mal parlé de Gillio le caméléon sur ce blog, j’en aurais dit autant d’Alexandre Astier ou du Fossoyeur de Films s’il avait été consacré aux images qui bougent. Des changements de genre, de thème, de format, de narration, de tout ce qu’on veut, et des gus qui ne s’enferment pas dans la facilité du truc qui marche reproduit à l’infini.
Qu’est-ce que j’attends de Clyde Vanilla ? Pas grand-chose vu qu’on ne sait pas grand-chose du projet. Aucun intérêt de se monter des films, sauf à être scénariste et les vendre un prix d’or à Hollywood. On verra quand ça sortira.
Je suppose qu’il y aura des allusions à 2001, l’Odyssée de l’espace (film préféré d’Antoine Daniel, a-t-il dit dans un live), sans doute un parfum de Douglas Adams (LA grosse référence en SF baignée d’humour absurde). On pourrait conjecturer des heures à partir des titres des épisodes. Le premier m’évoque Destins yaourt d’Edika, le septième Rollerball et Cobra (rugball de l’épisode 16, Un sport dangereux). Quant au cinquième… je ne veux pas savoir pourquoi l’image de Louis la Brocante me vient en tête… C’est sans doute lié à ce qui s’est passé une fois au chalet.
Curieux de voir ce que ça va donner… Ouaip, vraiment curieux…
Soirée bondage avec quelques liens :
– Clyde Vanilla sur Facebook et Twitter
– Chaînes d’Antoine Daniel : MrAntoineDaniel (t’aurais pu te fouler pour le nom quand même…) et La Mezzanine
– Histoire de jouer au YouTuber une fois dans ma vie, je termine sur une note d’autopromotion. Tu m’excuseras, c’est pour le travail. A défaut de chaîne, je t’invite à liker la page Un K à part pendant que tu traînes sur Facebook via le premier lien.
Ahah, sympa l’article, par contre faudra pas trop s’attendre aux références que tu as cité :p
Ah… pas de Louis la Brocante, alors. Quelle déception… 😀